Covid-19 : les centres de vaccination resteront-ils ouverts durant le pont de l'Ascension ?
Face aux appels de l'exécutif, certains centres parviennent à vacciner pendant les jours fériés et les week-ends. Mais d'autres peinent à mobiliser du personnel ou à obtenir les doses nécessaires.
"Cette semaine de pont est une semaine de 'tous sur le pont'." Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a sonné la mobilisation générale, vendredi 7 mai, à quelques jours du long week-end de l'Ascension. Jeudi férié ou pas, hors de question pour lui de ralentir le rythme de la vaccination contre le Covid-19, d'autant que depuis mercredi, toutes les personnes majeures peuvent accéder à la vaccination, si des doses sont toujours disponibles la veille pour le lendemain. Le gouvernement veut atteindre son objectif de 20 millions de primo-injections au sein de la population d'ici à la fin de la semaine. "Il n'y a pas de week-ends et de jours fériés pour la vaccination", avait édicté Emmanuel Macron le 23 mars. Pourtant, plus de la moitié des centres de vaccination sont fermés en France pour l'Ascension, selon une estimation fournie par Doctolib à France Inter.
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Pour ne pas baisser le rideau, les autres centres doivent donc mettre en place une organisation sur-mesure. "On nous a prévenus qu'on devrait rester ouverts pour l'Ascension et la Pentecôte, alors on a mobilisé du monde en conséquence, décrit Bernard Pfister, médecin référent du centre de vaccination de Molsheim (Bas-Rhin). On sera opérationnel, y compris le dimanche, jour habituellement fermé." Le centre recevra des flacons supplémentaires et poursuivra sa montée en charge, passant de 300 doses hebdomadaires début mars à 3 100 cette semaine. Quitte, pour les personnes mobilisées, à sacrifier leur week-end afin de vacciner à tour de bras ? "Il n'y a pas eu de mouvement de révolte chez nos volontaires", sourit le généraliste.
A 20 km de là, à Strasbourg, le centre de vaccination de la Bourse est déjà ouvert sept jours sur sept. Cette semaine ne fait pas exception. "Le seul moment où on a fermé, c'était pour le week-end de Pâques, en accord avec les services de l'Etat, au regard du faible nombre de doses que l'on avait alors, rapporte Alexandre Feltz, l'adjoint à la maire en charge de ce centre municipal. Le problème ne se pose plus aujourd'hui, on ne manque plus de doses." L'élu salue "une mobilisation majeure du personnel" du centre, composé notamment de professionnels et d'étudiants de la métropole.
"On a des ressources humaines limitées"
Loin des grands centres hospitaliers universitaires, les problématiques liées à la désertification médicale n'ont pas disparu avec le Covid-19. A Bar-le-Duc (Meuse), "on fait avec ce qu'on a", résume Raphaël Demettre, chef de service à l'hôpital et responsable du centre de vaccination local. Les portes sont restées closes jeudi et le seront samedi et dimanche.
"Je veux bien ouvrir tous les jours, mais comment faire si je n'ai personne pour accueillir les patients ni pour piquer ?"
Raphaël Demettre, responsable du centre de vaccination de Bar-le-Ducà franceinfo
Le centre procède à environ 800 injections par jour, réalisées notamment par des médecins libéraux et hospitaliers, aussi bien en activité que retraités. "On n'est pas à Paris ici, on a des ressources humaines limitées, insiste le coordonnateur. Si on veut ouvrir le week-end pour les patients qui travaillent la semaine, il faudra fermer certains jours de la semaine."
Dans l'Hérault, aussi, on atteint parfois les limites des volontaires. La vaccination aura bien lieu, jeudi, à Sète, mais pas dimanche. "La plupart d'entre nous sommes des professionnels libéraux, avec un cabinet à faire tourner, et on prend déjà sur nos jours de repos", explique le médecin généraliste Jean-Christophe Calmes. L'organisation de cessions de vaccinations nocturnes est à l'étude, mais devra se faire à moyens humains constants, "peut-être de 10 heures à 20 heures, contre 9 heures à 18 heures actuellement", poursuit le médecin.
Rester calme et attendre les doses
A 30 km de Laval (Mayenne), le centre de vaccination de Mayenne restera vide pendant plusieurs jours, et tant pis pour les injonctions de l'exécutif. "On nous a demandé effectivement une ouverture en urgence pour le pont de l'Ascension, demande à laquelle on n'a pas répondu", confirme Tiphaine Heurtault. Cette généraliste de 42 ans dénonce des incohérences par rapport aux doses disponibles : "Les réponses dans l'urgence pour afficher des vaccinations sur le pont de l'Ascension, ça ne paraît pas forcément très rationnel en termes de gestion, alors que la semaine d'après on n'est ouverts que trois jours [faute de doses pour ouvrir davantage]."
Dans le village de Peri (Corse-du-Sud), la maison de santé ne vaccinera pas non plus ce week-end. La mobilisation dure depuis le 19 janvier et il ne faut pas délaisser le reste de l'activité. "La fatigue se fait ressentir, reconnaît le généraliste et urgentiste Laurent Carlini. Pour autant, on veut accélérer. Ce n'est pas l'énergie qui manque, mais les vaccins." Avec une dizaine de confrères, il a écrit au ministère de la Santé pour réclamer des livraisons supplémentaires sur l'île de Beauté, pour atteindre une immunité collective "avant la saison estivale".
"Un marathon, pas une course de vitesse"
Les doses, c'est aussi le facteur limitant à Loches (Indre-et-Loire). Les livraisons augmentent, mais pas assez vite. Depuis son inauguration, fin janvier, le centre de vaccination a triplé son volume d'injections, augmenté son nombre de files, réduit ses temps de passage et élargi ses horaires d'ouverture. Une constante demeure : il reste fermé le dimanche.
"Le gouvernement voudrait qu'on ouvre tout le temps, mais on absorbe déjà tout ce qu'on a pendant la semaine."
Frédéric Lebeau, responsable du centre de vaccination de Lochesà franceinfo
Plutôt qu'alléger le dispositif en semaine pour permettre une ouverture dominicale, le coordonnateur préfère "que les professionnels arrivent à se reposer. Cela vaut aussi pour les retraités et les bénévoles, dévoués, presque exploités, qui méritent une coupure, ajoute-t-il. Il faut ménager tout le monde, on est lancés dans un marathon, pas dans une course de vitesse."
Alors qu'il pensait "avoir du mal à recruter", Frédéric Lebeau a toutefois été surpris par la mobilisation de son équipe, y compris les jours fériés. "Il y a un élan collectif et spontané pour la population et le territoire, admire-t-il. Ils ne râlent pas." Et ce, même quand il s'agit de vacciner pour l'Ascension.
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