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Témoignages Covid-19 : "J'ai vendu ma voiture, je mange aux Restos du Cœur", confie un soignant non-vacciné suspendu, qui espère un changement

Plusieurs milliers de soignants sont toujours suspendus car ils ont refusé de se faire vacciner contre le coronavirus. Alors que se pose la question de leur réintégration, témoignage de deux d'entre eux, suspendus par le centre hospitalier de Montauban dans le Tarn-et-Garonne.

Article rédigé par franceinfo - Kader Youb
Radio France
Publié Mis à jour
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Deux soignants, de dos, dans leur tenue stérile, le 9 juin 2022. (VINCENT VOEGTLIN / MAXPPP)

Les soignants non-vaccinés contre le Covid-19 pourront-ils retourner à leur poste ? Après une première lecture très mouvementée à l’Assemblée nationale, le projet de loi relatif au dispositif de veille et de sécurité sanitaire contre le Covid-19 doit être examiné ce mercredi 20 juillet par le Sénat. 

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Selon les chiffres du ministère de la Santé, il y aurait un peu moins de 12 000 personnels de santé suspendus en France, toute profession confondue (ce qui inclut donc les personnels administratifs et techniques), soit 0,53% des effectifs. Mais, alors que l'hôpital manque de bras, la semaine dernière, à l'Assemblée nationale, certains députés ont demandé la réintégration des personnels soignants suspendus à l'automne dernier car ils n'étaient pas vaccinés contre le Covid

Une décision attendue par Kevin : il travaillait au service de réanimation de l'hôpital de Montauban, mais il a refusé de recevoir une injection de vaccin. "Mes collègues ne comprenaient pas trop pourquoi je faisais ce choix-là. Mais tant pis, quitte à perdre mon poste, j'ai préféré dire non", raconte-t-il à franceinfo. Suspendu par sa direction le 14 septembre, il a dû s’organiser en effectuant quelques boulots, sans lien avec le secteur médical, et avec difficultés. 

Soignants non-vaccinés suspendus : le témoignage de Manuela et Kevin au micro de Kader Youb

Plus de salaires, plus de congés

"Ca a été très long, j'ai vendu ma voiture, ajoute-t-il. Le RSA (revenu de solidarité active) a été très compliqué à avoir. Au début, ils ne voulaient pas me payer. Du coup, tous les mercredis, je mange grâce aux Restos du Cœur", confie Kevin.

"Je l'ai pris comme une injustice", abonde Manuela, infirmière auprès des personnes âgées, elle aussi à l’hôpital de Montauban. "J'ai très mal vécu le fait de ne pas être payée, le fait aussi de perdre des congés. Quand vous êtes en arrêt maladie, vous ne perdez pas vos droits aux congés. Par contre en suspension, vous les perdez." Elle dit ensuite considérer "sa suspension comme une sanction déguisée parce qu’ils veulent passer le fait qu’on refuse d’être vaccinés pour une incapacité à exercer notre travail. Ce n’est pas, ce ne peut pas être une incapacité à exercer."

Le statut de soignant suspendu est un statut de paria.

Manuela, soignante non-vaccinée

à franceinfo

Si demain le gouvernement décide de réintégrer le personnel soignant non-vacciné, Kevin veut reprendre son poste. "J'ai une appréhension au niveau de comment ça va se passer avec mes collègues. Comment ils vont me voir ?, s'interroge-t-il. Mais j'ai besoin de travailler, j'ai besoin d'avoir une paie à la fin du mois, là c'est pour manger, c'est pour redresser la barre."

Manuela aussi souhaite pouvoir reprendre très rapidement le travail. Et de souffler : "Pour moi, il vaut mieux convaincre que contraindre… La colère gronde et j’entends d’ailleurs de plus en plus de mes collègues qui parlent de la 4e dose et ne la feront pas. On en peux plus de ces rappels à l’infini.

Mais ces deux soignants assument toujours totalement leur choix de la non-vaccination contre le Covid à l’automne dernier : "Je soutiens et défends ceux qui ont refusés la vaccination", conclu Manuela.

Le centre hospitalier de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, en juillet 2022. (KADER YOUB / FRANCEINFO)

L'Académie de médecine "fermement" opposée

Dans un avis publié mardi, l'Académie de médecine s'est opposée "fermement" à la réintégration des soignants non-vaccinés jugeant qu'un "revirement" nuirait au "climat de confiance" entre les soignants et les patients, aux malades fragiles, sans résoudre les difficultés de l'hôpital. "Tout refus de se faire vacciner motivé par des convictions personnelles est respectable, mais incompatible avec le métier de soignant", peut-on lire dans ce communiqué de l'Académie, qui souligne aussi que "la baisse d'efficacité des vaccins pour prévenir l'infection et la contagion par les nouveaux variants du SARS-CoV-2 ne saurait justifier la réintégration des non vaccinés : les vaccins actuels conservent une efficacité résiduelle contre la transmission, qui doit être complétée par le respect strict des gestes barrière en milieux de soin."

Enfin, les "Sages" précisent que "la vaccination restant très efficace vis-à-vis des différents variants et sous-variants pour protéger contre les formes sévères de Covid-19, elle permet de rendre exceptionnelle la reconnaissance de Covid-19 grave en maladie professionnelle chez les soignants vaccinés.

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