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A quoi va ressembler "l'acte 4", la nouvelle manifestation des "gilets jaunes" prévue samedi à Paris ?

Le dispositif de sécurité sera renforcé samedi en France, et plus particulièrement à Paris, pour faire face à d'éventuelles violences en marge de la nouvelle journée de mobilisation des "gilets jaunes", a promis le ministre de l'Intérieur. 

Article rédigé par franceinfo
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Un homme brandit un drapeau français devant l'Arc de triomphe, lors de la manifestation des "gilets jaunes", le 1er décembre 2018. (YANN CASTANIER / HANS LUCAS / AFP)

"J'invite les 'gilets jaunes' raisonnables à se désolidariser des extrêmes et à ne pas se rassembler à Paris samedi prochain", a appelé le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, mardi 4 décembre, lors de son audition devant le Sénat.

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Malgré la suspension de plusieurs mesures fiscales, l'appel à "l'acte 4" de la mobilisation des "gilets jaunes", samedi 8 décembre, est maintenu sur les réseaux sociaux. Franceinfo résume ce que l'on sait de cette nouvelle mobilisation. 

Des appels "à prendre l'Elysée"

Eric Drouet, un des porte-parole du mouvement, influent sur Facebook, appelle à "retourner à Paris" samedi, "près des lieux de pouvoir, les Champs-Elysées, l'Arc de triomphe, Concorde"... "Samedi prochain, c'est fini. Samedi prochain, ce sera l'aboutissement final. Samedi, c'est nous qui aurons la mainmise sur tout ça, c'est nous qui allons décider de ce qui se passera", explique-t-il dans une vidéo. Ce leader du mouvement a de nouveau tenu ces propos mercredi soir, sur BFMTV, provoquant la colère de Marlène Schiappa, qui a jugé cet appel "inacceptable". Le parquet de Paris a d'ailleurs ouvert une enquête des chefs de "provocation à la commission d'un crime ou d'un délit et organisation d'une manifestation illicite".

Dans la foulée, Eric Drouet a expliqué qu'il n'appelait pas à "aller à l'Elysée pour tout casser mais pour se faire entendre". Finalement, sur sa page Facebook, il a lancé, vendredi 7 décembre, un nouveau point de rendez-vous sur le périphérique parisien.

De son côté, LCI a dénombré pas moins de 25 pages Facebook appelant à la mobilisation, dont des rassemblements place de la Bastille, à Bercy, sur les Champs-Elysées ou encore devant les locaux de France Télévisions. 

  (FRANCEINFO)
Lors de son "appel au calme" à l'adresse des "gilets jaunes", lancé mardi soir devant la commission des lois du Sénat, Christophe Castaner a également demandé à ces derniers de ne pas se rassembler "dans les lieux qui ont fait l'objet de ces tensions que nous avons connues" le week-end dernier, faisant notamment référence à la préfecture du Puy-en-Velay, en partie incendiée par des manifestants. 

L'Elysée craint de son côté "une très grande violence" avec "un noyau dur de plusieurs milliers de personnes" qui viendraient à Paris "pour casser et pour tuer", a fait savoir la présidence de la République. Au ministère de l'Intérieur, on confie être "préoccupé". "Les menaces sont prises au sérieux" par la place Beauvau. 

De leur côté, les syndicats ont lancé un appel au calme. Jeudi matin, les dirigeants de la CFDT, de la CGT, de FO, de la CFE-CGC, de la CFTC, de l'Unsa et de la FSU se sont rassemblés pour évoquer la "situation actuelle". A l'issue de leur réunion, ils ont dénoncé "toute forme de violences dans l'expression de revendications", tout en jugeant que la colère des "gilets jaunes" est "légitime". Les organisations syndicales ont aussi appelé "le gouvernement à garantir enfin de réelles négociations".

Pas de "fan zone" et des renforts policiers

Samedi 8 décembre, le dispositif de sécurité est totalement revu par rapport à l'acte III. En effet, le 1er décembre, le dispositif de maintien de l'ordre adopté était un périmètre hermétique autour des Champs-Elysées, lesquels étaient accessibles uniquement sur contrôle d'identité et après fouille des sacs. Mais ce dispositif a fait l'objet de vives critiques en raison des nombreuses violences qui ont émaillé la journée à proximité de cette zone, notamment place de l'Etoile puis dans d'autres quartiers de l'ouest parisien.

