Conférence de presse d'Emmanuel Macron : "Format monarchique", "soliloque"... Les oppositions dubitatives
Pour son "rendez-vous avec la nation", Emmanuel Macron choisit une grande conférence de presse. Le début est prévu à 20h15 mardi soir, devant plusieurs centaines de journalistes, une interview fleuve du chef de l'État d'au moins deux heures après un propos liminaire d'une quinzaine de minutes. À l'Assemblée nationale, les députés des oppositions sont déçus d'avance.
C'est le retour de cet adage des oppositions : "Pas encore vu, déjà déçu". L'exercice de donner un rendez-vous à la nation, ils le connaissent bien en six années de mandat d'Emmanuel Macron : grand débat, rencontres de Saint-Denis, conseil national de la refondation...
Des doutes sur le fond
Et pourtant, pour le député Les Républicains Pierre-Henri Dumont, il y a besoin de sortir du flou : "Que le président de la République trace un cap ! On ne sait pas quelles sont les réponses du gouvernement pour améliorer le pouvoir d'achat, en particulier de ceux qui travaillent. On est dans cette situation d'attente. La réalité c'est qu'on a l'impression qu'il n'y a pas vraiment de cap."
Des députés n'ont pas effacé l'ardoise de ces derniers mois, comme le communiste Pierre Dharréville. "Qu'il s'excuse pour tous les mauvais coups qu'il a faits depuis des semaines, des mois et des années à notre pays, demande l'élu. Qu'il fasse amende honorable sur cette mauvaise loi immigration anticonstitutionnelle, antirépublicaine, sur cette très mauvaise loi de casse du droit à la retraite. Je suis un peu dubitatif, je dois vous dire." Mais il n'est pas question de revenir en arrière, mardi soir : l'Élysée parle d'autres thèmes comme les politiques publiques, la santé, l'éducation et l'écologie, avec une deuxième partie consacrée à l'international.
Des doutes sur le format
Les députés sont dubitatifs et le mot est faible à entendre le député insoumis, proche de Jean-Luc Mélenchon, Paul Vannier : "C'est un format monarchique. C'est le président-roi qui fuit le peuple, qui ne va pas à sa rencontre alors qu'il l'avait promis."
"C'est un président-roi tout puissant qui s'exprime avant le Premier ministre, avant un gouvernement qui est toujours en formation et dont on ne connaît pas la feuille de route, qui de ce fait porte atteinte à notre démocratie, au fonctionnement de notre République, à l'équilibre des pouvoirs... C'est un seuil de plus qui est franchi dans l'autoritarisme macroniste", conclu le député.
Les oppositions exigent un vote de confiance, comme il est d'usage à chaque fois qu'un gouvernement est désigné. Mais cette option semble écartée pour l'instant. LFI menace de déposer une motion de censure si ce n'est pas le cas. Une motion qui sera très certainement votée par une grande partie de la gauche.
"La nation, ce n'est pas le miroir de Monsieur Macron"
Quant au Rassemblement national, c'est aussi la forme de l'exercice présidentiel de mardi soir qui indigne le député Jean-Philippe Tanguy : "On était dans un environnement où on parlait de référendum, de consulter directement les Français, de prendre une initiative démocratique. Si le grand rendez-vous avec la nation est un soliloque ou un monologue de Monsieur Macron avec lui-même, et les questions autorisées des journalistes - puisque la liberté de la presse avec Monsieur Macron dans ce genre d'exercice est très limitée malheureusement -, je crois qu'on est très loin d'un rendez-vous avec la nation. La nation ce n'est pas le miroir, même déformant, de Monsieur Macron."
Rappelons quand même que 300 à 400 journalistes sont conviés et qu'aucune question ne sera relue par l'Élysée avant ce face-à-face d'Emmanuel Macron avec les médias.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.