: Vidéo "Il me reste une centaine d’euros pour tenir" : le fragile moral des étudiants confinés dans leur résidence universitaire
Selon les derniers chiffres disponibles, 57 000 étudiants sur les 175 000 accueillis habituellement par le Crous, sont bloqués dans leur résidence. À La Rochelle, si certains ont fait ce choix délibéré, d’autres subissent la situation et commencent à trouver le temps (-très-) long.
Ils sont originaires d’Algérie, du Burkina Faso, du Mexique ou d’Outre-mer, piégés par la fermeture des frontières pour endiguer l'épidémie de coronavirus Covid-19, quand les autres étudiants quittaient leur cité universitaire pour rentrer chez eux. Depuis le 17 mars et le début du confinement, eux n’ont pour tout horizon que les quatre murs de leur chambre. Selon les derniers chiffres disponibles, 57 000 étudiants sur les 175 000 accueillis habituellement par le Crous en France, sont bloqués dans leur résidence.
A La Rochelle, certains de ces étudiants ont fait ce choix délibéré mais beaucoup subissent la situation et commencent à trouver le temps long. Ainsi, privée d’avion, Hassanati, qui étudie le tourisme a dû renoncer au voyage qu’elle avait prévu chez elle, à Mayotte, auprès de sa famille. "Ça s’est vidé en deux jours ! Là je devrais être sous les cocos, avec 30°C, avec ma mamie… Ma famille me manque énormément", soupire-t-elle, rêveuse. Comme Hassanati, ils sont 270, encore présents dans les cités universitaires de La Rochelle. Dans sa chambre de 9 m2, Ramiro, un étudiant mexicain en génie civil, a imaginé un programme avec une activité différente chaque jour. "Par exemple, explique-t-il, aujourd’hui je vais réviser mes cours, demain j’irai courir, puis après-demain j’écouterai de la musique, puis j’appellerai ma famille. Je suis tout seul, donc c’est un peu stressant."
"Je ne suis pas très loin d’être à sec"
Quand le confinement a débuté, Majid, du Burkina Faso, a dû abandonner son travail de serveur qui l’aidait à financer ses études. Depuis, le jeune homme surveille scrupuleusement ses dépenses. "Là, actuellement, je vis sur mes économies, je ne suis pas très loin d’être à sec, souligne l’étudiant. Je maintiens ce qui est nécessaire pour vivre : des pâtes, des boites de conserve de sardine… Il me reste une centaine d’euros pour tenir jusqu’à la fin du confinement."
Pour évaluer le moral de ses étudiants, le Crous a mis en place un système d’appel téléphonique : tous les deux jours, Justin, un étudiant volontaire, prend ainsi des nouvelles des confinés, pour savoir si tout va bien.
On est très vigilants parce que ça peut aller bien en début de semaine, et moins bien en fin de semaine…
Karine Peltier, directrice du Crousà franceinfo
Pour ces étudiants, les questions sont à la mesure de l'inquiétude. "Quand est-ce qu’on va rentrer ? résume Karine Peltier, directrice du Crous. Est-ce que je vais pouvoir continuer à manger tous les jours ? Est-ce que le virus ne va pas se développer ? Certains ont peur de sortir. On ressent ces difficultés et on oriente vers des spécialistes." Des colis d’aide alimentaire sont distribués aux étudiants les plus en difficulté, une aide psychologique via la téléconsultation est aussi disponible. Et puis, pour briser la routine du quotidien, des mini-concerts sont organisés une fois par semaine en extérieur, devant l’entrée de la résidence. Les étudiants y assistent… depuis leur fenêtre ou leur balcon.
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