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"On ne peut pas légiférer à 8, 10 ou 15 députés" : les oppositions voudraient être davantage associées aux décisions du gouvernement

Avant une nouvelle intervention télévisée du chef de l'État lundi soir sur la crise du coronavirus, l’exécutif a de nouveau consulté ces derniers jours les partenaires sociaux et les forces politiques. Des oppositions qui, malgré ces échanges, se sentent parfois hors jeu.

Article rédigé par Simon Le Baron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Photo de l'Assemblée nationale, le 7 avril 2020. (LP/MATTHIEU DE MARTIGNAC / MAXPPP)

Emmanuel Macron va s’exprimer lundi soir peu après 20 heures. Le président de la République doit préciser la nouvelle prolongation du confinement et donner quelques indications sur l’étape suivante, celle du déconfinement. Avant ces annonces très attendues, l’exécutif a de nouveau consulté ces derniers jours les partenaires sociaux et les forces politiques. Mais les oppositions voudraient être associées davantage aux décisions.

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Certes, le gouvernement s’efforce de montrer qu’il n’a jamais rompu le lien avec les forces politiques du pays, reconnaît le président du groupe socialiste au Sénat Patrick Kanner. "Le Premier ministre prend lui-même des initiatives d'échange. Il fait des visio-conférences avec des présidents de groupe, des chefs de parti. Donc, on ne peut pas lui reprocher de ne pas chercher le dialogue", estime-t-il.
 
Mais le dialogue ne sert à rien si nous ne sommes pas entendus, tacle son homologue communiste de l’Assemblée André Chassaigne.

On vit une espèce de fausse démocratie numérique. On a quatre visio-conférences par jour, mais au final, c'est plus de l'information, de l'écoute, que de la co-construction.

André Chassaigne, président du groupe communiste à l'Assemblée nationale

à franceinfo

"Je considère qu'il y a une forme de chape de plomb qui est posée, ajoute André Chassaigne. C'est pas possible de continuer à travailler comme ça".

Une démocratie asséchée, des décisions prises à l’Élysée et des oppositions qui n’ont pas leur mot à dire ? Patrick Mignola, président du groupe Modem, l’un des partis de la majorité à l’Assemblée, invite ceux qui s’en plaignent à regarder ailleurs. "Les régimes autoritaires, depuis bien longtemps, auraient oublié de s'appuyer sur les autres pouvoirs. Là, en l'occurence, vous avez celui des collectivités locales, vous avez le parlement, vous avez la démocratie sociale et chacun contribue", rappelle-t-il.

De la difficulté à légiférer à 577, à distance

Édouard Philippe promet notamment un débat au Parlement sur la question sensible du traçage numérique. Très bien, répond le patron des députés LR Damien Abad, à condition d’y associer l’ensemble des parlementaires. "J'avais déjà demandé au nom du groupe Les Républicains qu'on fasse des visio-conférences pour les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat. Il faut désormais peut-être aller plus loin et envisager ces visio-conférences pour des séances qui auraient lieu dans l'hémicycle", suggère-t-il.

Un défi technique énorme, mais indispensable, ajoute le président du groupe UDI à l’Assemblée Jean-Christophe Lagarde. D’autant qu’il faudra voter dans les prochaines semaines des lois très importantes pour la sortie de crise. "On ne peut pas légiférer à 8, 10 ou 15 députés. Quand il faudra passer à des textes de loi touchant à notre économie, touchant à la protection sociale, touchant à nos libertés individuelles, à ce moment-là il faut que tout le Parlement puisse y participer, sinon il y aurait un problème de légitimité de la loi", prévient Jean-Christophe Lagarde. Une visio-conférence à 577 députés. Ce serait évidemment une première dans l’histoire de la République.

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