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Parcoursup : six directeurs de formation livrent les clés d'un bon dossier

L'opacité des critères d'évaluation de la plateforme inquiète chaque année les lycéens qui préparent leurs candidatures dans la crainte de finir sans affectation.
Article rédigé par Rachel Rodrigues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
A l'approche de la date butoir pour déposer les dossiers finalisés sur la plateforme Parcoursup, le 6 avril 2023, des chargés d'admission livrent leurs conseils aux candidats. (PAULINE LE NOURS / FRANCEINFO)

La dernière ligne droite de Parcoursup est lancée. Après avoir formulé leurs vœux, les lycéens finalisent leurs dossiers, qu'ils doivent soumettre au plus tard jeudi 6 avril, avant d'espérer rejoindre leur premier choix. La crainte d'atterrir sur liste d'attente ou de se retrouver sans affectation domine et génère un stress dans l'esprit des futurs étudiants, dont certains déplorent un système opaque et complexe.

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Depuis son déploiement, il y a quatre ans, la plateforme d'admission aux cursus d'enseignement supérieur est devenue le symbole d'un système saturé. "On pousse les murs, on ne peut plus accueillir décemment les étudiants", regrette Philippe Claudon, directeur de la licence de psychologie de Nancy, auprès de franceinfo. Résultat : à l'heure de boucler leur dossier, les élèves de terminale font leur possible pour éviter de se retrouver sur le carreau. Comment mettre toutes les chances de son côté ? Franceinfo a interrogé six directeurs de formation sur les attentes qu'ils ont des candidats.

"S'informer au mieux sur la formation visée"

Laurent Sovet, président de la commission Parcoursup pour la licence de psychologie, parcours "Sciences psychologiques" à l’Université Paris-Cité.

"Le meilleur conseil qu'on peut donner à l'élève, c'est de s'informer au mieux sur la formation qu'il vise au moment de préparer sa candidature. Parcoursup met à disposition de plus en plus d'informations en ligne. Les critères et les modalités d'examen des candidatures sont rendus visibles sur la plateforme, à travers les pourcentages attribués à chaque élément du dossier (entre les notes, la motivation, les expériences ou encore le savoir-être). L'élève peut les consulter dans l'onglet 'comprendre les critères d'analyse des candidatures'. A titre d'exemple, dans notre cursus de psychologie, les notes comptent pour 71% dans l'examen des candidatures.

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Dans un autre onglet, les 'conseils aux candidats' peuvent aussi se révéler précieux. De notre côté, par exemple, nous rappelons qu'il est primordial de se renseigner sur le contenu des formations et nous expliquons que le choix des enseignements de spécialité au lycée n'est pas un élément déterminant pour candidater. Ils peuvent aussi retrouver sur la plateforme tout un tas d'informations chiffrées, utiles pour appréhender leurs chances, comme le nombre d'admis chaque année."

"Avoir plusieurs idées de métier n'est pas du tout rédhibitoire"

Françoise Duhaussay, responsable des admissions en BTS à Alençon (Orne).

"Il faut que le candidat nous dise le maximum de choses sur sa situation au moment où il postule. Quand l'élève parle de la suite de son parcours dans son dossier, il ne faut pas qu'il mentionne uniquement l'obtention de son diplôme, mais aussi ses aspirations personnelles et professionnelles. Si un lycéen en bac pro veut postuler pour un BTS en automobile, il peut mettre en avant le fait qu'il a acquis des compétences théoriques et pratiques pendant sa scolarité, en donnant des exemples. Il peut aussi raconter qu'il a effectué sa formation dans un garage multimarques, puis expliquer qu'il est motivé à l'idée de devenir technicien en diagnostic auto.

"Ces informations nous permettent à la fois de corroborer le parcours effectué en bac professionnel, mais aussi de comprendre quel est le niveau de ses ambitions."

Françoise Duhaussay, responsable des admissions en BTS à Alençon (Orne)

à franceinfo

Un autre conseil qui me semble important : il ne faut en aucun cas se censurer dans le nombre d'informations qu'on apporte à son dossier. Tous les recruteurs ne s'attardent pas sur les mêmes détails. A Alençon, il est possible que nous passions à côté d'une passion ou d'un intérêt que le lycéen a noté dans son dossier. Mais cela ne signifie pas qu'une autre formation, ailleurs, ne sera pas intéressée.

