Augmentation des fruits et légumes de 16% en un an : "Il va falloir que les autorités publiques mettent le nez dans la marge que se font les distributeurs", alerte Familles Rurales
"Il va falloir que les autorités publiques mettent le nez dans la marge que se font les distributeurs sur les fruits et légumes", alerte mercredi 26 juillet Nadia Ziane, directrice du département consommation de Familles Rurales. L'association dévoile son observatoire des prix des fruits et légumes. Il en ressort que les fruits et légumes "ont augmenté de 16%" en un an, entre juin 2022 et juin 2023.
L'inflation peut nuire à la santé des Français quand l'augmentation des prix des produits les plus sains ne permet pas à ceux en dessous du niveau du seuil de pauvreté de manger cinq fruits et légumes par jour et par personne comme préconisé par les pouvoirs publics, estime Familles Rurales. "On est particulièrement inquiets" de cette situation, réagit Nadia Ziane.
franceinfo : Combien représente l'augmentation des fruits et légumes en un an ?
Nadia Ziane : Cela représente 16% pour être précis, avec une augmentation qui est portée par les légumes qui ont augmenté de 17% en un an et les fruits de 14%. Donc on est bien au-dessus de l'inflation générale. On avait déjà alerté sur le fait que le trimestre anti-inflation avait permis de contenir certains prix, mais pas forcément sur des produits sains. Les produits sains pendant le trimestre anti-inflation ont augmenté de 3%. En faisant le focus sur les fruits et légumes en particulier, dont on a besoin en nombre, le fameux 'au moins cinq fruits et légumes par jour et par personne', coûte cher. Vraisemblablement trop cher aux consommateurs, puisqu’un sur deux renonce à acheter certains aliments faute de budget suffisant.
Les prix des fraises et des bananes ont particulièrement flambé. D'autres fruits restent abordables ?
Heureusement, on a des variétés très importantes. On a 80 références de fruits et légumes sur l'année et donc heureusement, on a un certain nombre de produits qui se maintient en dessous des 2,50 € le kilo. Ça reste possible pour la plupart des budgets de consommer ces cinq fruits et légumes par jour, mais on est particulièrement inquiets pour les budgets qui vivent au niveau du seuil de pauvreté ou en dessous. Pour eux, c'est matériellement impossible de respecter les préconisations des pouvoirs publics. Quelle est la logique ? On préfère aujourd'hui payer des soins parce que le fait de ne pas s'alimenter correctement induit des pathologies. Notre assurance-maladie prend en charge des soins qu'on pourrait éviter si on permettait à chacun de respecter les préconisations du Plan national nutrition santé.
Comment expliquer ces marges importantes de la grande distribution ?
Ce n'est pas à cause des producteurs qui auraient augmenté comme ça les prix. Certes, les producteurs font face à des coûts beaucoup plus importants de production qui sont liés soit au climat, soit à l’inflation générale, soit également, et c'est tant mieux, à des réglementations plus contraignantes qui nous assurent des produits de meilleure qualité. Mais, là où on tire la sonnette d'alarme, c'est que quand ces produits entrent sur le marché, en valeur, ils représentent 11,2 milliards, en sortie de distribution, les consommateurs les payent 22 milliards.
Que faudrait-il faire ?
On appelle à l'action du gouvernement. En réalité, la grande distribution marge notamment sur le rayon des fruits et légumes qui lui rapporte après impôts, 247 millions d'euros par an. C’est quand même une aberration que nos producteurs ne couvrent plus leurs coûts de production, que nos consommateurs renoncent à des produits, et que notre assurance-maladie finira par payer. Il va falloir penser à une meilleure régulation des marges, il va falloir que les autorités publiques mettent le nez dans la marge que se font les distributeurs sur les fruits et légumes.
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