Projet de loi immigration : Emmanuel Macron va promulguer le texte "dans les heures qui viennent", annonce Gérald Darmanin

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L'entrée du Conseil Constitutionnel à Paris, le 22 janvier 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Jeudi, le Conseil constitutionnel a censuré une grande partie du texte, notamment le durcissement de l'accès aux prestations sociales, au regroupement familial, ou encore l'instauration d'une "caution retour" pour les étudiants étrangers.

Ce qu'il faut savoir

>> Ce direct est désormais terminé.

Le Conseil constitutionnel retoque 40% du projet de loi immigration. Les Sages, après avoir examiné 49 des 86 articles du projet de loi, ont largement censuré le texte dans une décision publiée jeudi 25 janvier. Au total, 32 articles étant des "cavaliers législatifs" ont été partiellement ou totalement retoqués. Parmi les mesures censurées figurent le durcissement de l'accès aux prestations sociales, au regroupement familial, ou encore l'instauration d'une "caution retour" pour les étudiants étrangers.

Emmanuel Macron, qui doit encore promulguer la loi, a demandé au ministre de l'Intérieur de "tout mettre en œuvre pour que la loi soit appliquée dans les meilleurs délais", assure son entourage à franceinfo. Le chef de l'Etat "va promulguer la loi dans les heures qui viennent", a précisé Gérald Darmanin, sur le plateau du JT de 20 heures de TF1. Le ministre a ajouté que "90% des articles s'appliquent immédiatement" et qu'il réunirait vendredi matin "tous les préfets" pour "appliquer la loi". "Jamais la République n'aura eu une loi aussi dure pour les étrangers délinquants", a-t-il aussi assuré.

Les deux tiers de la loi devraient être promulgués. "Ce sont 40% de la loi qui sont censurés par la décision et 60% de la loi pourraient être promulgués par le président de la République", a déclaré le Conseil constitutionnel. Selon une source gouvernementale à France Télévisions, "puisque les mesures initiales du gouvernement ont été validées par le Conseil constitutionnel, il n'y a aucune raison pour que le gouvernement dépose un nouveau texte immigration".

Eric Ciotti fustige la décision du Conseil constitutionnel. "Ils ont jugé en politique plutôt qu'en droit", a réagi le député et président du parti Les Républicains. Trois autres articles sont censurés partiellement ou totalement sur le fond, dont l'obligation d'un débat annuel au Parlement sur des quotas migratoires. "Cette censure était attendue par Emmanuel Macron et la gauche. Une réforme constitutionnelle apparaît plus que jamais indispensable pour sauvegarder le destin de la France !", a réagi Eric Ciotti. Des députés LR, comme Pierre-Henri Dumont et Olivier Marleix, demandent un nouveau texte qui reprendrait les mesures retoquées par le Conseil constitutionnel.

Des "cavaliers législatifs" censurés. De nombreux articles ont été retoqués car il s'agit de "cavaliers législatifs", c'est-à-dire des articles introduits par des parlementaires sans lien direct "avec l'objet de la loi", rappelle sur franceinfo le constitutionnaliste Thibaud Mulier. Ils avaient été "adoptés en méconnaissance de l’article 45 de la Constitution", soulignent les Sages. 

Des mesures controversées retoquées. A ce titre, le Conseil constitutionnel censure les articles 3,4 et 5 du projet de loi, qui prévoyaient un durcissement des conditions d'accès au regroupement familial. Les Sages retoquent aussi les articles 11,12 et 13 sur les conditions de délivrance d'un titre de séjour étudiant, ainsi que les frais d'inscription des étudiants étrangers. L'article 19, qui durcissait l'accès à certaines prestations sociales, est lui aussi censuré. 

L'obligation d'un débat au Parlement sur les quotas censurée sur le fond. "Est en outre partiellement censuré au fond l’article 1er de la loi déférée prévoyant la fixation par le Parlement du nombre d’étrangers autorisés à s’installer en France", ajoutent les Sages dans leur décision. 

La majorité divisée par le texte. Au total, 27 des 248 députés de la majorité présidentielle s'étaient opposés au projet de loi. Tenant de l'aile gauche du gouvernement, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, avait démissionné après le vote en décembre. Malgré la tempête, le gouvernement a préféré s'entendre avec la droite et éviter un fiasco à l'Assemblée. Le chef de l'Etat a toutefois décidé de saisir le Conseil constitutionnel, lui confiant de fait un rôle d'arbitre politique sur un texte explosif.

