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Réforme des retraites : grève, situation des femmes, carrières longues… Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Elisabeth Borne sur France 2

Pendant plus d'une demi-heure, la Première ministre, invitée de "L'Evénement", a défendu une réforme qu'elle juge "indispensable".
Article rédigé par franceinfo
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Elisabeth Borne, invitée de "L'Evénement" sur France 2, le 2 février 2023. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Comment le gouvernement compte-t-il convaincre les Français de travailler jusqu'à 64 ans ? A quatre jours de l'examen de la réforme des retraites en séance publique à l'Assemblée nationale, Elisabeth Borne était l'invitée, jeudi 2 février, de l'émission politique de France 2, "L'Evénement".

>> Retraites : suivez en direct le débat entre Gabriel Attal, Clémentine Autain, Jordan Bardella et Eric Ciotti sur France 2

Carrières longues, emploi des seniors, mobilisation contre le texte… On vous résume les principales déclarations de la Première ministre.

Sur la mobilisation sociale, Elisabeth Borne dit entendre "les inquiétudes"

Deux jours après une forte mobilisation dans les rues, la Première ministre a réaffirmé que cette réforme était "indispensable". "J'entends les réticences, les inquiétudes, les questions", a déclaré la Première ministre. "Demander aux Français de travailler plus longtemps, c'est un effort", a-t-elle concédé, "mais si on ne fait pas cette réforme, c'est notre système de répartition qui ne tiendra pas"

"Je mesure l’effort que ça représente pour beaucoup de français"

Elisabeth Borne s'est également adressée aux oppositions, alors que les députés ne sont pas parvenus à examiner l'ensemble du texte en commission des Affaires sociales. "Tout le monde n'est pas dans le débat. (...) Quand on a des invectives en commission, des milliers d'amendements qui sont déposés, on n'est pas en train de construire un projet ni de dire aux Français ce qu'on leur propose comme alternative", a estimé Elisabeth Borne.

 "Les dépenses n'explosent pas, mais les recettes baissent"

Elisabeth Borne a défendu la réforme en évoquant les déficits qui vont "s'accumuler", "année après année". La cheffe du gouvernement a développé un argument démographique : "s'il y a moins d'actifs" et que l'âge de départ ne recule pas, "il y a moins d'argent. Donc soit on baisse les pensions, soit on augmente les cotisations, et là on casse toute la dynamique de création d'emplois", assure la Première ministre.

Pour rappel, le président du Conseil d'orientation des retraites, Pierre-Louis Bras, avait souligné le 19 janvier devant les députés de l'Assemblée nationale que les dépenses de retraites "ne dérapaient pas" et étaient "relativement maîtrisée""Dire toute la vérité aux Français, c'est dire que les dépenses n'explosent pas, mais les recettes baissent", rétorque Elisabeth Borne.

"Il n’y a aucun scénario qui prévoir un retour à l'équilibre d'ici 2030"

La réforme protège "les femmes qui ont commencé à travailler tôt"

La Première ministre a également été interrogée sur les conséquences de son projet de loi pour les femmes. Avec la réforme, les femmes nées en 1972 travailleront neuf mois supplémentaires en moyenne contre cinq mois supplémentaires pour les hommes. "Cette réforme protège les femmes qui ont commencé à travailler tôt, les femmes qui sont dans des métiers difficiles, les femmes qui ont dû interrompre leur carrière", a défendu en retour Elisabeth Borne, tout en reconnaissant à demi-mot que celles qui ne sont "pas abimées par le travail" devront travailler plus longtemps.

La Première ministre a notamment été interrogée sur le témoignage d'une monitrice d'auto-école à la carrière hachée. "Je pense qu'on peut dire qu'on a un système protecteur, puisque les trois ans de congé parental et les deux années de cotisation par enfant font qu'elle a sans doute 10-15 ans qui sont pris en compte dans le calcul de sa retraite", assure-t-elle.

"Je peux vous assurer que cette réforme protège les femmes qui ont commencé à travailler tôt"

Des "sanctions" contre les entreprises qui ont de "mauvaises pratiques" sur l'emploi des seniors

"Il faut que les représentations" sur les seniors évoluent, a admis la Première ministre. Actuellement, deux tiers des personnes âgées de 60 à 64 ans ne travaillent pas. Le gouvernement veut instaurer un index seniors qui devra être publié par les grandes entreprises. Des sanctions financières pourront être infligées aux contrevenants en cas de non-publication. 

Interrogée sur ce sujet, Elisabeth Borne s'est montrée ouverte rendre le dispositif encore plus contraignant, pour que les entreprises ayant un mauvais index séniors aient obligation de mettre en place un "plan d'action" sous peine de sanctions. La Première ministre est également "favorable" à l'extension de l'"index seniors" aux entreprises à partir de 50 salariés, contre 300 dans le texte actuel.

"Cet index va mettre en avant les entreprises qui ont un bon et un mauavais comportement à l'égard des séniors"

Elisabeth Borne promet un "débat" sur la durée de cotisation des carrières longues

Elisabeth Borne a été interrogée sur les actifs en carrière longue qui devront cotiser 44 ans pour partir en retraite, contre 43 ans pour les autres travailleurs. "On aura ce débat. (...) On peut toujours travailler sur le système", assure Elisabeth Borne, qui renvoie vers le débat parlementaire.

La Première ministre a aussi été questionnée sur la prise en compte de l'apprentissage pour partir en retraite dans le cadre d'une carrière longue. Actuellement, les trimestres des périodes d'apprentissage effectuées entre 1972 et 2013 doivent être rachetés. Or, les trimestres rachetés n'ouvrent pas droit à un départ anticipé dans le cadre d'une carrière longue. La situation va-t-elle évoluer avec la réforme ? "Je ne sais pas vous dire", a reconnu Elisabeth Borne. Le gouvernement vient pourtant de déposer un amendement en ce sens.

La Première ministre "n'envisage pas l'hypothèse" d'un recours au 49.3 

Elisabeth Borne a enfin évoqué le débat parlementaire, alors que l'examen du texte en séance publique s'ouvrira lundi à l'Assemblée nationale. "Je cherche des compromis sur ce texte comme sur tous ceux que je présente au Parlement", a avancé la Première ministre. Elle a également assuré qu'elle "n'envisag[ait] pas l'hypothèse" d'un recours à l'article 49.3 de la Constitution.

"On souhaite rassembler au-delà de la majorité puisque nous avons une majorité relative. Et donc on va discuter avec tous ceux qui sont prêts à soutenir une réforme des retraites. Et je pense que c'est le cas des Républicains."

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