Négociations commerciales : avant le Salon de l'agriculture, le gouvernement demande (encore) des comptes aux distributeurs et industriels

Un nouveau comité de suivi s'est tenu mardi matin au ministère de l'Agriculture en présence des différents acteurs du secteur alimentaire. Objectif : montrer que l'éxécutif met la pression sur les grands groupes pour une juste rémunération des agriculteurs.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, la ministre déléguée aux Entreprises, au Tourisme et à la Consommation Olivia Grégoire et la ministre déléguée à l'Agriculture,  Agnès Pannier-Runacher, au ministère de l'Agriculture, à Paris, le mardi 20 février 2024. (BERTRAND GUAY / AFP)

Ils sont quatre ministres face aux représentants des agriculteurs et des industriels de l'agroalimentaire et de la grande distribution. Et c'est celui de l'Economie, Bruno Le Maire, qui ouvre la réunion, mardi 20 février, en rappelant que 150 agents de la direction des fraudes sont sur le terrain et que les contrôles ont été multipliés par deux.

Vérifier la bonne application des lois Egalim, tel est l'objectif de ce comité de suivi des négociations commerciales. Et en particulier le respect des prix pour les agriculteurs, à quelques jours seulement de l'ouverture du Salon de l'agriculture... et surtout en pleine colère des agriculteurs, dont la mobilisation semble repartir.

"On s'occupe de vous, on vous protège"

Très vite, après la fin des négociations, Bercy a annoncé avoir identifié 124 contrats non conformes signés entre distributeurs et gros industriels. Les entreprises concernées sont censées avoir reçu des injonctions avec obligation de se conformer à la loi sous 15 jours. Les contrevenantes risquent des peines d'amendes pouvant aller jusqu'à 5 millions d'euros et la publication de leur identité. Pour l'heure, le groupe des plus petites entreprises ne semble pas concerné.

C'est à la grande distribution et aux multinationales que le gouvernement a demandé des comptes ce mardi. L'objectif est d'abord, évidemment, de contraindre les grands groupes à respecter les lois Egalim, mais il y a aussi une volonté d'apaiser la colère des agriculteurs. Le message est assez simple à décrypter : "On s'occupe de vous, on vous protège". Sur BFMTV, la ministre déléguée à l'Agriculture, Agnès Pannier Runacher, ne s'est pas privée de citer un exemple qui a porté ses fruits selon elle : Lactalis dans le viseur du gouvernement a dores et déjà lâché une augmentation des prix 
pour les producteurs, de 0,15 centime par litre.

Les petits fournisseurs inquiets

Mais dans la foulée de ces négociations commerciales, aucun des acteurs ne semble pleinement satisfait. Les agriculteurs ne sont pas les seuls mécontents, les petits fournisseurs sont inquiets. Les tarifs acceptés pendant les négociations sont trop bas, selon Léonard Prunier, président de la FEEF, la fédération des plus petits fournisseurs : "Nous ne sommes pas au juste prix. On voit qu'on est passé de 19 % d'entreprises déficitaires en 2018 à 30 % en 2022 et en 2023 72 % voient leurs résultats baisser. Aujourd'hui, on est sur des négociations qu'il faut simplifier pour nos entreprises".

"Il faut simplifier massivement. C'est trop compliqué. Il faut qu'on soit plus simple et qu'on retrouve la maîtrise de nos prix".

Léonard Prunier, président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France

à franceinfo

Un message entendu à l'Elysée, comme au gouvernement. Le président de la République reçoit ce mardi après-midi les syndicats agricoles majoritaires. Mercredi, de son côté, le Premier ministre doit annoncer de nouvelles mesures, notamment de simplification.

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