"C'est incroyable que le parquet ne se soit pas auto-saisi de ces faits" : des avocats et magistrats réagissent après les accusations de maltraitances au tribunal de Paris
Le parquet de Paris a annoncé mardi l'ouverture une enquête après les révélations du policier Amar Benmohamed, qui dénonce des actes de racismes et de maltraitances dans les cellules du tribunal de grande instance de Paris. Les faits graves alertent les avocats et les magistrats qui fréquentent le Palais de justice au quotidien.
Dans le bâtiment de 38 étages de la porte de Clichy, les révélations du policier Amar Benmohamed ont surpris. Les magistrats d'abord : "On a été surpris justement, de l'étendue des choses. C'est extrêmement grave si c'est avéré", déclare Neels Montserrat, le secrétaire national du Syndicat de la magistrature.
Le parquet de Paris "ne peut pas ignorer" ces faits, estime une avocate
Le brigadier-chef Amar Benmohamed dénonce une série d'insultes, des actes de maltraitances et des vols commis par des collègues policiers envers les personnes retenues au dépôt du tribunal de grande instance de Paris. Des faits qui seraient devenus réguliers depuis 2018. Après les révélations du policier, le parquet de Paris a annoncé, mardi 28 juillet, l'ouverture une enquête pour "violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique","injures publiques en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion" et "injures publiques à raison du sexe ou de l'orientation sexuelle". Les investigations sont confiées a l'Inspection générale de la police (IGPN).
C'est assez incroyable de penser qu'il ait pu y avoir de tels faits au tribunal sans que le tribunal en soit informé.
Neels Montserrat, secrétaire national du Syndicat de la magistratureà franceinfo
Habituée du palais, Julia Courvoisier est avocate à Paris. Elle s'interroge : pourquoi ces faits n'ont pas été connus du parquet ? "'Ferme ta gueule, sale bougnoule', 'Je te lancerai tout ça dans la Seine, sale PD', on n'est pas sur des comportements inappropriés, on est sur des délits", explique l'avocate. "Et c'est incroyable que le parquet de Paris ne se soit pas auto-saisi de ces faits, qu'il ne peut pas ignorer puisqu'ils se déroulent dans son tribunal par des policiers qui sont sous sa responsabilité", insiste-t-elle.
Faire remonter des témoignages pour d'éventuelles plaintes
Les avocats n'ont pas accès aux cellules du dépôt pour y voir leurs clients. Christian Saint-Palais, président des avocats pénalistes, le regrette. "Le fait que les avocats soient là, explique-t-il, oblige ceux qui sont parfois happés par le quotidien et par la difficulté de leur tâche à avoir des comportements respectueux d'autrui et respectueux surtout de la loi". L'avocat pénaliste demande à ses confrères de faire remonter des témoignages pour conduire d'éventuelles plaintes.
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