Report de la loi immigration : "On avait beaucoup d'espoir en cette loi", dénoncent ces chefs d'entreprises
"On avait beaucoup d'espoir en cette loi, parce que les préfectures auraient pu accélérer la régularisation des sans-papiers. Là, on a des gens qui veulent travailler chez nous et qui veulent construire chez nous." Alain Fontaine est très déçu du report de la loi immigration, remisé à l'automne par Élisabeth Borne, faute de majorité à l'Assemblée nationale. Le chef et propriétaire du restaurant parisien Le Mesturet, à Paris, attendait avec impatience la régularisation des travailleurs étrangers dans les métiers en tension et s'agace de la lenteur et des critères très stricts de l'administration.
L'un de ses salariés, originaire du Mali et en apprentissage chez lui lorsqu'il était mineur, tente d'obtenir des papiers depuis plus d'un an. Selon Alain Fontaine, cette main d'œuvre est indispensable pour la profession, "parce qu'on le sait aujourd'hui, et ce n'est pas une question de salaire", plaide-t-il. "On ne trouve pas parce que les jeunes veulent profiter de la société de loisirs et par conséquent, ne souhaitent plus aller vers des activités où l'on travaille le soir, ou le week-end, et même avec des salaires qui ont été largement améliorés", souffle le chef.
La moitié des cuisiniers franciliens sont des immigrés
"Les gens qui ne sont pas issus de l'immigration ne veulent pas venir travailler dans notre métier, c'est terminé !", ajoute Alain Fontaine, excédé. D'après l'Insee, la restauration fait partie des secteurs où l'on retrouve le plus d'immigrés avec, par exemple, la moitié des cuisiniers en Île-de-France. Les secteurs de l'aide à domicile, de la sécurité et du gardiennage attendent aussi des régularisations plus rapides. "Pour nous, il faut à tout prix qu'il y ait une table ronde avec les partenaires sociaux, les patrons et les ministères concernés", espère Bruno Bothua, secrétaire général de la CGT Construction bois et ameublement, qui attend aussi des mesures rapides dans le BTP.
Pour Bruno Bothua, la régularisation des travailleurs étrangers dans les métiers en tension ne doit pas faire partie de la loi globale immigration. "Ce qui me gêne dans la loi globale immigration, c'est qu'on veut tout mettre ensemble, insiste-t-il. Si c'est pour que le gouvernement se retrouve soit avec une loi qui passera jamais, soit avec le 49-3, encore... Nous, on est prêts dans le bâtiment à dire 'on met le travail en place et on régularise'. Faisons-le, n'attendons pas une loi qui n'arrivera peut-être jamais !"
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