"Pour s’en remettre, il faut de la volonté" : le long chemin de croix des rescapés du coronavirus
Après plusieurs semaines de coma, le combat de ceux qui sont guéris du Covid-19 est loin d’être terminé. Pour les accompagner le CHU de Tours est pionnier dans ce qu’on appelle la surveillance du syndrome post réanimation.
"C’est énorme comme fatigue, je ne pouvais même plus parler quand je suis sortie", décrit Anne. Cette femme, tout juste 70 ans, a passé sept jours dans le coma, en réanimation, intubée. Elle a quitté le CHU de Tours, il y a trois semaines. Encore plus de 4 000 malades du coronavirus sont toujours hospitalisés en France en réanimation. Pour les rescapés du Covid-19, c’est le début d’un long chemin de croix pour apprendre à se remettre debout.
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"Quand on est désintubée, ça ne fait pas mal, mais quand vous sortez vous êtes complètement à l’ouest", raconte Anne. Elle se bat pour réapprendre à vivre : "Pour vous remettre à la vie normale, il faut réapprendre à marcher ou presque. Je n’allais pas droit, il n’y avait plus rien qui était dans l’axe. C’était complètement démonté en moi, les premiers pas, c’est compliqué".
Un suivi spécifique
Aux pertes d’équilibre s’ajoute une baisse de moral. "Ça vous met comme une chaussette, explique-t-elle. C’est là où vous vous dites, on n'est rien. Pour s’en remettre il faut de la volonté".
J’ai perdu une dizaine de kilos en huit jours. Jamais je n'aurai pensé que ça m’arriverait.
Anne, guérie du Covid-19à franceinfo
"Le kiné est venu et le premier jour j’étais bonne à rien. Même si ça fait mal, même si on est fatigué, il faut quand même le faire", explique Anne qui fait partie de la dizaine de patients déjà sortis de réanimation sur les 60 hospitalisés au CHU de Tours.
Depuis quelques années, le service a mis en place un suivi spécifique, car il peut y avoir de nombreuses séquelles. "Le fait d’avoir des douleurs résiduelles, des raideurs articulaires, des troubles de la mémoire, le fait de se sentir essoufflé au moindre effort, énumère Youenn Jouan, réanimateur. Ils rentrent chez eux en pensant qu’ils sont guéris du Covid et il est probable que les séquelles perdurent encore plusieurs mois".
S'adapter au contexte de confinement
Il y a aussi le syndrome post-traumatique, encore plus en période de confinement, assure le docteur Charlotte Salmon, elle aussi réanimatrice : "Les spécificités vont être dues à ce contexte de confinement, d’interdiction des visites, d’éloignement géographique, du fait qu’on doive s’adapter avec des outils numériques pour organiser les suivis."
Le contexte de pandémie fait que les gens dès qu’ils allument la radio ou la télé, ils entendent parler d’eux et ça les renvoie à ce qu’ils ont vécu et qui est très traumatique.
Charlotte Salmon, réanimatriceà franceinfo
Depuis son retour à la maison, Anne fait des cauchemars mais parce qu’elle s’inquiète pour son conjoint, frappé lui aussi par le virus. Il est toujours hospitalisé après de longue semaines de coma.
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