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"On sent un climat de tension" : les agents de sécurité privée sursollicités face aux manifestations des "gilets jaunes"

Les effectifs d'agents de sécurité vont être renforcés samedi aux abords des commerces, hôtels et autres lieux d'accueil du public pour éviter la casse et les pillages. 

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Un vigile à l'entrée d'un grand magasin à Paris le 8 novembre 2018. (MAXPPP)

Leur présence est essentiellement dissuasive. Les agents de sécurité privée seront sur le pont, samedi 8 décembre, pour la quatrième journée de mobilisation des "gilets jaunes". "Dans les lieux où il peut y avoir des casseurs, des troubles et des problèmes, un certain nombre de clients ont demandé des effectifs supplémentaires", explique à franceinfo Cédric Paulin, délégué général du Snes, le Syndicat national des entreprises de sécurité privée. Objectif : protéger les commerces, les hôtels et autres lieux d'accueil du public de la casse et des pillages. 

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La zone parisienne est particulièrement concernée, notamment "les Champs-Elysées et les Grands boulevards", souligne Cédric Paulin. "Soit les clients ne vont pas ouvrir du tout et barricader leurs vitrines, soit ils feront appel à des agents supplémentaires", ajoute-t-il.

"La fermeture des établissements n'évite pas les dégradations et les pillages, donc certains commerçants font tout de même surveiller leur enseigne", observe Randa Stephan, directrice d'Elysées Sécurité privée. Cette société a "triplé" ses effectifs par rapport au premier samedi. "Là où on mettait deux agents, on en met six", déclare la patronne.

De 8 heures à minuit

L'entreprise couvre la zone touchée par les violences du samedi 1er décembre, soit le 8e arrondissement, l'avenue de Friedland, des Ternes, de la Grande-Armée...  

Depuis le mouvement des 'gilets jaunes', on a pris quelques CDD en plus et nos agents font des heures supplémentaires.

Randa Stephan, directrice d'Elysées Sécurité privée

à franceinfo

Samedi dernier, "certaines voitures, stationnées dans le quartier, ont été carbonisées", regrette-t-elle. Mais il n'y a pas eu de blessés. Ses agents, mobiles ou statiques, font des rotations de 8 heures à minuit et "travaillent en étroite collaboration avec les forces de l'ordre"Mais leur arme principale reste le dialogue. 

175 heures de formation

Les 170 000 agents de sécurité privée en France ne sont pas habilités à faire du maintien de l'ordre et ne sont pas armés. Ils portent rarement un gilet pare-balles, sauf lorsqu'ils sécurisent un site sensible. "Ils font du contrôle d'accès, du filtrage, mais ils restent dans leurs prérogatives. Leur seul moyen d'action, c'est de répliquer de manière proportionnée, explique Cédric Paulin. Ils reçoivent au minimum 175 heures de formation pour comprendre un conflit, savoir comment intervenir, s'interposer sans avoir à se battre." 

Ce n'est pas en montrant leurs muscles qu'ils vont y arriver. Ils ont une capacité à rétablir le calme, faire baisser la tension.

Cédric Paulin, délégué général du Syndicat national des entreprises de sécurité privée

à franceinfo

Pas toujours simple. Deux agents de la société Triomphe Sécurité ont été blessés en Normandie samedi, comme le rapporte leur employeur dans Le Parisien. Pour éviter d'être ciblés par des casseurs, les agents embauchés par Actor Sécurité à Boulogne ont circulé en scooter banalisé, avec un gilet jaune dans le coffre, au cas où, rapporte le directeur de l'entreprise dans les colonnes du quotidien. "Il n'y a pas de remontée de chiffres sur les blessés au niveau national", indique Cédric Paulin. 

Même dans des zones plus calmes, la demande de vigiles croît."On n'est pas dans des secteurs de manifestation mais les demandes des clients explosent, on a un appel par jour pour renforcer les équipes", souligne Nicolas Prêtre, qui dirige l'agence Sécurité Gestion conseil en Ile-de-France. Et d'ajouter : "On sent un climat de tension où les gens ont besoin de se sentir sécurisés."

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