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Soignants-non-vaccinés : le président du Syndicat des médecins réanimateurs plaide pour des "mesures dérogatoires, au moins transitoires"

Le docteur Djilali Annane regrette la décision du gouvernement de ne pas réintégrer les soignants non-vaccinés, car cela alimente un sentiment de défiance chez les soignants et l'hôpital manque cruellement de personnel.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le service des urgences de l'hôpital Emile Muller de Mhulhouse, le 4 juillet 2022. (DAREK SZUSTER / MAXPPP)

"Cette obligation vaccinale maintenue sans mesure dérogatoire, au moins transitoire, est dommage", a réagi vendredi sur franceinfo le docteur Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'Hôpital Raymond Poincaré de Garches et président du Syndicat des médecins réanimateurs (SMR), alors que le gouvernement a décidé que les soignants non-vaccinés ne seraient pas réintégrés, suivant l'avis négatif de la Haute Autorité de santé.

Djillali Annane pointe "la situation catastrophique dans laquelle se trouve l'hôpital public". Selon lui, on ne peut pas se passer de la moindre ressource" actuellement à l'hôpital. Le chef de service dénonce "la stigmatisation d'un groupe de soignants".


franceinfo : Est-ce que la décision du gouvernement est logique ?

Djilalli Annane : La décision du gouvernement est logique dans la mesure où elle suit les recommandations de la Haute Autorité de santé et de l'Académie de médecine à un degré moindre. Mais dans la pratique, cette obligation vaccinale maintenue sans mesure dérogatoire, au moins transitoire compte tenu de la situation catastrophique dans laquelle se trouve l'hôpital public, est peut-être dommage. On comprend bien l'intérêt important en matière de santé publique à ce qu'il y ait une couverture vaccinale des soignants, notamment les soignants qui exercent auprès des plus fragiles. Néanmoins, dans la situation dans laquelle on se trouve aujourd'hui, on ne peut pas se passer de la moindre ressource.

Le ministre de la Santé dit que cela ne changerait pas grand-chose dans les hôpitaux et que cela ne concerne pas énormément de personnes. Qu'en pensez-vous ?

Cela change symboliquement dans la stigmatisation d'un groupe de soignants et donc dans le climat. La situation dans laquelle on se trouve est due en grande partie à une très mauvaise atmosphère, à un très mauvais climat, à de la défiance de beaucoup de soignants qui hésitent à revenir travailler à l'hôpital. Et autant j'adhère complètement à la nécessité, sur un plan de santé publique, de la couverture vaccinale des soignants, autant dans la situation critique dans laquelle on se trouve, qui nécessite des mesures exceptionnelles, une dérogation à cette obligation, à titre transitoire aurait été probablement un élément important pour les jours et les semaines qui viennent, pour cette situation très aiguë et très difficile que l'on vit.

Est-ce que ce retour des personnels soignants non-vaccinés aurait-il été facile face aux autres soignants vaccinés ?

De toute façon, quand on travaille au quotidien, on ne se demande pas qui est vacciné, qui n'est pas vacciné. Les soignants, au contact des patients, ont les gestes barrières les plus rigoureux qui puissent exister aujourd'hui. Il faut avoir cette nuance. Il y a les gestes barrières qui sont extrêmement renforcés à l'hôpital. Et n'oublions pas que le vaccin n'empêche pas la transmission. Le vaccin prévient les formes graves. Ce n'est pas parce qu'on est vacciné qu'on ne peut pas transmettre. Et ce n'est pas parce qu'on est vacciné à l'hôpital que l'on ne fait pas de gestes barrières extrêmement rigoureux. Donc je ne suis pas convaincu par cet argument-là.

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