Nous avons conscience qu'à 17 ou 18 ans, tous les élèves n'ont pas encore une idée précise de ce qu'ils veulent faire. Mais s'ils ont ne serait-ce qu'une ébauche de projet, il ne faut pas qu'ils hésitent à en parler. J'insiste : avoir plusieurs idées de métier n'est pas du tout rédhibitoire. Les aspirations professionnelles n'ont pas besoin d'être abouties. Ce qui va nous plaire, c'est l'effort de recherche et le fait que l'élève ait pris le temps de montrer que ce n'est pas par hasard qu'il postule. Et s'il faut ensuite poursuivre en licence après le BTS pour se spécialiser, ce sera possible."

"Ne choisissez pas une spécialité uniquement pour tenter de décrocher une mention au bac"

Renaud Roy, responsable des admissions à l'école supérieure des techniques aéronautiques et de construction automobile (Estaca) à Montigny-le-Bretonneux (Yvelines).

"Le lycéen doit avoir en tête que nous regardons tout son parcours : ses notes de première, de terminale. Nous nous intéressons aussi à son positionnement dans la classe, aux appréciations des enseignants sur ses méthodes de travail, sa capacité à réussir. Et nous accordons un intérêt particulier aux spécialités qu'il a choisies. Pour ces raisons, dans des cursus scientifiques comme ceux des écoles d'ingénieur, il est primordial d'anticiper l'orientation de Parcoursup.

En terminale, les dés sont déjà jetés. C'est en première que l'enjeu est important : l'élève ne doit pas faire des choix de spécialité uniquement pour tenter de décrocher une mention au bac. Il ne faut pas non plus négliger la spécialité abandonnée en classe de première. Et s'il arrête de s'investir en cours d'année, nous le verrons. Il est important de conserver une forme de stabilité. Même si un jeune n'aime pas une matière, cela ne doit pas transparaître dans son dossier."

"On cherche un étudiant qui se montre honnête"

Valérie Loubert, responsable des classes préparatoires littéraires du lycée de la Perverie, à Nantes.

"Nous ne cherchons pas le lycéen qui se démarque à tout prix, mais surtout celui qui se montre honnête. Le premier candidat qui va se démarquer est celui qui a de très bonnes notes. Et les résultats académiques sont évidemment ce que nous regardons en premier. Le bulletin et les appréciations restent la meilleure carte d'identité de l'élève. Mais nous regardons aussi le projet de formation motivé avec beaucoup de bienveillance.

Dans son dossier, l'élève peut expliquer son projet, et s'il n'en a pas, il ne faut pas qu'il hésite à le dire. Nous sommes conscients qu'un jeune de 18 ans ne peut pas avoir eu une vie complète derrière lui. Les classes préparatoires sont aussi faites pour que l'étudiant trouve sa voie."

"Les résultats peuvent être compensés par le parcours personnel"

Armel Cretual, directeur de la formation Staps de Rennes.

"Les étudiants qui réussissent ne sont pas forcément ceux qui présentaient un bon dossier académique au lycée. C'est pourquoi nous considérons que les résultats peuvent largement être compensés par le parcours personnel. Dans nos formations, savoir prendre en charge un groupe d'élèves ou de sportifs est une compétence attendue. Un élève de terminale qui a déjà des expériences en animation ou en formation de premier secours peut facilement gagner des points.

C'est d'ailleurs l'un de nos critères de sélection. Si l'élève justifie d'une formation en secourisme, il peut gagner jusqu'à 12 points, 9 pour le brevet d'aptitude aux fonctions d'animateur (Bafa). Un jeune qui aurait d'excellentes notes dans les matières scientifiques, mais aucune compétence dans ce qu'on met en avant ne sera pas forcément très bien classé. A l'inverse, lors de l'examen des candidatures, nous valorisons les candidats aux compétences pluridisciplinaires."

"Faire valoir sa culture générale"

Daniel Andersch, directeur des études de l'école d'architecture de Montpellier.

"C'est toujours mieux si le lycéen évite les grands poncifs dans sa candidature. Il est préférable que celui-ci s'appuie sur des exemples concrets, des références précises ou des aspects marquants de son expérience. En ce qui nous concerne, l'élève qui postule peut faire un lien entre le monde de l'architecture et le monde culturel dans lequel il baigne, par exemple. S'il a remarqué des bâtiments un peu forts lors de ses visites, de ses voyages, ou même autour de lui, le fait qu'il sache en parler peut lui permettre de gagner des points.

Nous considérons qu'il est important de faire valoir sa culture générale pour se démarquer. Tout en essayant de sortir des lieux communs du type : 'J'ai envie d'être architecte pour construire un monde écologique merveilleux'. Plus l'approche est personnelle et plus la candidature aura de la valeur à nos yeux."

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