Pourquoi vous recevrez moins de prospectus dans votre boîte aux lettres en 2023
Ils sont détestés par les uns et consultés avec attention par les autres. Les prospectus, aussi appelés imprimés publicitaires sans adresse (IPSA), représentaient 670 500 tonnes de papier en 2020 en France, selon l'Agence de la transition écologique (Ademe). Et ils pourraient bien se faire plus rares dans vos boîtes aux lettres en 2023. Franceinfo vous explique pourquoi.
Parce que la grande distribution arrête d'en envoyer
Michel-Edouard Leclerc, le patron du groupe E. Leclerc, a annoncé dimanche 11 décembre que l'enseigne arrêterait d'envoyer des prospectus papier d'ici septembre 2023. "Leclerc distribue l'équivalent de 50 000 tonnes de prospectus papier. C'est l'équivalent de huit fois le poids de la tour Eiffel", a-t-il justifié.
L'enseigne d'hypermarchés Cora avait aussi annoncé, quelques jours plus tôt, "la fin de l'impression et de la distribution de ses prospectus promotionnels" à partir du 10 janvier prochain. "Cora avait distribué 260 millions de prospectus en 2021, puis 170 millions en 2022, soit encore 15 500 tonnes de papier. En 2023, ce sera zéro", a promis Ludovic Châtelais, son directeur général, sur le site spécialisé Linéaires.com.
De son côté, Carrefour a fait le choix d'une diminution progressive. Le groupe ne distribue déjà plus son catalogue papier dans les boîtes aux lettres parisiennes, lyonnaises et villeurbannaises depuis janvier 2022. Lors de la présentation de son plan stratégique, en novembre, le PDG du groupe, Alexandre Bompard, avait annoncé que 80% de ses catalogues en France seront uniquement accessibles en ligne en 2024, remarque Le Parisien.
D'autres mesures du même acabit sont-elles à venir chez les acteurs de la grande distribution ? C'est en tout cas ce qu'assure Michel-Edouard Leclerc, interviewé par Le Parisien. "Je fais le pari que cette décision aura un effet d'entraînement sur tout le secteur : une fois que Leclerc aura franchi le pas, les autres distributeurs, qui s'interrogeaient encore, suivront", a-t-il assuré.
Parce que cette publicité coûte de plus en plus cher
Plusieurs raisons sont évoquées par les entreprises de la grande distribution pour justifier cette décision. La cause environnementale figure en première ligne : le gaspillage engendré par ces campagnes publicitaires massives. "Il y a peu de gens qui expriment leur volonté de recevoir des prospectus papier et l'Ademe constate que 40% des prospectus finissent à la poubelle" à peine réceptionnés, défend ainsi Michel-Edouard Leclerc sur franceinfo.
L'augmentation du coût du papier, "qui est passé de 400 euros à 1 200 euros la tonne en deux ans" a encore accéléré cette réflexion, ajoute le directeur général de Cora sur Linéaires.com. "On s'interroge sur l'investissement que ça représente", reconnaît le patron du groupe E. Leclerc, sur franceinfo, disant vouloir "économiser à la fois en terme financier mais aussi dans le bilan carbone".
Cette suppression progressive du catalogue papier ne signifie pas pour autant que les promotions vont disparaître. Les grands groupes se dirigent à présent vers une communication en magasin et en ligne, puisqu'il sera toujours possible de consulter les catalogues sur internet. Une manière pour les entreprises de s'assurer d'un meilleur ciblage des clients.
Parce qu'un dispositif les interdisant est expérimenté
Depuis le 1er septembre, onze villes, parmi lesquelles Grenoble, Nancy ou encore Bordeaux, ont mis en place l'interdiction des prospectus dans les boîtes aux lettres. D'après le ministère de l'Environnement, la métropole de Troyes, la communauté urbaine de Dunkerque et le syndicat de gestion des déchets de Corse devraient suivre à partir de février 2023. Avec cette mesure, qui découle de la loi Climat de juillet 2021, ces brochures commerciales ne sont plus distribuées, sauf si vous en faites la demande.
Pour qu'un prospectus puisse être glissé dans une boîte aux lettres, il faut que celle-ci soit en effet affublée d'un autocollant "Oui pub". Les autocollants "Stop pub" n'ont ainsi plus d'utilité. Un bilan de cette expérimentation sera réalisé trois ans après son lancement, "sous la forme d'un rapport présenté au Parlement", précise encore le ministère. Il permettra de décider si le dispositif "Oui pub" doit ou non être généralisé dans tout le pays.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.