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Instruction à domicile : "Il y a un recul évident du gouvernement, pour l'instant, on n'a pas de victoire", temporise Anne Coffinier, fondatrice d’Educ France

Le harcèlement scolaire et la maladie sont souvent des raisons qui poussent les parents à opter pour l'école à la maison. Si le gouvernement met en place un régime d'autorisation, la présidente de l’association Créer son école redoute les lenteurs administratives qui vont "mettre des familles en situation de ne pas pouvoir protéger leurs enfants".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'école à la maison, une solution pour des enfants malades ou harcelés (illustration). (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Le projet de loi sur les principes républicains est présenté mercredi 9 décembre en Conseil des ministres. Le volet sur l’interdiction de l’instruction à domicile devrait être revu pour accorder plus de souplesse aux parents voulant organiser l’école à la maison. "Il y a un recul évident du gouvernement. Pour l'instant, on n'a pas de victoire", a expliqué mercredi 9 décembre sur franceinfo Anne Coffinier, fondatrice d’Educ France, un site internet pour aider les initiatives de nouvelles formes d’éducation, et présidente de l’association Créer son école, une association qui accompagne les créateurs et directeurs d’écoles privées hors contrat dans leur parcours.

>> "Séparatismes" : le gouvernement présente son projet de loi en Conseil des ministres. Suivez notre direct.

franceinfo : Que pensez-vous de cette mesure ?

Anne Coffinier : Il y a un recul évident du gouvernement. Pour l'instant, on n'a pas de victoire. Ce qui est important c'est de garder cette liberté pour tous de pouvoir faire l'école à la maison, c'est-à-dire un régime de liberté, de déclaration. Ce que le gouvernement fait c'est de mettre en place un régime d'autorisation.

N'est-ce pas logique de devoir justifier de sa capacité à faire l'école à la maison ?

Non, puisqu'une liberté ça s'exerce et si ça s'exerce mal c'est sanctionné et l'État rescolarise l'enfant. Ce qui a été mis en avant pour réduire la possibilité de faire l'école à la maison n'est pas du tout un doute sur la capacité des parents de le faire. C'est plutôt l'idée qu'il risquerait d'y avoir un embrigadement islamiste. Donc, est-ce que vraiment le régime d'autorisation, qui va être mis en place, va répondre à ce problème ? Est-ce qu'en remplissant un dossier vous pensez qu'on va pouvoir détecter les gens qui font l'école à la maison pour des motifs d'embrigadement islamique ? Je pense que non.

Redoutez-vous que des familles n'obtiennent pas l'autorisation ?

Parmi les gens qui font l'école à la maison il y a tous les gens qui le font pour répondre à une urgence. Vous avez un enfant qui est harcelé, qui est déprimé, qui a une maladie qui nécessite de réagir très vite. Dans ces cas, il faut aller très vite et on sait que le rythme de l'administration ce n'est pas très vite, ce sont des mois. Donc l'administration va mettre des familles en situation de ne pas pouvoir protéger leurs enfants, de ne pas pouvoir être flexibles. C'est pour ça que tant de professeurs et l'Éducation nationale sont favorables à l'instruction en famille parce qu'ils savent que c'est la seule solution pour réagir vite. C'est aussi pour ça qu'aujourd'hui plus de la moitié des gens qui font l'instruction en famille le font au moins deux ans.

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