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    le point sur l'actu
    Il y a 0 sec
    Voici un dernier résumé de l'actualité de ce jeudi :
    #IMMIGRATION Le Conseil constitutionnel a censuré très largement la loi immigration. La décision est très contestée à droite, mais satisfaisante pour le gouvernement qui s'apprête à promulguer le texte "dans les prochaines heures". A Rennes, plusieurs centaines de personnes ont défilé ce soir pour dénoncer le texte, brisant au passage plusieurs vitrines de commerces et brûlant des poubelles.
    #AGRICULTURE Alors que les actions sont de plus en plus tendues avant des annonces de Gabriel Attal ce vendredi, Gérald Darmanin s'est exprimé sur le mouvement de colère des agriculteurs. "On ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS" : le ministre de l'Intérieur a expliqué pourquoi les forces de l'ordre n'interviennent pas face aux dégradations, provoquant l'ire de la gauche.
    #ISRAEL_PALESTINE La France a "condamné" les tirs meurtriers ayant touché hier un refuge de l'ONU à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza. "Les sites des Nations unies et les personnels humanitaires, dont le travail est indispensable aux populations civiles de Gaza, doivent absolument être protégés", a affirmé le ministère des Affaires étrangères.
    #METEO L'Hexagone connaît ces derniers jours un redoux parti pour durer deux semaines. Hier puis aujourd'hui, "des records mensuels de températures maximales ont été atteints" dans le sud, au-dessus de 22°C, rapporte Météo-France.
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    franceinfo
    Il y a 0 sec
    #IMMIGRATION Après la censure de 40% des articles par le Conseil constitutionnel, que reste-t-il de la loi sur l'immigration ? Elargissement des obligations de quitter le territoire français, instauration d’une condition de "respect des principes de la République" pour obtenir un titre de séjour, régularisation de certains sans-papiers exerçant des métiers en tension... Franceinfo fait le point sur les principales mesures restantes :
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    franceinfo
    Il y a 0 sec
    #IMMIGRATION Nous en parlions plus tôt : plusieurs centaines de personnes ont défilé ce soir dans le centre de Rennes pour dénoncer la loi immigration. L'ambiance s'est rapidement tendue et des manifestants, souvent vêtus de noir et le visage caché, ont brisé au passage plusieurs vitrines de commerces et tenté de mettre le feu à une agence bancaire. Des magasins ont été la cible de pillages. De nombreuses poubelles ont été incendiées et des voitures endommagées. Des barricades faites de poubelles et de grilles de chantiers ont été érigées en plusieurs endroits du centre-ville. La police a fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de repousser les protestataires.
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    Thibaud Mulier
    maître de conférences en droit public à l'Université Paris-Nanterre Il y a 0 sec
    "A partir de là, sur le plan juridique, deux voies sont envisageables. La première : les dispositions produisant des effets juridiques, des questions prioritaires de constitutionnalité pourraient être posées pour interroger la constitutionnalité des dispositions législatives qui n’ont pas fait l’objet d’un contrôle de constitutionnalité, c’est à dire les 2/3 de la loi environ. La deuxième : attaquer, s’ils sont adoptés, les décrets d’application devant le juge administratif, car ils seraient contraires à la loi dite immigration." #IMMIGRATION
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    franceinfo
    Il y a 0 sec
    #IMMIGRATION Quelle suite pour le projet de loi immigration, après la décision du Conseil constitutionnel ? "Le Président est obligé de promulguer. Ensuite, l’essentiel des dispositions qui entreront en application devront être précisées par des décrets d’application", répond à franceinfo Thibaud Mulier, maître de conférences en droit public à l'Université Paris-Nanterre.
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    franceinfo
    Il y a 0 sec
    #IMMIGRATION Plusieurs dizaines de manifestants se sont réunis à Rennes (Ille-et-Vilaine) ce soir, contre la promulgation de la loi immigration, rapporte France Bleu Armorique. Des feux ont été allumés place Hoche, dans le centre-ville. "Beaucoup de tristesse, de colère et d’incompréhension ce soir devant les dégradations perpétrées par des extrémistes cagoulés dans le centre-ville de Rennes", a réagi la maire, Nathalie Appéré.
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    Laurent Wauquiez
    président (LR) de la région Auvergne-Rhône-Alpes Il y a 0 sec
    "Cette décision vide de son contenu une loi votée par les deux tiers des parlementaires, soutenue par les Français. Elle prive notre pays de la possibilité de reprendre le contrôle sur l’immigration et nous dépossède du droit de choisir qui entre ou pas sur notre territoire."
    #IMMIGRATION Laurent Wauquiez a réagi dans Le Parisien à la décision du Conseil constitutionnel. Il dénonce "l’illustration d’un blocage durable et grave de notre pays". "Petit à petit, s’est installé ces dernières décennies dans notre pays un coup d’État de droit, dont cette décision du Conseil constitutionnel n’est qu’une des illustrations", peut-on lire.
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    franceinfo
    Il y a 0 sec
    #IMMIGRATION La censure partielle du projet de loi sur l'immigration est "une victoire", a réagi lors d'un rassemblement à Paris le président de l'ONG Amnesty international, Jean-Claude Samouiller. L'ONG restera toutefois "vigilante" à ce que la partie du texte censurée "ne revienne pas par la fenêtre" après la promulgation de la loi, a-t-il ajouté. "Une loi qui érige les personnes exilées en menace, nous ne pouvons l’accepter", a complété l'ONG sur X.
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    Gérald Darmanin
    ministre de l'Intérieur Il y a 0 sec
    "Le gouvernement a satisfaction. Il ne représentera pas de projet de loi."
    #IMMIGRATION Gérald Darmanin était interrogé sur la possibilité que des articles censurés par le Conseil constitutionnel reviennent par d'autres moyens dans la loi.
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    franceinfo
    Il y a 0 sec
    #IMMIGRATION Le président de la République devrait promulguer la loi immigration, après la censure par le Conseil constitutionnel, "dans les heures qui viennent", vient de dire Gérald Darmanin sur TF1. Ensuite, le ministre de l'Intérieur précise qu'il réunira "tous les préfets demain matin" pour sa mise en œuvre.