Cinquième vague du Covid-19 : quelles sont les pistes du gouvernement en vue du conseil de défense sanitaire d'aujourd'hui ?
Un nouveau conseil de défense sanitaire se tiendra à l'Elysée vendredi après-midi, en réaction à la situation de l'épidémie et à la progression, très rapide, du variant Omicron du Sars-CoV-2.
Va-t-on vers de nouvelles restrictions à la veille des fêtes de fin d'année ? L'exécutif se réunit à l'Elysée, vendredi 17 décembre dans l'après-midi, pour un nouveau conseil de défense sanitaire sur l'évolution de la pandémie de Covid-19. Une réaction à la situation sanitaire en France, avec une moyenne glissante, sur sept jours, d'environ 50 000 cas quotidiens, et près de 3 000 patients atteints du Covid-19 recensés dans les services de réanimations et soins intensifs. D'après le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ce chiffre pourrait atteindre 4 000 à la fin de l'année.
L'émergence et la propagation rapide du variant Omicron préoccupent également l'exécutif français. Ce variant pourrait devenir dominant en Europe d'ici mi-janvier, a alerté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, mercredi. La situation "nécessite que nous puissions en anticipation prendre des mesures pour empêcher la diffusion" du virus, a défendu le ministre de la Santé mercredi, lors d'une audition à l'Assemblée nationale. Un discours également porté par le porte-parole du gouvernement, à l'issue du Conseil des ministres :
"Des décisions supplémentaires pourront être prises d’ici à la fin de la semaine, dans les prochains jours."
Gabriel Attal, porte-parole du gouvernementà l'issue du Conseil des ministres
Sur le sujet, Gabriel Attal évoque "plusieurs directions" privilégiées par le gouvernement : "D'abord, la poursuite de l'accélération de notre campagne de vaccination et de rappel, ensuite des mesures de renforcement s'agissant de nos frontières, et enfin des recommandations claires pour traverser et pour passer les fêtes le plus convenablement possible."
L'hypothèse d'un confinement ou d'un couvre-feu est évacuée
Des mesures strictes telles qu'un nouveau couvre-feu, un confinement ou des restrictions de circulation lors des fêtes de fin d'année ne sont, à ce stade, pas à l'étude.
"Ce n'est pas le choix que nous avons fait", a répondu Olivier Véran mercredi au Palais Bourbon, alors qu'il était interrogé sur l'éventualité de mesures de confinement pour les personnes non vaccinées. "Cela pose des questions éthiques importantes, des questions de vérification qui ne sont pas simples. La multiplication des faux pass serait légion, et surtout, avec quelle efficacité et quel impact ?" a-t-il questionné.
L'hypothèse d'un délai plus court entre la 2e et la 3e dose est étudiée
Concernant "la poursuite de l'accélération de notre campagne de vaccination et de rappel en particulier", évoquée par Gabriel Attal, une piste est actuellement sur la table, a avancé Olivier Véran : le fait de réduire le délai d'attente entre la deuxième et la troisième dose, actuellement fixé à cinq mois. "Est-ce que, à l'instar d'un certain nombre de voisins, nous réduisons le délai de six mois entre la deuxième et la troisième dose pour aller vers un délai de quatre mois ? C'est aux autorités sanitaires de se prononcer, mais c'est une idée que je trouve intéressante", a-t-il défendu, jeudi matin.
Le Royaume-Uni a fait ce choix, dès la fin du mois de novembre. Le Comité britannique sur la vaccination et l'immunisation avait alors conseillé aux autorités d'ouvrir l'accès à la dose de rappel à l'ensemble des adultes, et de réduire le délai de six à trois mois entre la deuxième et la troisième dose, rappelle le Guardian (article en anglais). Les jours suivants ces recommandations, le gouvernement de Boris Johnson a proposé l'accès à la campagne de rappel aux adultes de plus de 40 ans trois mois après leur deuxième dose. Puis, des rendez-vous ont été proposés aux Britanniques de plus de 30 ans, soit un accès à la troisième dose pour 10 millions de personnes supplémentaires, souligne le Service de santé britannique (document en anglais) (NHS).
Des contrôles renforcés aux frontières
Même si des épidémiologistes doutent de l'efficacité d'une telle mesure face à la progression d'Omicron, l'exécutif envisage de renforcer les contrôles sanitaires aux frontières. Gabriel Attal a déjà annoncé jeudi matin des conditions d'accès plus strictes pour les voyageurs en provenance du Royaume-Uni, un pays qui subit de plein fouet la forte poussée d'Omicron. Outre-Manche, 78 610 cas de contamination au Covid-19 ont été recensés en 24 heures, un record depuis le début de la pandémie en 2020, d'après les données officielles.
"On va mettre en place un contrôle aux frontières avec le Royaume-Uni encore plus drastique", a déclaré le porte-parole du gouvernement, jeudi sur BFMTV. La durée de validité des tests demandés au retour du Royaume-Uni passera de 48 heures à 24 heures, et les motifs de voyage seront "limités aux résidents français et à leurs familles". Les déplacements de "tourisme ou professionnels pour des personnes qui ne sont pas résidentes en France seront limités", a ajouté Gabriel Attal. Un isolement sera en outre requis au retour du Royaume-Uni, dans un lieu que les voyageurs "choisiront pendant sept jours, avec un contrôle des forces de sécurité", mais qui pourra être "levé au bout de 48 heures" si un test à l'arrivée en France s'avère négatif. "Il faudra s'enregistrer sur une application qui générera un arrêté préfectoral d'isolement", a-t-il précisé.
Des recommandations pour les fêtes de fin d'année
Gabriel Attal l'a confirmé : l'exécutif souhaite émettre des "recommandations claires pour traverser et pour passer les fêtes le plus convenablement possible" en France.
Dans son dernier avis, en date du 8 décembre, le Conseil scientifique évoque plusieurs propositions. "Pour les réunions familiales de type repas de Noël, il est recommandé de limiter le nombre de participants, de s'assurer que les personnes fragiles ont bien reçu leur dose de rappel, d'aérer régulièrement les locaux, et de pratiquer un autotest le jour même ou un test antigénique la veille ou le jour-même de l’évènement", écrit l'instance.
En déplacement jeudi, Olivier Véran a évoqué, pour des fêtes plus sûres, des tablées "peut-être un peu moins fournies avec davantage d'espacement", "si les gens sont tous vaccinés, avec leur rappel si possible, s'ils ont pu réaliser des autotests". "C'est aussi ce genre de recommandations que l'on va être amené à rappeler", a expliqué le ministre de la Santé.
Un statut "de repenti" en cas de faux pass sanitaire est évoqué
Cette proposition est avancée par le gouvernement pour lutter contre le trafic de faux pass sanitaires, et encourager la vaccination des personnes détenant ces faux documents. "Pour les Français qui disposent de faux pass, je pense que l'urgence est sanitaire, et je veux que nous puissions travailler à un dispositif qui permettrait un 'système de repenti', c'est-à-dire que quelqu'un qui bénéficierait d'un faux document puisse se mettre en règle et qu'il y ait abandon de poursuites", a justifié Olivier Véran, mercredi à l'Assemblée nationale.
"L'urgence, c'est que les gens se vaccinent, soient protégés, a insisté le ministre. Il ne faut pas que quelqu'un soit empêché de se faire vacciner parce qu'il aurait déjà un faux pass et qu'on lui dise : 'Vous avez déjà eu vos deux doses', et que la personne se retrouve en grande fragilité."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.