: Vidéo Les petites mains derrière les ordinateurs
Et s’il y avait des gens cachés derrière nos ordinateurs ? Des humains chargés d’effectuer des tâches encore trop complexes pour nos machines ? Et si, derrière l’intelligence artificielle de certains logiciels, il existait en fait des milliers de petites mains sous-payées ? "Envoyé spécial" a enquêté sur cette arnaque vieille de plusieurs siècles, remise au goût du jour par le géant de l’internet Amazon et son mystérieux Turc mécanique.
Et s’il y avait des gens cachés derrière nos ordinateurs ? Des humains chargés d’effectuer des tâches encore trop complexes pour nos machines ? Et si, derrière l’intelligence artificielle de certains logiciels, il existait en fait des milliers de petites mains sous-payées ? C’est l’histoire d’une arnaque vieille de plusieurs siècles, remise au goût du jour par le géant de l’internet Amazon et son mystérieux Turc mécanique.
Ce scénario impensable est pourtant vrai : aujourd’hui, dans le monde, plusieurs centaines de milliers de personnes travaillent dans l’ombre de nos ordinateurs pour à peine quelques centimes d’euro. Des tâches décentralisées et précaires, exécutées à toute vitesse par des individus poussés à la flexibilité, et payés une misère. Des postes sans aucune perspective d’évolution au sein de l’entreprise, puisque d’entreprise, il n’y a point, seulement une plateforme internet, baptisée le Turc mécanique, sur laquelle s’inscrivent des sociétés qui cherchent de la main-d'œuvre d’un côté, et des individus qui veulent travailler de l’autre.
Au XVIIIe siècle, un inventeur prétend avoir fabriqué un automate capable de jouer seul aux échecs et de battre les plus grands : de Napoléon Bonaparte à Benjamin Franklin, tous ont voulu jouer – et ont perdu – contre cette machine costumée à la turque, d’où son surnom de Turc mécanique. En réalité, un vrai joueur, maître d’échecs, était caché à l’intérieur ! L’arnaque a duré plus de cinquante ans…
Aujourd’hui, le géant Amazon s’est semble-t-il inspiré de cet épisode pour créer la première plateforme de travail mondialisée sur laquelle des petites mains viennent réaliser les tâches que les machines n’arrivent pas à effectuer (identification de personnes sur des photos, traductions...).
De New Delhi à la Californie, en passant par la France, une équipe d’Envoyé Spécial est partie à la rencontre de cette nouvelle main-d’œuvre mondialisée, prête à travailler dans l’ombre des machines pour quelques poussières d’euros. Combien de personnes cela concerne-t-il ? Le modèle du Turc mécanique s’apparente-t-il à la mise à disposition, pour répondre aux demandes des multinationales, d’un sous-prolétariat mondial, taillable et corvéable à merci ? Préfigure-t-il l’avenir de l’organisation du travail ?
Un reportage de Baptiste des Monstiers,Yvan Burnier et Virginie Letendre.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.