Suppression des catalogues papier à Paris, Lyon et Villeurbanne : Carrefour "se met dans le sens de l'histoire", selon un spécialiste
L'enseigne de grande distribution ne va plus distribuer son catalogue papier dans les boîtes aux lettres à Paris, Lyon et Villeurbanne à partir de lundi.
Carrefour est en train de "se désintoxiquer des prospectus" et se faisant il "se met dans le sens de l'histoire", estime le journaliste spécialiste de la grande distribution, auteur du blog "Le Web grande conso", Olivier Dauvers lundi 17 janvier sur franceinfo, alors que le groupe Carrefour ne va plus distribuer son catalogue papier dans les boîtes aux lettres parisiennes, lyonnaises et villeurbannaises à partir de ce jour.
Pourquoi le groupe Carrefour a-t-il décidé de ne plus distribuer son catalogue papier à Paris, Lyon et Villeurbanne ?
Quand Carrefour continue de se désintoxiquer des prospectus - parce qu'il a commencé l'année dernière - ce qu'il fait, c'est qu'il se met dans le sens de l'histoire. Tout le monde dans la distribution - alors que ce sont de très grands utilisateurs - sait depuis longtemps qu'il faudra trouver une issue et une fin de l'histoire au prospectus. Chacun cherche à sa manière, avec ses propres méthodes, à se désintoxiquer, parce que si on se projette à cinq ans d'ici ou à dix ans d'ici, personne n'imagine un instant continuer à vivre avec des kilos de prospectus dans nos boîtes aux lettres. C'est un pas de plus dans une direction qui est écrite.
Carrefour ne prend-il pas un risque de perdre une partie de sa clientèle ?
Il prend un risque mais mesuré. Evidemment, il y a du business derrière, il y a des ventes, il y a du chiffre d'affaires. Il faut savoir, par exemple, qu'en grande distribution, les promotions pèsent pour 20% du chiffre d'affaires. Si vous prenez un risque sur 20% de votre activité, vous essayez de le mesurer au maximum et justement de le limiter. C'est pour cela que Carrefour le fait à Paris, à Lyon et à Villeurbanne, parce que l'expérience qu'ils ont déjà menée, nous montre que les urbains sont plutôt moins réceptifs aux prospectus et ont plutôt plus envie que les autres de s'en passer. En débranchant sur Paris et Lyon, on le fait là où c'est le plus facile à faire. Ça sera plus compliqué d'aller le faire dans des zones rurales ou semi-rurales parce qu'il y a un attachement au prospectus qui fait encore déplacer les foules.
S'agit-il aussi de faire des économies alors que le prix du papier augmente ?
Toutes les enseignes cherchent aujourd'hui à diminuer les coûts sur le prospectus, c'est pour ça qu'on a à la fois moins de pages imprimées, plus de produits dans chacune des pages et dans certains cas tout simplement moins de prospectus diffusés. Mais il faut savoir qu'à court terme, toutes les enseignes qui ont essayé de faire baisser le niveau de prospectus diffusés ont aussitôt réinvesti les économies réalisées en publicité digitale parce qu'elles ont tellement la trouille que les clients ne s'intéressent plus à elles parce qu'elles ne leur envoient plus de prospectus. Elles en sont presque à surinvestir sur des alternatives digitales. Mais à terme, évidemment, moins de prospectus, c'est plus d'écologie et plus d'économie. Et justement, quand on arrive à conjuguer les deux, c'est en général là où c'est le plus efficace.
La publicité digitale a l'avantage de pouvoir mieux cibler les besoins des clients, mais il faut avoir un smartphone et savoir s'en servir. N'est-ce pas une perte de clientèle ?
Il y a incontestablement un effet générationnel. C'est pour ça aussi que ça prend du temps. C'est aussi pour ça que ça fait longtemps qu'on le sait [qu'il va falloir sortir du papier], mais qu'on n'y est pas encore tout simplement parce qu'il faut qu'on s'acculture les uns et les autres à la consultation sur le web ou sur des applications, c'est moins pratique. Le prospectus, on est en train de le débrancher mais pour autant il va continuer à vivre encore longtemps et ce n'est pas incompatible. Simplement, il va régresser lentement mais sûrement.
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