Rentrée scolaire : les capteurs de CO2 et purificateurs d'air, nouveaux outils anti-Covid ?
À l'approche de la rentrée scolaire, certaines écoles s'équipent en capteurs de CO2 et en purificateurs d'air pour lutter contre le virus dans les salles de classe. Mais ces outils sont-ils vraiment efficaces contre le Covid-19 et pourront-ils être installés partout ?
Pour lutter contre les contaminations au Covid-19, certains établissements scolaires se sont déjà équipés de capteurs de CO2 ou de purificateurs d'air. Si ces deux dispositifs semblent faire l'unanimité, encore faut-il bien les utiliser. La transmission du virus se fait essentiellement par voie aérienne, soit par des gouttelettes, soit par des mini-particules qui flottent dans l'air qu'on appelle les aérosols. En attendant l'immunité collective, la meilleure solution pour lutter contre sa transmission dans les espaces clos reste donc, outre les masques et les gestes barrières, l'aération.
Le capteur de CO2 fonctionne comme un feu de circulation. Il permet de connaître le taux d'air expiré dans une pièce et alerte quand il est temps d'apporter un peu d'air frais. Si c’est vert, aucun problème. Si le voyant passe à l'orange, il faut renouveler l’air dans la pièce. Si c’est rouge, il y a un besoin urgent d'ouvrir les fenêtres. Tous les capteurs CO2 fonctionnent de la même façon, avec un seuil d'alerte défini par le Haut Conseil de la santé publique.
"C'est un complément, pas un outil miracle qui rend l'air pur."
Bruno Lina, professeur de virologie, au sujet des purificateurs d'air
Les purificateurs d'air, eux, entrent en jeu quand on ne peut pas ouvrir les fenêtres. "Vous avez un dispositif d'aspiration d'air dans ces machines qui ensuite emmènent l'air aspiré jusqu'à un filtre", précise Bruno Lina, qui préfère d'ailleurs les appeler des épurateurs d'air. Ce professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du conseil scientifique, a testé l’efficacité de ces outils lors d’une étude commandée par la Région Auvergne-Rhones-Alpes. "Ce filtre stocke et bloque les virus, l'air qui est recraché par la machine est un air dans lequel il n'y a plus de particules virales puisqu'elles sont restées dans le filtre, souligne-t-il. Si vous avez une pièce qui est énorme et une toute petite machine, il est bien clair que l'épuration de l'air se fera au bout d'un certain temps qui sera long."
Une note salée pour les collectivités
Depuis un an, le collectif d'enseignants-chercheurs, "le projet CO2", recommande l'utilisation de capteurs de CO2 dans les écoles, malgré un prix élevé : 200 euros l'unité. "Ce que mesure le détecteur de CO2 c'est la façon dont l'air se charge en dioxyde de carbone sachant que c'est proportionnel à la façon dont l'air va se charger en aérosol, explique Florence Elias, professeure de physique à l’université de Paris et membre du collectif. Ce n'est pas une mesure directe mais c'est une mesure facile, immédiate et qui va permettre de savoir si la salle est bien ventilée ou pas."
À l'inverse, le purificateur est plus compliqué à utiliser et surtout plus cher, environ 1 300 euros sans compter l’entretien, car il faut régulièrement faire changer le filtre par un technicien. Au final, le purificateur peut surtout être utile pendant l'hiver même si ouvrir les fenêtres quelques minutes suffisent la plupart du temps à renouveler l’air sans baisser la température de la pièce. C'est simple, gratuit et recommandé par l'ensemble des scientifiques et pas uniquement pour se protéger du Covid-19.
Des installations réclamées par les parents d'élèves
La Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) a demandé au ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer un plan d'investissement pour acheter des masques, des purificateurs d'air ainsi que des capteurs de CO2, vus comme des armes supplémentaires, en plus des gestes barrières et de la vaccination, pour vivre une rentrée sereine. "On parle de milliards d'euros, donc on ne peut pas laisser cela à la libre volonté des élus locaux, surtout quand ils n'ont pas les moyens de le faire, en particulier dans les petites communes", a souligné sur franceinfo le co-président de la FCPE, Rodrigo Arenas.
Dans le Journal du Dimanche du 22 août, Jean-Michel Blanquer a affirmé vouloir "généraliser" les capteurs de CO2 dans les classes, jusqu'à maintenant simplement recommandés par l'Éducation nationale. Il recevra en fin de journée mercredi 25 août les syndicats d'enseignants puis les associations de parents d'élèves pour en parler.
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