Le désamour entre le patronat et le gouvernement en quatre actes
Les syndicats patronaux mobilisent leurs troupes contre plusieurs mesures gouvernementales, cette semaine.
Fini la lune de miel entre gouvernement et patronat ? Le 27 août, l'intervention de Manuel Valls était saluée au congrès du Medef par une "standing ovation". Mais depuis l'été et avec la montée du chômage, l'atmosphère s'est refroidie.
Au cours d'une semaine marquée par la mobilisation des syndicats patronaux contre plusieurs réformes de l'exécutif, le Premier ministre a sèchement rappelé au patronat que bénéficier de plus de 40 milliards d'euros d'allègements fiscaux et sociaux implique des "responsabilités". Retour en quatre actes sur ce désamour affiché.
Acte 1. Le patronat se mobilise
Cadenas, chaînes et sifflets. Lundi 1er décembre, les petits patrons sortent les accessoires pour battre le pavé.
Ils défilent contre plusieurs mesures de l'exécutif, notamment le compte pénibilité, qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015, et qu'ils jugent "inapplicable".
Le président du Medef, Pierre Gattaz, évoque sur Europe 1 le "ras-le-bol des promesses non tenues du gouvernement, qui continue d'augmenter les impôts alors qu'il nous parle d'une baisse de 40 milliards d'euros. Et qui continue, malgré les discours pro-entreprises de Manuel Valls, d'imposer des mesures concrètes opposées à ses discours : la pénibilité, la loi Hamon sur la cession des entreprises, et le temps partiel à 24 heures minimum". La mobilisation doit durer toute la semaine, le bras de fer s'engage.
Acte 2. Valls hausse le ton
Réagissant aux propos offensifs de Pierre Gattaz, le Premier ministre Manuel Valls dénonce, mardi 2 décembre, devant l'Assemblée nationale, les provocations de certains "dirigeants du patronat".
Il rappelle au passage les sommes massives transférées des entreprises au budget de l'Etat, dans le cadre du pacte de responsabilité. "Quand la nation, à travers le Parlement, consent et va consentir un effort de 40 milliards d'euros pour les entreprises, pour la compétitivité, pour baisser la fiscalité et pour baisser les charges, chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités !" déclare le chef du gouvernement.
Acte 3. Les patrons sortent les sifflets à Lyon
La mobilisation patronale atteint son apogée mercredi 3 décembre, avec le meeting unitaire de la CGPME, du Medef et de l'Union professionnelle des artisans (UPA). Après les cartons jaunes brandis en octobre 2013, la salle utilise des sifflets pour conspuer la politique économique du gouvernement.
Pierre Gattaz assure néanmoins en conférence de presse qu'il s'agit d'une "mobilisation qu'on a voulue pédagogique, de terrain, républicaine, apolitique. Ce n'est pas une mobilisation contre le gouvernement, c'est une mobilisation pour l'emploi et la croissance". Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, lui, demande pour sa part la suspension "immédiate" du compte pénibilité, "inapplicable" et "irréaliste". La CGPME estime que le Pacte de responsabilité ne compense pas "l'accumulation de charges, de contraintes, de taxes et de sanctions"
Acte 4. Macron appelle les patrons à négocier les accords de branche
Du côté du gouvernement, on considère que les patrons ne jouent pas le jeu prévu par le pacte de responsabilité et n'aident pas à "créer les conditions de la création d'emplois".
Jeudi 4 décembre, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, les somme de "prendre leurs responsabilités et de mener leurs négociations" sur les accords de branche. C'est "leur job, leur rôle". Une façon de répéter, un ton en-dessous, ses déclarations de mardi visant Pierre Gattaz : "Aujourd'hui, il y a très peu d'accords de branches qui sont signés. C'est un échec et aujourd'hui, c'est aussi le sien."
Seuls deux accords de branches, qui portent sur l'emploi, ont été signés pour le moment. Début novembre, le ministre du Travail, François Rebsamen, avait souligné que la moitié des 50 principales branches professionnelles n'avaient même pas encore planifié de négociations. Autant dire que celles-ci avancent trop doucement aux yeux du gouvernement, alors que la France comptait plus de 5 millions de chômeurs fin octobre.
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