Nous proposons que nous allions plus vite au contact des casseurs et des pilleurs pour permettre à ceux qui manifestent pacifiquement de pouvoir porter leurs revendications.

Jean-Claude Delage, secrétaire général d'Alliance

à l'AFP

"Si l'on vient pour subir comme les deux autres samedis, cela ne sert à rien", fait valoir Johann Cavallero, du syndicat Alliance. "Il faut qu'on laisse les compagnies de CRS manœuvrer. Jusqu'à présent, on les a cantonnées à garder des bâtiments administratifs, comme l'Elysée, l'Assemblée nationale, l'Hôtel de ville... On demande que cette mission soit confiée aux militaires", explique-t-il. Ou "à la garde nationale", souligne Jean-Marc Bailleul, président du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI). "On a aussi demandé les blindés légers de la gendarmerie pour être plus efficaces par rapport aux barricades", ajoute-t-il. 

Pour anticiper les positions des casseurs, les policiers utiliseront les remontées du renseignement, les réseaux sociaux et la vidéosurveillance. "C'est inédit car c'est complètement anarchique. On ne sait pas combien de personnes seront mobilisées", poursuit Jean-Marc Bailleul. Selon nos informations, le préfet de police de Paris a convoqué une réunion d'information vendredi, à 15 heures. 

Alors que 65 000 membres des forces de l'ordre, dont 5 000 à Paris, avaient été déployés samedi 1er décembre, Édouard Philippe a déclaré jeudi que plus de 89 000 membres des forces de l'ordre seraient mobilisés ce samedi en France, dont 8 000 dans la capitale. Une "douzaine de véhicules blindés" à roues de la gendarmerie (VBRG) seront par ailleurs utilisés à Paris, a ajouté le chef du gouvernement. 

Les groupes extrémistes font l'analyse des informations données dans les médias, donc autant ne pas trop en dire.

Philippe Capon, secrétaire général de l'Unsa-Police

à franceinfo

"L'objectif, c'est la surprise. Sinon, les professionnels du désordre public s'adaptent. Mais pour éviter des blessés graves chez nous, il faudra des effectifs supplémentaires", précise le syndicaliste, contacté par franceinfo. 

Une demande visiblement entendue : 100% des personnels policiers vont être rappelés pour ce week-end, a appris franceinfo d'une source policière, jeudi. Cela comprend police secours, les brigades territoriales, la BAC ou encore les compagnies de sécurisation et d’intervention. Mais lors de sa conférence de presse vendredi, Christophe Castaner n'a pas voulu détailler le dispositif dans le détail pour "des raisons de sécurité".

La ville de Paris à l'arrêt

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a annoncé que la ville allait activer une cellule de crise en lien avec la préfecture. Quelque 300 agents municipaux ont enlevé durant la semaine "2 000 éléments de mobilier urbain dans les zones à risque", dont des centaines de grilles d'arbres, de barrières de chantiers et plus de 200 colonnes de verre, pour éviter leur utilisation "comme arme par des casseurs", a-t-elle énuméré.

La préfecture de police de Paris appelle les commerçants de la capitale à "protéger" leurs "biens" en vue de la manifestation des "gilets jaunes". Elle a par ailleurs invité les commerçants du secteur des Champs-Elysées à rester fermés. "Nous vous demandons instamment de prendre toutes les mesures propres à protéger votre établissement ou institution contre d'éventuelles dégradations en sensibilisant les personnels, en procédant au retrait de tout objet pouvant être utilisé comme arme par destination ou en veillant à ne laisser aucun véhicule stationné sur les endroits sensibles", ajoute-t-elle dans un e-mail que France Bleu Paris a pu consulter.

Les Galeries Lafayette Hausmann, Montparnasse et le BHV seront fermés samedi. Ces trois magasins ouvriront aux heures classiques dimanche, a confirmé une porte-parole du groupe Lafayette à franceinfo.

