: Vidéo Complément d'enquête. Casinos Barrière : soupçons d'entente avec Nicolas Sarkozy
Voici un extrait de "Complément d'enquête" sur une affaire qui révèle l'influence du lobby casinotier au plus haut niveau de l'Etat. Nicolas Sarkozy est alors ministre de l'Intérieur, et Dominique Desseigne, Pdg du puissant Groupe Barrière, est son ami...
Dans un document rediffusé le 5 mai 2016, "Complément d'enquête" revient sur une affaire révélant l'influence du lobby casinotier au plus haut sommet de l'Etat. Nous sommes au début des années 2000. Nicolas Sarkozy est devenu ministre de l'Intérieur. Dominique Desseigne, le Pdg du numéro 1 du jeu français, le Groupe Barrière, est l'un de ses amis. Et le ministre de tutelle de son activité, c'est justement celui de l'Intérieur...
L'histoire se passe dans le bassin d'Arcachon. Julien Daguerre a rencontré Frédérique Ruggieri, la propriétaire du casino de Gujan-Mestras. Son affaire tourne bien aujourd'hui, mais a failli ne jamais voir le jour. Pourtant, en 2002, tout avait bien commencé. La mairie préfère alors le projet de cette novice à l'offre des deux géants du secteur, Partouche et Barrière. Frédérique Ruggieri investit 6 millions d'euros dans un casino flambant neuf. Elle n'en reçoit "que des félicitations" : "Le casino est beau, il plaît, le maire est content comme tout, je sais que le préfet est d'accord..." Ne manque que l'aval de la Commission supérieure des jeux, une instance du ministère de l'Intérieur.
Mais là, coup de théâtre... La Commission oppose au projet un refus catégorique. Motif : il y aurait trop de casinos dans la région − des établissements appartenant à Partouche et à Barrière. Or ce dernier va se voir accorder au même moment une autorisation pour 50 machines à sous à Bordeaux, soit des millions d'euros de revenu annuel assurés… Paradoxal, non ? C'est bien l'avis de Renaud Lecadre, journaliste de Libération, auteur d'une enquête sur cette affaire : Sarkozy, carte maîtresse des casinotiers du bassin d'Arcachon.
Plainte pour "trafic d'influence"
Pour en avoir le cœur net, Julien Daguerre a interrogé un membre de la Commission, Léonce Deprez. Celui-ci, maire UMP du Touquet, station balnéaire dotée de deux casinos, jure "n'œuvrer que dans le sens de l'intérêt général, jamais dans le sens d'un intérêt privé". Mais la justice française ne partage pas son sens de l'intérêt général et somme l'Intérieur de revoir sa copie. Devant un nouveau refus, Frédérique Ruggieri porte plainte contre le président de la Commission des jeux pour "trafic d'influence" au profit de Partouche et Barrière.
C'est au tour de l'avocat du Groupe Barrière, Alain Maillot, de jurer que "jamais Dominique Desseigne n'a demandé quelque soutien de quelque nature que ce soit à Nicolas Sarkozy, ni à aucun ministre ou homme politique", niant tout "traitement de faveur". Le second cador des machines à sous, Patrick Partouche, est plus "cash" : "Elle [Frédérique Ruggieri] est montée sur un ring où c'était lourd en face", voilà tout...
Quand le ministre de l'Intérieur passe par Arcachon, l'indépendante des casinos lui demande des comptes. Celle-ci sera finalement autorisée à ouvrir son établissement… si elle retire sa plainte. Une condition dictée, selon elle, par l'entourage de Sarkozy. Si rien ne prouve un coup de pouce du futur président à son ami Desseigne, l'ombre du soupçon plane toujours sur les deux hommes.
C'est vous qui le dites sur Twitter :
#Sarkozy a favorisé le développement des casinos #Barriere en cassant la concurrence #cdenquete
— Romain Gouleau (@GouleRo) 5 mai 2016
C'est fou qu'en regardant un reportage sur les casinos, on arrive quand même à tomber sur une nouvelle casserole pour Sarkozy. #cdenquete
— Neacko (@Neacko83) 5 mai 2016
Extrait de "Complément d'enquête. Amour, drames et casinos : l'empire des Barrière", rediffusé le 5 mai 2016.
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