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Le baccalauréat peut-il vraiment être perturbé par la grève de la surveillance ?

C'est la première fois depuis 2003 qu'un appel à la grève est déposé par des syndicats pour le bac.

Article rédigé par franceinfo
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Une professeure surveille l'épreuve de philosophie du baccalauréat, le 18 juin 2018 au lycée Pasteur de Strasbourg. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Le bac aura-t-il bien lieu ? Plus de 740 000 candidats âgés de 11 à 77 ans passent leur baccalauréat à partir du lundi 17 juin. Mais en plus du stress lié aux épreuves, la menace d'un mouvement social des professeurs qui surveillent les candidats plane sur cet examen bicentenaire. Des syndicats d'enseignants ont appelé à la grève de la surveillance pour le premier jour (philosophie pour les terminales générale et technologique, français pour les premières), afin de protester contre la réforme du bac effective en 2021. L'intersyndicale regroupe le Snes-FSU, premier syndicat chez les profs du secondaire, SUD-Education, la CGT, le Snalc ont relayé cet appel. C'est la première fois depuis 2003 qu'un tel appel est déposé par des syndicats pour le bac.

Difficile, toutefois, de prévoir le nombre de grévistes. Dans Le Mondeplusieurs professeurs annoncent qu'ils feront grève, dont Philippe, de Marseille, qui évoque des "lycées potentiellement bloqués". "Des remontées de ce type, nous en avons principalement de l’Ile-de-France, de Montpellier, Toulouse, Marseille ou Lille", énumère Frédérique Rolet, secrétaire général du Snes-FSU. Sur LCI, Jean-Rémi Girard, du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc), a estimé qu'il "[était] effectivement possible de s'inquiéter".

"Pas d'inquiétude majeure"

Du côté des syndicats des chefs d'établissement, on se veut plus rassurant. Selon Bruno Bobkiewicz, membre du bureau national du SNPDEN-Unsa, il n'est "pas sûr que la grève soit très suivie car cela remettrait en question un examen sur lequel les profs ont travaillé toute l'année". Mais "on n'est pas hyper sereins", a-t-il concédé auprès de l'AFP. Du côté du Syndicat national des personnels de direction de l'Education nationale (SNPDEN), "il n'y a pas d'inquiétude majeure", a indiqué Philippe Vincent, secrétaire général, sur franceinfo. Notamment parce que "les menaces de grève brandies ne concernent pas tous les lycées, loin de là", a précisé Florence Delannoy, proviseure d'un lycée polyvalent près de Lille (Nord) et secrétaire générale adjointe du SNPDEN à franceinfo. D'après ce syndicat, "les taux de mobilisation dans l'année dans le second degré ont atteint, en moyenne, entre 4 et 12%".

Le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, est sur la même ligne : "C'est arrivé plus fréquemment que ça que la menace soit brandie. Après, qu'elle soit mise en œuvre, c'est autre chose (...). Mon premier devoir, c'est de faire en sorte que ça s'organise bien et ce sera le cas", a-t-il promis sur France 2.

Mon devoir auprès des élèves et de leur famille c'est de leur dire, aujourd'hui, que le 17 juin, les épreuves se dérouleront normalement et que nous nous organiserons.

Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education

sur France 2

Le ministre soutient qu'il "n'y aura pas beaucoup de grévistes", car "les professeurs sont des gens responsables et savent qu'on ne fait pas ça le jour du baccalauréat". De plus, cet appel à la grève n'est pas suivi par tous les syndicats car certains ont refusé de se joindre à cette action. Une grève, ce jour-là, "prend le risque d'opposer les enseignants aux élèves et à leurs familles", relève le SE-Unsa.

Davantage de professeurs sollicités

Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN, estime qu'il faudrait 60% de grévistes pour vraiment mettre en difficulté l'organisation des épreuves. Si ce chiffre était toutefois atteint, il se veut rassurant : "On a pris un certain nombre de mesures de précaution pour gonfler nos effectifs de surveillants et ne pas nous retrouver en difficulté. On a puisé assez largement dans nos effectifs enseignants en sur-convoquant pour lundi, de manière à nous assurer que nous avons la capacité, au minimum, de mettre un surveillant dans chaque salle", a-t-il affirmé à franceinfo

On imagine qu'avec les précautions prises d'un côté, et le nombre qu'on peut espérer minoritaire de collègues mobilisés, on sera en capacité d'organiser les épreuves, en tout cas de garantir des conditions normales de surveillance et donc la régularité des épreuves.

Philippe Vincent, secrétaire général du SNPDEN

à franceinfo

Si le mouvement venait à s'intensifier, des procédures existent pour éviter la rupture d’égalité entre les candidats. En cas de retard ou de blocages dans plusieurs centres d’examen, le ministère de l’Education a la possibilité de réorganiser une épreuve avec des sujets différents, prévoir des surveillants supplémentaires. Les proviseurs peuvent également réquisitionner des enseignants pour pallier ces absences. "On ne réquisitionne que quand il y a un vrai danger et, pour l'instant, je le répète, certes des préavis de grève ont été déposés, mais actuellement la grève semble être un souhait relativement minoritaire", tempère Florence Delannoy.

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