: Vidéo 8-Mai : la directrice du musée de la Libération insiste sur la nécessité de "se souvenir de l'action" de Jean Moulin
Alors que la France commémore le lundi 8 mai 1945, date de la victoire des forces alliées sur l'Allemagne nazie, Emmanuel Macron est attendu à l'ancienne prison de Montluc, où Jean Moulin et d'autres résistants furent détenus pendant la Seconde Guerre mondiale. "C'est important de se souvenir et de connaître l'action de Jean Moulin", souligne sur franceinfo Sylvie Zaidman, directrice du musée de la Libération de Paris -musée du général Leclerc - musée Jean Moulin. Elle rappelle le rôle qu'a eu Jean Moulin dans l'organisation de la Résistance "éparse et éparpillée en 1941".
>> Commémorations du 8-Mai - Suivez notre direct
franceinfo : Pourquoi est-ce si important de rendre hommage à Jean Moulin ?
Sylvie Zaidman : Ce qui est important, c'est de se souvenir et de connaître l'action de Jean Moulin. C'est important de remettre les choses dans leur place historique, et de comprendre ce qu'a apporté cette résistance à la Libération de la France. La commémoration, c'est une façon de se souvenir, mais ce n'est pas la seule. Notre travail dans les musées et notre travail d'historien, c'est de recontextualiser et d'apporter des éléments de compréhension. C'est une chose de commémorer, c'est une autre de savoir pourquoi.
Quand Jean Moulin rejoint-il la résistance ?
Né en 1899, Jean Moulin mène une vie de haut fonctionnaire : il est le plus jeune sous-préfet de France, puis plus jeune préfet de France. Quand il participe aux ministères, notamment du Front populaire, quelque chose se met en place. Il fait partie de ceux qui amènent de l'aide de manière clandestine à la République espagnole contre les franquistes. Le 17 juin 1940 est certainement fondateur pour Jean Moulin. Il voit alors déferler sur sa ville de Chartres [où il est préfet] tous les réfugiés de l'exode. Rappelons, que dans cette période du 12-14 juin 1940, la moitié de la France est sur les routes, huit millions de personnes sont sur les routes, complètement terrorisées par l'arrivée et l'avancée fulgurante des troupes allemandes. C'est là que Jean Moulin décide de rester à son poste et de les accueillir. Lorsque les Allemands arrivent à Chartres, ils essaient de lui faire signer un protocole qui incrimine les tirailleurs sénégalais de massacres qu'ils n'ont pas commis. Il va refuser et se raidir au nom de l'honneur de la France et de l'armée. Les Allemands le molestent. Il prend un morceau de verre et il essaie de se trancher la gorge.
Il ne trahira jamais la France, et c'est ça qui va le guider jusqu'à sa mort, trois ans plus tard ?
C'est comme ça qu'il faut voir les choses effectivement. À partir de là, il va se dire qu'il faut faire quelque chose et il va rentrer dans une résistance. Charles de Gaulle va lui confier comme mission d'abord d'organiser la résistance. En 1941, elle est assez éparse et éparpillée. Il va donc en zone sud et s'installe à Lyon. Il va organiser la résistance, avec une poignée de résistants. C'est une résistance politique qui s'installe là, avec des liens avec Londres.
Arrêté par la Gestapo en 1943, Jean Moulin est détenu dans la prison de Montluc. Le président de la République va se rendre à Lyon pour lui rendre hommage en ce 8-Mai. Est-ce, selon vous, un symbole important ?
Ce qui est important, c'est de resituer les lieux, de comprendre comment cette arrestation s'est faite. Elle s'est faite le 21 juin 1943 à Caluire-et-Cuire. Jean Moulin va être torturé par Klaus Barbie, il sera ensuite envoyé à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) où il sera probablement torturé à nouveau, avant d'être envoyé en Allemagne. Et c'est dans le train, aux alentours du 8 juillet qu'il va mourir.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.