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La vente des voitures électriques dépasse les diesels : le résultat du "bouche-à-oreille positif", estime le directeur de l’Observatoire Cetelem

Entre économies réalisées et levée des freins, la demande de voitures électriques a dépassé celle des modèles diesel au mois de juin. La communication autour du 100% électrique a clairement pesé dans la balance estime Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’Observatoire Cetelem.
Article rédigé par franceinfo
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Une station de bornes de recharge pour véhicules électriques à Paris. (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

C'est le résultat du "bouche-à-oreille positif", a affirmé mercredi 19 juillet sur franceinfo Flavien Neuvy, économiste et directeur de l’observatoire Cetelem alors que pour la première fois les ventes des voitures électriques ont dépassé celles de diesel en juin en Europe, selon l'association des constructeurs. En un an, leur part de marché est passée de 10,7% à 15,1%, totalisant 158 000 véhicules vendus. Les automobilistes ont vite fait leur calcul. "Le 100 kilomètres électrique, malgré la hausse de l'électricité, coûte moins cher que le 100 kilomètres thermique", a-t-il expliqué. Le prix des voitures et le manque de bornes de recharge restent encore des freins pour de nombreux acheteurs potentiels. "On mettra moins de temps pour charger sa voiture. Il faut aussi laisser un peu le temps finalement aux ingénieurs, à la technologie d’avancer", a-t-il rassuré.

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franceinfo : Cela vous surprend de voir les voitures électriques dépasser les diesels en Europe ?

Flavien Neuvy : En France, en 2012, les ventes de diesel représentaient les trois quarts des immatriculations, le diesel écrasait tout. À l'époque, personne ou presque ne croyait au premier véhicule électrique qui sortait sur le marché. Entre-temps, beaucoup de choses se sont passées. Il y a eu le "dieselgate" d'abord, qui a vraiment bouleversé la donne et puis aussi la réglementation qui évolue, puisque le choix a été fait d'aller vers le 100 % électrique. On a vu que les prises de commandes sur les voitures électriques ont beaucoup augmenté au moment de la hausse des prix des carburants. Mais il y a aussi le fait que les principaux freins pour les automobilistes sont en train d'être levés. Il y a quand même de plus en plus de bornes de recharge dans l'espace public, les voitures électriques qui sortent ont beaucoup plus d'autonomie qu'il y a cinq ou dix ans. Il y a quand même beaucoup plus de modèles à la vente. Il faut se souvenir qu'il y a cinq ou dix ans, il y avait que quelques voitures disponibles en 100 % électrique. Aujourd'hui, tous les constructeurs proposent beaucoup, beaucoup de modèles.

C’est le résultat d’une prise de conscience ?

Aujourd'hui, le message est clair. Le choix, c'est le 100 % électrique, c'est l'avenir. Ce qui joue surtout, c'est le bouche-à-oreille positif. Globalement, les gens qui achètent un modèle électrique sont contents de leur voiture. Quand ils en parlent autour d'eux, à leur famille, ils disent que c'est plutôt une voiture qui correspond à leurs attentes, qu'il n'y a pas de déception à l'usage. Ça tombe moins en panne, ça coûte moins cher en termes d'entretien. Le 100 kilomètres électrique, malgré la hausse de l'électricité, coûte moins cher que le 100 kilomètres thermique. 

Est-ce qu'il y a assez de bornes électriques sur les routes de vacances ?

On a passé le cap symbolique des 100 000 bornes, ça fait tellement longtemps qu'on l'attendait mais il y a encore des points de blocage, quand il y a de fortes affluences et notamment au moment des départs en vacances dans les stations-service. Les constructeurs investissent des milliards et des milliards dans la recherche et développement, dans l'innovation.

"Les temps de recharge vont diminuer, on mettra moins de temps pour charger sa voiture. Il faut aussi laisser un peu le temps aux ingénieurs, à la technologie, d’avancer."

Flavien Neuvy

à franceinfo

Les prix de la Tesla ont baissé. Le prix des voitures electriques reste un frein ?

C'est encore un sujet de vigilance parce qu'il faut rappeler d'abord que les prix de vente des voitures neuves, on l'a montré dans nos études à l'Observatoire Cetelem, ont augmenté deux fois plus vite que l'inflation sur ces 20 dernières années. On a une vraie hausse très forte des prix de vente des voitures neuves et les voitures électriques sont encore plus chères. Pour beaucoup de ménages, l'électrique est inabordable, inaccessible sur le plan financier. Il va falloir être vigilant parce qu'avec l'augmentation des volumes, les cours des matières premières, du lithium, du cobalt, ont plutôt tendance à augmenter dans le temps. Il faudra être vigilant sur ce point-là pour que le maximum de personnes puisse passer à la mobilité électrique.

Comment se positionnent les voitures françaises ?

On a la chance d'avoir deux grands constructeurs de taille mondiale, qui investissent beaucoup. C'est une chance pour notre pays, mais c'est vrai que la concurrence va être rude et notamment avec les constructeurs chinois qui font des voitures électriques de très bonne qualité depuis très longtemps. Ils se sont positionnés sur ce créneau et le fait que l'Europe décide de passer au 100 % électrique, évidemment, pour eux, ça facilite un petit peu le travail. Il n'y a plus la barrière à l'entrée technologique que représentaient les moteurs thermiques, la concurrence va donc être féroce. Mais les constructeurs français investissent beaucoup et on a de grands constructeurs avec de très bons ingénieurs. Donc je n’ai aucun doute sur le fait que les voitures françaises seront compétitives.

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