"On a 18 000 couturières prêtes à en découdre avec ce virus" : dans le Nord, des bénévoles confectionnent des masques de protection réutilisables
Des équipes du CHU de Lille, un fabricant de textile local et une association ont développé un modèle de masque de protection lavable en machine. Le cahier des charges de ce masque est mis à disposition pour que l'initiative puisse être reproduite ailleurs.
Parmi les alternatives aux masques chirurgicaux utilisés par les soignants, il y a le masque en tissu lavable à 60°C et réutilisable nommé masque "Garridou", un masque développé par le collectif "Des masques en Nord" composé des équipes du CHU de Lille, du fabricant textile de la région lilloise Lemahieu et de l'association "Le Souffle du Nord". Le collectif s'est fixé pour objectif d'avoir fourni 60 000 masques Garridou d'ici le 12 avril aux centres hospitaliers de la métropole lilloise pour les aider à lutter contre l'épidémie de Covid-19.
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Et pour arriver à ce résultat, il faut des petites mains. "J'en ai fait un peu moins de 150", annonce Isabelle, couturière bénévole de 54 ans qui explique avoir eu "un petit problème technique" sur sa machine à coudre, comme pour excuser son rendement.
Un cahier des charges disponible pour tous
Ce masque répond de manière satisfaisante aux besoins de filtration de particules, assure le CHU de Lille. Même s'il ne remplace pas le masque jetable dans les situations à risque, il reste très utile pour les activités hospitalières en dehors des gestes de soins. Pour être utilisables, ces masques doivent être confectionnés avec précision en respectant "ce qu'on appelle techniquement une gamme de montage", explique Isabelle. Ce cahier des charges, est désormais mis à disposition de tous pour que l'initiative puisse être reproduite partout en France. La maire de Paris Anne Hidalgo s'est notamment déclarée intéressée.
Il y a 15 jours on a lancé un appel, on a été submergé
Sylvain Derreumaux, de l'association "Le souffle du Nord"
En 24 heures, 10 000 personnes se sont inscrites pour participer au projet. "Quinze jours après le début de l'opération, on a 18 000 couturières qui sont prêtes à en découdre avec ce virus", assure Sylvain Derreumaux. "On dit en s'amusant qu'en 24 heures, on a monté le plus grand atelier de couture du monde", poursuit-il.
Isabelle n'a "pas hésité un seul instant" lorsqu'elle a eu connaissance de l'appel. "Tous les jours, on a des photos sur notre groupe facebook de personnels hospitaliers qui portent les masques que nous avons faits donc ce n'est pas une goutte d'eau, il y a une vraie utilité", explique la couturière bénévole.
Économie solidaire
Des entreprises participent également à la confection des masques "Garridou". "Tous se sont engagés à ce que l'ensemble de leurs prestations soient offertes ou à prix coûtant lorsque ça entraînait des coûts pour eux", précise Sylvain Derreumaux de l'association "Le souffle du Nord". L'opération est financée par la Métropole européenne de Lille. Le collectif tient à ce que ce dispositif de type "économie solidaire" soit respecté si d'autres localités venaient à reproduire des masques "Garridou". L'autre condition est que les masques soient destinés aux soignants.
"Nous souhaitons étendre notre action et permettre à toutes les régions de répliquer ce modèle dans une dynamique d'économie solidaire."
— CHU de Lille (@CHU_Lille) March 30, 2020
Plus d'infos pour obtenir le cahier des charges du masque Garridou®
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