Cet article date de plus de deux ans.

Covid-19 : pourquoi des soignants et des politiques réclament un report de la rentrée scolaire de janvier

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5 min
Des enfants dans une école de Ligné (Loire-Atlantique), le 2 septembre 2021. (ESTELLE RUIZ / HANS LUCAS / AFP)

Alors que les cas de contaminations flambent chez les enfants et les adolescents, des professionnels de santé et des élus pressent le gouvernement de décaler la rentrée après les fêtes de fin d'année. L'objectif ? Eviter une vague "inédite" de prise en charge hospitalière des jeunes.

A quelques heures d'un conseil de défense sanitaire très attendu, lundi 27 décembre, le gouvernement se retrouve une nouvelle fois dos au mur. Son nouveau dilemme ? Maintenir la rentrée scolaire, lundi 3 janvier 2022, comme prévu, et ainsi permettre à plus de 14 millions d'écoliers, collégiens, lycéens et étudiants d'aller en cours presque normalement ou alors décaler la rentrée d'une à plusieurs semaines. Le but est de faire face au variant Omicron et de tenter de contenir une épidémie qui a dépassé le triste record des 100 000 contaminations quotidiennes en France.

>> Covid-19 : les dernières informations sur l'épidémie dans notre Direct

Si, selon les informations de franceinfo, l'exécutif n'optera pas pour un report de la rentrée – Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale, a balayé cette hypothèse le 22 décembre sur le plateau de LCI en parlant de mesure "contraire au bon sens" –, Emmanuel Macron est plus que jamais sous la pression des soignants. Cinquante d'entre eux ont signé dimanche une tribune dans Le Journal du dimanche pour demander au gouvernement "le report de la rentrée du 3 janvier, à haut risque compte tenu de sa proximité avec les festivités du Nouvel An, avec recours au télé-enseignement".

A droite, des élus comme Valérie Pécresse pressent également le chef de l'Etat de décaler la reprise des cours. "Il faut préparer la rentrée. Et préparer la rentrée, ça veut sans doute dire repousser d'une semaine la rentrée scolaire, pour protéger les Français", a lancé la candidate des Républicains à la présidentielle, le 18 décembre au micro de TF1.

Franceinfo vous explique pourquoi le personnel soignant et certains élus plaident pour un report de la rentrée scolaire au-delà du 3 janvier.

Parce que le taux d'incidence est en forte hausse chez les enfants et les ados

Chez les enfants de moins de 10 ans, le taux d'incidence a plus que doublé en un mois et demi. Alors que moins de 50 cas pour 100 000 habitants en une semaine étaient enregistrés au tout début novembre, la barre des 500 contaminations hebdomadaires a été franchie juste avant Noël, selon les chiffres de Santé publique France. Le taux d'incidence pour les écoliers de maternelle et de primaire avait même dépassé les 600 cas pour 100 000 habitants juste avant les vacances de Noël, le 17 décembre au soir.

Si les vacances scolaires permettent logiquement de faire baisser les infections chez les moins de 10 ans (514 cas pour 100 000 habitants au 23 décembre), les soignants s'inquiètent donc d'une reprise épidémique dans les classes de maternelle et de primaire dès la rentrée.

Pas d'effet vacances en revanche chez les 10-18 ans. Selon Santé publique France, le taux d'incidence pour cette catégorie de la population est en effet passé de 450 cas pour 100 000 habitants le 1er décembre à 786 juste avant Noël. 

Des chiffres qui inquiètent le personnel de santé autant que ceux des contaminations positives totales depuis début novembre, même si les Français se font globalement de plus en plus plus tester. "Depuis début novembre, plus de 300 000 enfants et adolescents ont été confirmés positifs au Covid-19", s'alarment les 50 soignants dans leur tribune adressée directement au ministre de la Santé, Olivier Véran.

Parce que le taux d'incidence explose aussi chez les 20-29 ans

La situation est encore plus inquiétante chez les jeunes adultes, catégorie où le taux d'incidence a presque quadruplé en moins d'un mois par rapport au reste de la population. Selon Santé publique France, 1 416 cas positifs ont été enregistrés le 23 décembre, contre environ 400 le 1er décembre.

