Covid-19 : quels leviers le gouvernement peut-il actionner pour remplir les créneaux de vaccination ?
Plus de 280 000 rendez-vous sont disponibles dans les cinq prochaines semaines. Pour ne pas perdre de doses, certains centres vaccinent des personnes qui ne sont pas encore éligibles. Mais il n'est pas question pour le moment d'ouvrir la vaccination à tous les Français.
Interrogé en conférence de presse mercredi 28 avril au sujet de la vaccination, le Premier ministre Jean Castex a reconnu qu'un "certain nombre de rendez-vous [n'étaient] pas honorés". Face à ce constat, il a réaffirmé sa volonté de conserver le calendrier vaccinal actuel, mais si la dynamique se confirmait, alors le gouvernement réfléchirait à "un élargissement des publics, mais ceci est prématuré".
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Sur le site ViteMaDose, plus de 280 000 créneaux sont annoncés disponibles mercredi, un chiffre qui semble démontrer un refus de vaccination de nombreux Français pourtant éligibles. Mais il faut d'abord noter le nombre de créneaux disponibles est indexé sur les livraisons. Ainsi, un grand nombre de créneaux ouverts ne signifie pas forcément un ralentissement de la vaccination. D'autant que les 280 000 créneaux disponibles sont étalés sur les cinq prochaines semaines.
"C'est normal qu'il y ait de plus en plus de créneaux disponibles à l'instant T, car nous avons de plus en plus de doses", justifie le ministère de la Santé dans Le Parisien. De son côté, la direction de Doctolib met en avant 200 000 à 250 000 rendez-vous pris chaque jour via son site internet. Franceinfo a identifié trois leviers que le gouvernement pourrait actionner pour remplir ces nouveaux créneaux disponibles.
Encourager la prise de rendez-vous
Avant d'élargir les critères de vaccination, le ministre de la Santé Olivier Véran souhaite tout d'abord encourager les personnes éligibles qui ne sont pas encore vaccinées à prendre rendez-vous. En visite dans les locaux de la cellule de crise de l'ARS d'Ile-de-France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) mardi après-midi, il s'est adressé aux "4,3 millions de Français qui doivent encore être vaccinés et sont éligibles" en les invitant "à se précipiter sur leur téléphone ou leur ordinateur pour qu'ils puissent se faire vacciner", rapporte Le Parisien.
"Ce n'est pas parce qu'une commune aurait vacciné 70% ou 80% de ses personnes âgées, qu'elle doit commencer à proposer la vaccination à des gens qui ont des risques beaucoup plus faibles de faire des formes graves", a ajouté Olivier Véran. Le ministre de la Santé invite donc les communes concernées à proposer leurs créneaux aux personnes éligibles des environs.
Elargir la liste des professions prioritaires
Dans la lignée du discours d'Emmanuel Macron du 31 mars, lors duquel le chef de l'Etat avait promis "une stratégie spécifique (...) pour toutes les professions les plus exposées", la liste des professions prioritaires pourraient encore être revue et corrigée. Après les enseignants, les policiers et les gendarmes âgés de plus de 55 ans, les conducteurs de bus, les livreurs, les routiers, les chauffeurs taxi et VTC, les agents d'entretien, les caissiers ou encore certains commerçants tels que les boulangers peuvent être vaccinés, selon la liste élargie du ministère du Travail.
Pour tous ces professionnels, s'ils sont âgés de plus de 55 ans, des créneaux de vaccination sont désormais réservés. Pour ne pas perdre de dose, des exceptions ponctuelles ont parfois lieu comme au Stade de France, où les personnels de plus de 45 ans, travaillant pour l'établissement public territorial de la Plaine Commune, ont pu recevoir une première injection mardi, avance Le Parisien.
Mobiliser davantage les listes d'attente
Pas vraiment encouragée par le ministre de la Santé, la vaccination de tous les publics existe tout de même de manière marginale sur le territoire. Dans certaines villes comme Nice ou Cannes, dans les Alpes-Maritimes, des dizaines de personnes qui ne sont pas officiellement éligibles reçoivent chaque jour une dose. Les plus de 60 ans restent prioritaires, mais lorsqu'aucun créneau n'est occupé par un patient répondant aux critères nationaux, le vaccinodrome du Palais des Festivals, à Cannes, n'hésite pas à proposer à des candidats plus jeunes de se faire vacciner.
En Seine-Saint-Denis, où une internaute a évoqué sur Twitter un élargissement à tous de la vaccination sans condition d'âge, une source à la direction de l'Assurance-maladie départementale répond à franceinfo qu'aucune mesure n'a été prise en ce sens et que "la vaccination n'a pas du tout été ouverte au moins de 55 ans". Selon Katy Bontinck, adjointe au maire de Saint-Denis chargée de la santé, des personnes qui figurent sur les listes d'attente des centres de vaccination "qui ne sont pas éligibles mais proches de la cible" sont parfois appelées pour que les doses trouvent preneurs.
Une pratique encouragée par le ministre de la Santé. "Les centres savent ce qu'ils ont à faire. Ils peuvent contacter des personnes peut-être un peu plus jeunes et qui présentent des comorbidités", a ainsi déclaré Olivier Véran le 22 avril en conférence de presse, cité par Sud Ouest, avant de mentionner en exemple les "personnes souffrant d'obésité importante". Il a d'ailleurs estimé qu'un élargissement potentiel de la vaccination aux personnes de moins de 50 ans atteintes d'obésité sévère de manière serait "probable d'ici la mi-mai".
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