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Cinq questions après les orages de grêle qui ont frappé plusieurs communes de la Loire, de l'Isère, de la Drôme et des deux Savoies

Le ministre de l'Agriculture a assuré que l'état de catastrophe naturelle serait prochainement déclaré et que des aides seraient apportées aux agriculteurs sinistrés.  

Article rédigé par franceinfo
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Une plantation d'abricots ravagée par la grêle à La Roche-de-Glun (Drôme), le 16 juin 2019.  (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

"Tout est foutu, je n'ai jamais vu ça, ce sont des blocs de glace entiers qui sont tombés." Comme Aurélien Esprit, arboriculteur à Pont de l'Isère (Drôme), de nombreux exploitants accusent de lourdes pertes après les violents orages qui se sont abattus sur cette région, samedi 15 juin.

Samedi, jusqu'à neuf départements avaient été mis en alerte par Météo France. Les départements de la Drôme, de la Loire, de la Savoie et de la Haute-Savoie ont été particulièrement touchés. Des grêlons de la taille d'une balle de golf ont causé d'importants dommages sur les bâtiments et les véhicules. A Tanninges, en Haute-Savoie, une touriste est décédée samedi vers 17 heures, écrasée par un arbre tombé sur son camping-car. 

1 Quels sont les dégâts matériels ?

Dans les départements concernés, les pompiers ont été mobilisés à des centaines de reprises pour des locaux inondés, des habitations endommagées ou des routes coupées par la montée des eaux ou des chutes d'arbres.

En Isère, les pompiers sont intervenus à près de 380 reprises. Dans la Drôme, la ville de Romans-sur-Isère, qui compte 33 000 habitants, a été la plus durement touchée : les pompiers y sont intervenus près de 200 fois. Des rues de cette ville se sont brutalement transformées en torrents et les pompiers ont bâché en urgence environ 8 000 m² de toitures détruites par la grêle et le vent. Les dégâts ont été également importants à Châtillon-Saint-Jean et Bourg-de-Péage. Des sinistrés ont dû être relogés soit chez des proches, soit à l'hôtel.

Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent la violence du phénomène. 

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Dans le département de la Drôme, quatre écoles ont été endommagées. Deux d'entre elles, situées à Romans-sur-Isère, restent fermées jusqu'à nouvel ordre. A l'école de la République de Bourg-de-Péage, "quasiment toutes les vitres ont volé en éclats", raconte France Bleu Drôme. Les agents municipaux sont revenus pour nettoyer les deux classes endommagées et pour sécuriser les lieux. L'école n'est pas fermée, mais les salles de classe devant être remises en état, les élèves auront cours dans la bibliothèque pendant plusieurs jours. 

Par ailleurs, des vitraux de la collégiale Saint-Barnard, une église de Romans-sur-Isère, ont été brisés par la grêle et le musée de la chaussure est en partie endommagé. Il restera fermé en début de semaine. 

Les pertes économiques s'annoncent lourdes pour une partie de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La FRSEA (Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles) l'estime à "des dizaines de millions d'euros de dégâts" pour l'agriculture. 

2Quelles sont les conséquences sur les récoltes ?

Des centaines d'hectares de vignes et de vergers ont été ravagés, en particulier dans la Drôme. C'est le cas du terrain de Thierry Perrot-Minot, qui produit des fraises des bois à Romans-sur-Isère. Ses serres sont constellées d'impacts. "Elles ressemblent à une passoire" a-t-il témoigné à Télématin sur France 2. "Elles sont assurées pour la structure, mais le plastique n'est pas assurable, j'en ai pour 15 000 euros s'il faut tout changer, et ça risque d'être pour ma poche", redoute le producteur. 

Alexandre Morin, un arboriculteur de la région, assure sur RTL que "c'est toute une économie qui est mise à mal aujourd'hui à cause de six minutes de grêle" car il faut selon lui "entre trois et quatre ans pour avoir un fruit et si on arrache tout, il faut attendre le même laps de temps pour le récupérer". Résultat : "Tous les salariés employés pour les récoltes vont être au chômage"

En Savoie, les intempéries ont dévasté la partie nord du vignoble d'Apremont (AOC vin de Savoie). Quelque 300 hectares de vignes ont été détruits sur le vignoble et, au total, 450 à 500 hectares de vignes ont été touchés par les intempéries dans la région. "Plus de huit mois de travail partis en quelques minutes, c'est désolant", déplore Yannick Uchet, président des vins d'Apremont. Le vigneron a perdu plus de la moitié de son exploitation. Pour les ceps qui ont à peu près survécu, "il y a eu tellement de stress pour la vigne qu'on ne sait même pas comment ça va évoluer, ou s'il y aura quelque chose à sauver, s'inquiète-t-il. C'est du jamais-vu".

