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Voiture électrique : passe d’armes entre Bruno Le Maire et Carlos Tavares pour la fabrication de la 208 électrique

Un débat oppose le gouvernement et le constructeur automobile Stellantis sur la fabrication de la future Peugeot 208 électrique. Le sujet est la localisation des chaînes de productions en France. Et la tension monte d’un cran
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 212 min
Une 208 électrique exposée au salon automobile de Bruxelles (Belgique), le 13 janvier 2023. (SJOERD VAN DER WAL / GETTY IMAGES EUROPE)

C'est rare : on vient d’assister à un duel à fleurets mouchetés entre deux principaux acteurs de l'industrie française. Face à face : le politique Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, et l’industriel Carlos Tavares, patron de Peugeot aujourd’hui Stellantis. Avec des mots courtois mais fermes, ils se sont livrés à une parfaite illustration du débat sur la réindustrialisation du territoire.

>> Le vrai du faux. Une voiture électrique coûte-t-elle "moins cher à l'usage" qu'une thermique, comme l'affirme Agnès Pannier-Runacher ?

Aujourd’hui, la Peugeot 208 est produite en Slovaquie et l’idée est de gagner bientôt l’Espagne. Or, c’est sur cette décision prise en 2019 par PSA que le ministère de l’Économie veut faire plier le groupe automobile pour rapatrier le tout dans l’hexagone. Stellantis, maison-mère de PSA, doit annoncer la couleur en novembre prochain et on imagine la forte tension entre les deux parties. Les deux camps discutent en coulisses et la joute médiatique à laquelle nous assistons fait partie du jeu d’acteurs devant le grand public.

Chacun fait valoir ses arguments

Pour le ministre de l'Économie, la situation est claire : "Nous apportons des aides, nous aidons l’industrie, nous essayons de favoriser l’achat de véhicules électriques sur le territoire… Je souhaite donc que les industriels fassent preuve, aussi, tout simplement d’un peu de patriotisme économique", insiste Bruno Le Maire. Réponse de Carlos Tavares : l’équation économique liée à la relocalisation forcée de la production de l’"e-208" ne serait ni dans l’intérêt de l’entreprise, ni dans celui du pays. Le patron de Stellantis explique qu’il doit à la fois protéger l’accessibilité de ses voitures électriques au grand public tout en amortissant les 30% de surcoût par rapport aux versions thermiques, équation impossible à ses yeux en relocalisant la 208 électrique en France. Le terrain fiscal est encore trop lourd. C’est du pragmatisme industriel et en aucun cas un manque de patriotisme économique fait valoir Monsieur Tavares qui continue d’investir en France pour d’autres modèles.

Le cas Toyota

Question : si produire en France est si problématique, pourquoi Toyota a choisi notre pays pour fabriquer la Yaris hybride ? Carlos Tavares affirme qu’il faut attendre et que l’on verra plus tard dans les résultats qui aura eu finalement raison. Le patron de Stellantis doute sérieusement de la possibilité de produire des véhicules très compacts de façon rentable dans notre pays. Son argument : à force de subventions et d'aides diverses, l’Europe a déroulé le tapis rouge aux constructeurs chinois qui ont pris une belle longueur d'avance.

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