: Reportage "Un recrutement à l'anglo-saxonne" : face à la pénurie de saisonniers, l'hôtellerie-restauration embauche sans CV
Dans un salon en banlieue parisienne en avril 2023, des centaines de jeunes sillonnent les stands à la recherche d’un job d’été. Parmi eux, Oumeïma, une lycéenne de 17 ans. Pochette sous le bras, elle a préparé son CV pour décrocher un poste dans l'hôtellerie-restauration : "J'ai fait une petite présentation et listé mes compétences professionnelles, mon parcours scolaire, mes qualités, mes centres d'intérêts et bien sûr les langues que je peux parler", détaille-t-elle. Sauf que du côté des recruteurs, le CV devient accessoire.
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Comme en 2022, ils peinent à recruter du personnel : 200 000 postes de saisonniers sont à pourvoir pour l'été 2023 selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih), principal syndicat du secteur. Pas le choix, il faut donc alléger les méthodes de recrutement. "On a plutôt un mode de recrutement à l'anglo-saxonne, explique Thomas Badier, directeur de la vente à emporter des Restaurants de la Tour Eiffel. On ne se base pas forcément sur les compétences, sur les écoles et le parcours qui a été fait, mais plutôt sur l'expérience et la motivation des gens."
"Sur le CV, quelqu'un peut être formidable, mais sur le terrain, dans la vraie vie, il peut y avoir un décalage."
Thomas Badier,à franceinfo
Des "Journées sans CV"
Le groupe hôtelier Accor, lui, a lancé en 2022 les "Journées sans CV", des sessions itinérantes d’entretiens avec des jeunes sans expérience dans les grandes villes touristiques françaises pour combler les 1.500 emplois saisonniers du groupe.
"Nous les testons sur des simulations, détaille Nicolas Saint-Marc, directeur France des ressources humaines chez Accor. Par exemple, nous leur demandons d'identifier sept erreurs sur une chambre qui a été normalement nettoyée. Quand vous êtes en service en salle, on peut aussi leur demander de dresser une table de la meilleure manière selon eux." Mais même ces recrutements innovants ne permettent pas de pallier entièrement la pénurie de main-d'œuvre, glisse-t-il : "Dans les dernières opérations à Caen, Marseille et Nice, nous avons fait une quarantaine d'embauches sur chaque ville, pour 50 à 70 postes à pourvoir pour la saison estivale."
Pour attirer de la main-d'œuvre, Accor se vante aussi de mieux rémunérer ses saisonniers qu’ailleurs. Mais l’argent ne fait pas tout, les horaires fractionnés et le logement freinent toujours les potentiels candidats.
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