Le taux d'incidence chez les 20-29 ans a même explosé de 108% rien que sur la semaine du 20 décembre. Les vacances scolaires, qui ont également débuté le 17 décembre pour les 2,7 millions d'étudiants, n'ont eu aucun effet sur la baisse des contaminations. Une situation qui peut s'expliquer par le fait que les 20-29 ans continuent d'avoir des interactions après les cours, contrairement aux moins de 10 ans.

Parce que le taux de vaccination chez les enfants est très faible

Le virus, et notamment le variant Omicron, circule beaucoup chez les moins de 10 ans car l'ouverture à la vaccination pour les 5-11 ans a débuté seulement depuis le 22 décembre, au début des vacances scolaires.

Une décision prise trop tardivement par le gouvernement ? Les soignants signataires de la tribune se disent surtout "inquiets des propos de certains experts, qui continuent de minimiser l'impact du Covid-19 sur les enfants et mettent en question l'intérêt de la vaccination pour les enfants de 5-11 ans, au moment même où la campagne de vaccination va être lancée en France et nécessite un important effort pour obtenir l'adhésion de parents"

Pour les 12-17 ans, l'injection des vaccins est possible depuis le 15 juin dernier et au 23 décembre, 77,65% de cette catégorie de la population avait reçu son schéma vaccinal complet (deux doses) selon les chiffres du ministère de la Santé relayés par Covidtracker. Mais seulement 1,33% ont reçu trois doses et 19,10% d'entre eux ne sont pas du tout vaccinés.

Enfin, concernant les 18-29 ans, seulement 17,59% ont reçu leur dose de rappel au 23 décembre, et plus de 90% sont doublement vaccinés.

Des chiffres qui progressent mais qui restent pour le moment très insuffisants pour les soignants qui alertent le gouvernement. Selon plusieurs études menées récemment sur le Pfizer-BioNTech, les vaccins perdent en effet de leur efficacité dans le temps.

Parce que la vague de prise en charge de jeunes s'annonce "inédite"

Alors que le nombre d'hospitalisations est en forte hausse (16 365 sur la dernière semaine) sur l'ensemble de la population et partout en France selon Santé publique France, les 50 soignants s'inquiètent dans leur tribune d'une augmentation du nombre d'enfants hospitalisés. Un chiffre qui s'élève à 800 enfants de moins de 10 ans et 300 adolescents de 10 à 19 ans hospitalisés en six semaines, selon ces derniers. "Nous constatons un engorgement des services hospitaliers pédiatriques, une tension hospitalière très marquée et une surcharge très importante de la médecine de ville. Il est important de tout faire pour minimiser les risques de transmission dans toutes les tranches d'âge, et particulièrement dans les écoles", expliquent-ils.

Avant d'ajouter : "Nous nous attendons à une vague inédite, dans les semaines à venir, de prise en charge d'enfants atteints du syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique, ainsi que de séquelles liées à l'évolution, dans certains cas, d'une forme durable de la maladie ("covid long pédiatrique")"

Parce que l'école n'est "pas assez soutenue financièrement" pour lutter contre le virus

Les signataires de la tribune adressée au gouvernement déplorent aussi "les faibles moyens déployés jusqu'à présent par le ministère de l'Education nationale pour freiner l'épidémie dans les écoles, que ce soit pour lutter contre le risque aéroporté de contamination, comme pour organiser des campagnes de tests efficaces".

Ils demandent ainsi à l'exécutif de prendre plusieurs mesures pour y remédier, comme "la sensibilisation des instances éducatives sur la transmission par aérosols et les pratiques à adopter pour limiter le risque de contamination aéroportée du virus : capteurs de CO2, aération, ventilation..." ou encore qu'un "nouveau protocole sanitaire dans les écoles, basé sur des mesures efficaces, déclenchées par des indicateurs épidémiques, connus et anticipés" soit mis en place.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.