3Quelles sont les aides financières mises en place ?

En déplacement dans la Drôme dimanche, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a assuré que l'état de catastrophe naturelle serait déclaré "dans les deux jours qui viennent", ainsi que l'état de calamité agricole. Ce dispositif permet aux victimes d'intempéries naturelles (inondations, orages...) d'être indemnisées par leurs assureurs. Il a assuré que des aides seront apportées en termes de cotisations sociales et d'impôts, en complément des assurances que possèdent les exploitants. 

Des cagnottes en lignes ont été ouvertes pour venir en aide aux exploitants. Dans la Drôme, une cagnotte Leetchi a déjà rassemblé plus de 1500 euros pour soutenir "les paysans de Pont-de-l'Isère et Châteauneuf-sur-Isère qui ont tout perdu en l'espace d'un orage de grêle le samedi 15 juin 2019"

En Haute-Savoie, à Passy et Domancy, une maraîchère a lancé un appel à la solidarité sur les réseaux sociaux après la destruction de son exploitation de courgettes et de concombres. Sur sa page Facebook, elle propose de participer à la cagnotte en ligne qui va être mise en place ou de venir directement l'aider dans les champs occupés par son exploitation. 

4Quelles sont les démarches à accomplir pour les sinistrés ?

Que les dégâts touchent des exploitations, des bâtiments ou des commerces, toutes les victimes des intempéries sont invitées à contacter leurs assureurs dès maintenant ou idéalement dans "les 4 à 5 jours qui viennent" précise Bernard Spitz, président de la Fédération française de l'assurance, sur franceinfo. 

Les agriculteurs disposent toutefois d'un peu plus de temps puis qu'ils auront dix jours pour déclarer leur sinistre après la parution de l'arrêté reconnaissant l'état de catastrophe naturelle. Mais ils peuvent commencer à prendre des photos et retrouver les factures pour estimer les pertes. Attention toutefois à ne pas nettoyer leur terrain avant le passage de l'assureur. Comme l'indique Bernard Spitz, il ne  "faut pas toucher à la récolte sauf si c'est nécessaire, et si c'est le cas, il faut absolument garder une zone témoin pour que les experts puissent apprécier [la situation] au moment de leur passage"

Autre point de vigilance : la situation n'est pas la même pour les vignobles, les vergers et les arboriculteurs. "Les arboriculteurs et les vergers, soit ils sont assurés, soit s'ils ne le sont pas, ils peuvent s'adresser au Fonds national de gestion du risque agricole, qui dépend du ministère de l'Agriculture, remarque Bernard Spitz. En moyenne, 40% des exploitations agricoles sont couvertes" par une assurance, précise-t-il à franceinfo. 

En ce qui concerne les bâtiments, "tous les contrats d'assurance-habitations comprennent la garantie grêle donc, de toute façon, ils sont tous couverts" précise-t-il à franceinfo.  L’assurance prend aussi en charge les frais de pompage et de nettoyage des locaux sinistrés ou encore les frais de démolition et de déblaiement. 

Pour les véhicules, les assurances de base, comme la seule "responsabilité civile" obligatoire, ne couvre par les catastrophes naturelles. Il faut donc vérifier sa garantie. 

5Doit-on craindre d'autres épisodes de ce type ?

Pour Alix Roumagnac, président de Predict, une société spécialisée dans la prévention des risques naturels, "ce type d’événement existait avant le changement climatique", mais ce changement climatique pourrait les intensifier puisqu'il "accompagne des évolutions un peu aux extrêmes, c’est-à-dire que l’on peut connaître des fortes périodes de sécheresse, de chaleur, puis des événements très intenses", indique-t-il à franceinfo. Il faut donc s'attendre, selon lui, "à une multiplication de ce type d’événements"

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