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Manif pour tous : comment sont comptés les manifestants ?

Environ 70 000 personnes selon la police, 500 000 d'après les organisateurs, ont défilé dans les rues de Paris dimanche à l'appel de la Manif pour tous. Comment expliquer un tel écart entre les deux chiffres ?

Article rédigé par franceinfo
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Le cortège de la Manif pour tous, à Paris, le 5 octobre 2014. (ALAIN JOCARD / AFP)

Les organisateurs ont compté 500 000 personnes, la police 70 000. Les défenseurs de la famille "traditionnelle" se sont mobilisés dimanche 5 octobre à Paris à l'appel de la Manif pour tous, et comme en janvier 2013, lors de la mobilisation contre le mariage homosexuel, le comptage des manifestants fait débat. A Bordeaux (Gironde), où une manifestation était aussi organisée, l'écart est aussi important : ils étaient 7 500 pour la police, 30 000 selon le collectif.

Francetv info revient sur les méthodes de ce comptage.

Les manifestants font "des calculs mathématiques"

"Nous faisons des calculs d'aire, de densité et de surface à différents endroits. Puis nous faisons aussi un comptage, ainsi que des images vidéos. Ces différents éléments conduisent à des calculs mathématiques", a expliqué la présidente de la Manif pour tous, Ludovine de La Rochère, sur BFMTV, lundi.

Et suivant cela, le résultat de la préfecture leur paraît tout simplement "impossible". Pour la Manif pour tous, l'explication est simple : le gouvernement tente de discréditer leur mouvement avec ces chiffres.

La police utilise des compteurs manuels

Deux équipes de deux policiers par cortège se positionnent à deux endroits distincts de chaque défilé, dans des locaux leur permettant d'être placés en hauteur, comme le montre ce reportage de France 2 réalisé le 13 janvier 2013. A l'époque, la police avait dénombré 340 000 manifestants, les organisateurs de la Manif pour tous 800 000.

Ils sont équipés de compteurs manuels et cliquent à chaque fois qu'ils dénombrent dix personnes. Une dizaine de policiers au sein des cortèges participent également au décompte.

Les policiers filment, afin de vérifier leurs chiffres

Les organisateurs ne sont pas les seuls à filmer un cortège. Chaque équipe de policiers est également assistée d'un vidéaste qui filme les défilés, d'un endroit en hauteur. "Les images sont conservées en cas de contestation", expliquait à l'AFP en 2013 un ancien officier du service renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP). Elles sont analysées au lendemain de la manifestation, pour vérifier le comptage manuel.

Les résultats sont donc recoupés. Et souvent, c'est l'estimation la plus haute qui est retenue. "Le chiffre est légèrement réévalué pour prendre en compte la marge d'erreur", assure également l'officier. "Depuis que le dispositif est en place, quand on compte manuellement, on est 10% au-dessus du chiffre, en faveur des organisateurs", avait indiqué le commandant Jean-Louis Gressier à France 2.

Un comité des sages créé pour "améliorer" le comptage policier

Malgré ces précautions, la préfecture de police de Paris a mis en place le 22 mai un comité des sages, composé notamment d'universitaires, afin "d'améliorer" le comptage policier des manifestations. L'objectif est d'"éclaircir et expertiser les méthodes" ainsi que "faire des propositions afin d'améliorer l'exactitude" du comptage. 

Composé de "trois personnalités indépendantes", il est présidé par Dominique Schnapper, universitaire et ancienne membre du Conseil constitutionnel, Pierre Muller, inspecteur général de l'Insee, et Daniel Gaxie, professeur de sciences politiques.

"On parle bien de comptage, pas d'extrapolation, notre méthode est certes artisanale mais elle a le mérite de compter", a déclaré lors de l'installation du dispositif le "patron" du Renseignement, René Bailly, dans une allusion aux polémiques récurrentes sur les chiffres officiels lors de grandes manifestations.

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