Plus de 2 300 cas de discriminations contre des personnes LGBT+ recensés en 2023 par SOS homophobie

Dans son rapport annuel publié mercredi, l'association relève notamment que 45% de ces violences ont été exercées contre des hommes perçus comme gays ou bisexuels.
Article rédigé par franceinfo
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Un militant porte un T-shirt de l'association SOS homophobie pendant une manifestation, le 2 août 2022 à Paris. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

Une année "extrêmement inquiétante". Au total, 2 377 cas de discriminations envers les personnes LGBT+ ont été recensés en 2023, alerte l'association SOS homophobie dans son rapport annuel à paraître jeudi 16 mai. Une hausse par rapport à 2022, année durant laquelle 1 506 témoignages avaient été relevés. Les chiffres publiés par l'association sont issus du traitement des 2 085 témoignages reçus par SOS homophobie (un récit pouvant renvoyer à plusieurs discriminations), via ses dispositifs d'écoute et de soutien aux victimes.

Si cette augmentation est en partie imputable à une nouvelle méthode de calcul, "ce sont surtout les tendances qui inquiètent" SOS homophobie, souligne Julia Torlet, présidente et porte-parole de l'association. "Les premiers mois de 2024 confirment cette tendance (...) Ces chiffres sont en augmentation, mais ils ne sont pas exhaustifs, car tout le monde n'a pas le réflexe de témoigner", regrette-t-elle. "Malgré notre décompte et celui du gouvernement, on ne parvient toujours pas à avoir une vue complète des LGBTIphobies*".

"Les LGBTIphobies, ce ne sont pas juste des attaques qui font du mal. Ce sont des violences qui ont des conséquences, par exemple la perte du travail ou du logement."

Julia Torlet

présidente de SOS homophobie

Dans le détail, 45% de ces violences ont été exercées contre les hommes perçus comme gays ou bisexuels, avec "une hausse du phénomène des guet-apens", qui consiste à piéger et agresser des personnes homosexuelles, note Julia Torlet. Par ailleurs, 21% de ces violences ont visé des personnes trans (en majorité des jeunes et des femmes trans) et 11% les personnes lesbiennes. "On a recensé peu de témoignages de femmes lesbiennes ou bi, ce qui témoigne du manque de légitimité à prendre la parole sur les discriminations vécues de cette partie de la communauté", analyse Julia Torlet.

Une hausse de la haine en ligne

L'association constate également une hausse des discriminations en ligne, avec 544 cas signalés en 2023, soit 23% des signalements. Cette recrudescence s'explique, selon SOS homophobie, par le "changement de direction de Twitter, devenu X", avec "une baisse significative de la modération", qui a permis "la prolifération de discours haineux" sur le réseau social. Plus largement, "sur internet et les réseaux sociaux, les désinformations et discours transphobes sont amplifiés", pointe l'association, qui dénombre qu'"un quart des cas de transphobie" ont eu lieu en ligne en 2023.

Ces discours transphobes ne sont pas uniquement véhiculés en ligne. "Non seulement la parole de haine est médiatisée, mais elle prend des atours intellectuels, comme avec la publication du livre Transmania", dénonce Julia Torlet. "Cette parole haineuse se dissimule dernière un discours scientifique, et elle est présente dans les institutions politiques", poursuit-elle, citant la proposition de loi des sénateurs LR voulant interdire les transitions de genre chez les mineurs, qui sera examinée à partir du 28 mai au palais du Luxembourg. "La transphobie n'est plus seulement dite, elle est mise au vote", regrette Julia Torlet.

*Le sigle LGBTI englobe les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes.

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