La conférence de presse présidentielle : un exercice inventé par le général De Gaulle

Mardi soir à 20h15, Emmanuel Macron donnera une conférence de presse, s'inscrivant dans une tradition gaullienne. Et depuis le général, à chaque présidence, son style, comme un reflet des sujets qui nous préoccupent.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
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Emmanuel Macron, lors d'une conférence de presse, à l'Élysée, à Paris, le 31 octobre 2023. (MICHEL EULER / POOL / AFP)

Le chef de l'État répondra aux questions des journalistes depuis l'Élysée, mardi 16 janvier et pourrait faire quelques annonces. La conférence de presse présidentielle est un genre inventé par le général de Gaulle. Le 25 mars 1959, pour la première fois en France, un président de la République parle politique et répond aux questions de près de 600 journalistes.

Jusqu’à ce jour, comme le raconte Paris Match, "l'Élysée était le temple de la République. On n'y parlait qu'à voix basse. Et encore ce qu'on y disait n'avait-il pas grande importance", écrit le magazine. Pour cette première conférence de presse, diffusée par l'ORTF et qui a lieu à Matignon devant près de 600 journalistes, le protocole est bien établi. Le président de la République est sur une estrade, au pied de laquelle le gouvernement dans son ensemble est réuni, au premier rang. Les questions ont été soumises en amont, au menu : la situation en Algérie et la crise de Berlin.

À propos de ce moment, l’intellectuel Raymond Aron parle dans Le Figaro en 1963 d'une "œuvre d’art" au cours de laquelle "l'orateur survole la planète, rappelle le passé et jette des rayons de lumière sur l’avenir". Mais ce que l'histoire retient aussi des conférences de presse de De Gaulle ce sont ses bons mots, comme lorsqu'il répond à un journaliste à propos de sa santé, en 1965, "Je ne vais pas mal, mais rassurez-vous, un jour je ne manquerai pas de mourir".

Georges Pompidou cite Paul Éluard pour évoquer un fait divers...

Après De Gaulle, Geroges Pompidou tente de prendre ses distances par rapport au style de son prédécesseur. Ce dernier cite, par exemple, Paul Eluard pour répondre à une question à propos de l'affaire Gabrielle Russier, le suicide de cette enseignante, condamnée pour avoir eu une liaison avec un de ses élèves. "Comprenne qui voudra. Moi, mon remords ce fut la victime raisonnable au regard d'enfant perdu, celle qui ressemble aux morts, qui sont morts pour être aimés", déclame alors Georges Pompidou.

Pour Valéry Giscard d’Estaing, dépoussiérer l’exercice consista à se tenir debout face à un pupitre. François Mitterrand, lui, réservait les "confs de presse" aux situations exceptionnelles, comme en 1991 lors de la guerre du Golfe. Jacques Chirac, lui, ne donna que quatre conférences de presse en 12 ans de mandature, la première pour annoncer la reprise des essais nucléaires à Mururoa.

... Nicolas Sarkozy parle de son histoire avec Carla

Mais c'est vraiment ces dernières années que la conférence de presse se fit la plus triviale, autour des romances de François Hollande et Nicolas Sarkozy, avec notamment cette réponse de Nicolas Sarkozy qui restera, elle aussi, dans les annales, à sa manière : "Oui, avec Carla, c’est du sérieux, et pour le mariage ce n’est pas le JDD qui fixera la date". Comme quoi, l'histoire des conférences de presse en dit bien plus qu’on ne pourrait le penser des problèmes du monde et de la manière dont on les hiérarchise.

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