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Affaire des "écoutes" : les propos de Nicolas Sarkozy "minent la démocratie", l'attitude de Gérald Darmanin "pose problème", selon une magistrate

Invitée de franceinfo, Évelyne Sire-Martin, présidente de chambre à la Cour d'appel de Versailles, dénonce l'attitude de Nicolas Sarkozy, après sa condamnation dans l'affaire des "écoutes". Il "utilise une sorte de théorie du complot", regrette la magistrate.

Article rédigé par franceinfo
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Nicolas Sarkozy au tribunal correction de Paris, le 1er mars 2021. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

L'ancien président Nicolas Sarkozy dénonce "une injustice profonde" après sa condamnation pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire des "écoutes", lundi 1er mars, à un an de prison ferme, dans une interview publiée mercredi 3 mars par Le Figaro. L'ex-président n'exclut pas d'aller devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) pour que "triomphent le droit et la justice".

"Nicolas Sarkozy utilise une sorte de théorie du complot, c'est quelque chose qui mine la démocratie", a réagi, mercredi 3 mars sur franceinfo, Évelyne Sire-Marin, présidente de chambre, à la Cour d’appel de Versailles, ancienne présidente du Syndicat de la magistrature.

>> Nicolas Sarkozy condamné dans l'affaire des "écoutes" : trois questions qui se posent après ce jugement sans précédent

"Ces critiques incendiaires de la part d'un ancien président de la République sont vraiment terribles pour la démocratie, estime la magistrate. Monsieur Sarkozy explique que les juges qui l'ont jugé, qui sont indépendants et très spécialisés en matière financière, sont incompétents en droit, ne sont pas impartiaux et sont consanguins."

L'important c'est que "ce jugement soit motivé en droit, l'infraction de corruption est établie par un faisceau d'indices comme c'est très souvent le cas, poursuit Évelyne Sire-Martin. On n'a pas de flagrant délit direct. En droit, ce jugement est motivé et permet de le déclaré coupable. Ce dénigrement constant de l'institution judiciaire, de l'autorité de la justice ne renforce pas du tout l'autorité politique. Le parquet national financier a été créé en 2013 à la suite de l'affaire Cahuzac, pas contre Nicolas Sarkozy, ça c'est du narcissisme."

Le soutien de Gérald Darmanin "pose un problème de confusion des institutions"

Évelyne Sire-Martin a également réagi aux propos de Gérald Darmanin sur cette affaire. Lundi 1er mars, le ministre de l'Intérieur a apporté son "soutien amical" à l'ancien chef de l'État. "C'est une immixtion du pouvoir politique dans le fonctionnement de la justice", estime celle qui est présidente de chambre à la Cour d'appel de Versailles et ancienne présidente du Syndicat de la magistrature.

"Le ministre de l'Intérieur qui soutient quelqu'un qui vient d'être condamné, c'est quelque chose qui pose un problème, poursuit Évelyne Sire-Martin. On a tout à fait le droit de critiquer des décisions de justice, mais pas quand on est un ministre du gouvernement contre une décision qui vient d'être rendue contre un homme politique aussi important que Nicolas Sarkozy. Cela pose un problème de confusion des institutions."

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