Par ailleurs, des secteurs sont particulièrement sensibles : ceux des Champs-Elysées, du Trocadéro, de la Bastille, de République, de Denfert-Rochereau, de l'Assemblée nationale et de Montparnasse. Les entreprises y sont invitées à enlever tous les engins de chantier, les barrières, à démonter les échafaudages, à retirer les bennes de gravats et reboucher les trous et tranchées sur ces chantiers, relaie Le Parisien.

De nombreux lieux culturels vont garder portes closes. C'est le cas du Louvre, du musée d’Orsay, des deux opéras, de l’Orangerie, du Grand Palais, du musée de l’Homme, du Palais de la découverte et du musée des Arts et Métiers. La tour Eiffel, les Catacombes et l'Arc de triomphe seront aussi fermés, tout comme les musées municipaux. 

La municipalité a également décidé la fermeture préventive, pour la journée, de centres culturels et sociaux, de gymnases, de stades, de 158 stations Vélib et l'annulation de neuf marchés alimentaires. Les maires d'arrondissement pourront décider de fermetures préventives complémentaires, a précisé Anne Hidalgo.

La Maison de la radio annonce aussi qu'elle sera fermée au public de 8 heures samedi à 6 heures le lendemain. Résultat : tous les concerts, ateliers et visites en public sont annulés. Seront également fermées la salle Pleyel et la Philharmonie de Paris, qui suspend ses concerts et expositions. De même, l'AccorHotels Arena a tweeté qu'il serait fermé et que le concert de BigFlo et Oli était reporté au lendemain.

Les transports seront eux aussi perturbés. Sur le RER E, les gares Magenta et Haussmann-Saint-Lazare seront fermées, les trains seront donc terminus à gare de l’Est, indique Transilien. Les stations du RER C dans Paris seront fermées, tout comme certaines stations de métro. Des lignes de bus seront déviées. Le site de la RATP fait le point.

Tous les établissements scolaires parisiens (écoles, collèges et lycées) qui devaient être ouverts ce samedi seront fermés pour des raisons de sécurité, indiquent à franceinfo l'académie de Paris et le ministère de l'Education.

Des événements annulés ou adaptés

Plusieurs événements prévus samedi ou ce week-end ont été annulés ou ont dû être adaptés. La SPA a ainsi annulé son Noël des animaux prévu samedi place de la République, à Paris. Six matchs de Ligue 1 (Nice-Monaco, vendredi, Paris-Montpellier, Angers-Bordeaux et Toulouse-Lyon samedi, et Saint-Etienne-Marseille dimanche, Nîmes-Nantes) sont reportés. Le Téléthon, qui devait être organisé à partir de vendredi soir sur la place de la Concorde, à Paris, est délocalisé dans les locaux de France Télévisions. "L'annulation d'évènements permet de redéployer les forces policières qui devaient les surveiller ailleurs sur le territoire", explique une source policière à franceinfo. 

>> Matchs de foot, Téléthon, marche pour le climat... Ces événements annulés (ou menacés) par la mobilisation des "gilets jaunes"

Par ailleurs, plus de 60 associations ont appelé à rejoindre la Marche mondiale pour le climat samedi. A travers toute la France, 120 cortèges sont organisés, y compris à Paris. Lundi soir, Christophe Castaner avait invité les initiateurs de la marche à "ne pas [la] maintenir". "On prend plus de risques à ne pas manifester", a répondu mercredi Pauline Boyer, du mouvement Alternatiba, lors d'une conférence de presse.

A l'issue d'une réunion en préfecture jeudi à Paris, les organisateurs, parmi lesquels Alternatiba et les Amis de la Terre, ont annoncé une modification du parcours parisien. Initialement prévue entre le Trocadéro et le Champ-de-Mars, la marche partira finalement à 14 heures de la place de la Nation et se terminera par un rassemblement place de la République.

Quatre articles à lire sur le mouvement
des "gilets jaunes"

• Violences, dégradations... Peut-on parler d'une "radicalisation" du mouvement des "gilets jaunes" ? >> à lire ici

• "On sent un climat de tension" : les agents de sécurité privée sursollicités face aux manifestations des "gilets jaunes" >> à lire ici

• "Gilets jaunes" : que font les policiers en civil au milieu des manifestants ?  >> à lire ici

• "Chaos total", "remplacement des peuples" : trois questions sur le pacte de Marrakech, qui affole certains "gilets jaunes" >> à lire ici

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