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Les patrons sont dans la rue, mais pour quelles raisons ?

Lundi 1er décembre marque le premier jour d'une semaine de mobilisation du patronat contre la politique économique de l'exécutif. Retour sur quatre sujets qui fâchent petits et grands patrons.

Article rédigé par franceinfo
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Le président du Medef, Pierre Gattaz, le 18 novembre 2014 à Paris. (ERIC PIERMONT / AFP)

Les patrons sont dans la rue ! Entre 1 000 (selon la police) et 6 000 (selon les organisateurs) chefs de petites entreprises ont battu le pavé parisien, lundi 1er décembre, contre les réformes gouvernementales.

Le mouvement de protestation doit durer toute la semaine. Point d'orgue de cette mobilisation : un meeting unitaire réunira mercredi le Medef, la CGPME et l'Union des professions artisanales à Lyon (Rhône). Tous dénoncent "une politique qui a progressivement étouffé les entreprises de toutes tailles par une accumulation de charges, de contraintes, de taxes et de sanctions". Francetv info liste les principaux points sur lesquels la colère des patrons se cristallise.

Le compte pénibilité

Promesse du candidat Hollande, le compte pénibilité devient un droit effectif dès le premier janvier 2015, rappelle le site du gouvernement, pour "les facteurs de pénibilité les plus simples à identifier", comme le travail de nuit, les horaires alternants, le travail répétitif et le milieu hyperbare. Un million de salariés, dès 2015, pourraient partir à la retraite à 60 ans grâce à cette mesure.

Mais celle-ci suscite la colère des petits patrons. A l'image de Frédéric Corre, garagiste à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) et cité par Reuters, ils estiment que cette mesure va "contraindre énormément" les chefs d'entreprises. "Ce dispositif, tel qu'il est mis en place, est inapplicable dans les petites boîtes. On n'aura jamais la possibilité de vérifier tous les critères" de pénibilité, a-t-il averti, disant redouter les amendes. "Avec le pacte de responsabilité, effectivement, on va avoir des allègements de charges, mais ce qu'on aura d'un côté, on le perdra de l'autre", a expliqué cet entrepreneur.

La fiscalité

Le gouvernement s'est engagé, au travers de son pacte de responsabilité, à diminuer de 40 milliards d'euros les impôts et les charges des entreprises, en contrepartie d'embauches et d'investissements. Ce transfert est insuffisant aux yeux de Pierre Gattaz.

"Nous sommes asphyxiés par les charges", a déclaré le président du Medef lundi sur Europe 1, chiffrant la hausse de la fiscalité des entreprises à quelque 42 milliards d'euros sur la période 2010-2015, dont "21 milliards de la responsabilité de Sarkozy-Fillon et 21 milliards de la responsabilité de François Hollande et de ses gouvernements".

Les obligations sur le temps partiel 

"Il y a une exaspération des chefs d'entreprise et une souffrance face à une situation économique très difficile", souligne de son côté le secrétaire général de la CGPME, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson. Outre "le compte pénibilité", il s'en prend à une autre mesure gouvernementale : "l'interdiction d'embaucher quelqu'un moins de 24 heures par semaine".

"Il faut revoir ces dispositifs, les surseoir, voire les supprimer", a dit Pierre Gattaz sur Europe 1, en les jugeant "antiéconomiques, coûteux et complexes à mettre en œuvre".

Depuis le 1er juillet, obligation est faite aux entreprises de recruter leurs salariés à temps partiel pour une durée supérieure ou égale aux 24 heures, avec l'idée de limiter les petits temps partiels qui n'assurent pas un salaire correct. Comme le note Le Figaro, "il existe déjà des 'atténuateurs' à la règle des 24 heures", mais le patronat en exige davantage. 

 L'obligation d'information en cas de cession

C'est un autre point de crispation entre patronat et gouvernement. La loi Hamon oblige les chefs d'entreprise, de moins de 250 salariés, à révéler deux mois à l'avance à l'ensemble des salariés tout projet de vente de l'entreprise. L'objectif est de favoriser des projets de reprise par les salariés eux-mêmes.

Les patrons réclament depuis des mois l'abrogation de cette disposition. "Le texte est inapplicable surtout pour les entreprises de moins 50 salariés, soit plus de 85 % des entrepreneurs", assure au Figaro Thibault Lanxade, le président du pôle entrepreneuriat et croissance du Medef. Les chefs d'entreprise craignent que la révélation anticipée d'un projet de vente revienne à en informer la concurrence "rendant la conclusion d'une telle opération très incertaine", selon le quotidien.

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