Le décryptage éco. Vers une vague d'inscriptions à Pôle emploi
Certes, on peut s'attendre à des chiffres catastrophiques concernant les recherches d'emploi pour avril mais les mois à venir seront très mauvais également à cause de secteurs entiers qui se trouvent en grande difficulté. Le décryptage de Fanny Guinochet ("L'Express").
Le nombre de nouveaux inscrits à Pôle emploi pour le mois d’avril est révélé le jeudi 28 mai. En mars, le chiffre était déjà important : plus 250 000 sans activité du tout. Mais là, on peut s’attendre à des niveaux bien supérieurs.
Plus encore qu’en mars, le mois d’avril rime avec confinement et économie à l’arrêt. Du coup, tous ceux qui avaient des CDD ou qui étaient en intérim n’ont pas pu enchainer un autre contrat ou une autre mission. Souvent, ils n’étaient pas éligibles au chômage partiel, et ils se sont inscrits à Pôle emploi. Il y a aussi eu des travailleurs licenciés pendant cette période et puis, il ne faut pas oublier les saisonniers qui ont vu la saison hivernale écourtée sans pouvoir démarrer un contrat d'été. Enfin, de l’autre côté de la chaîne, peu de gens sont sortis de Pôle emploi, parce qu’avec la crise, les entreprises ont gelé les embauches. On aura le chiffre précis, mais certains économistes tablent déjà, au bas mot, sur 500 000 ou 600 000 nouveaux inscrits. C’est beaucoup.
Les prochains mois risquent d’être encore difficiles
On voit bien que dans les entreprises, les plans d’économie se précisent des secteurs entiers sont en grande difficulté. Prenez l’habillement, Camaïeu, Naf Naf, La Halle sont en procédures judiciaires. Du côté de l’aéronautique, et de l’aérien et d'Air France, les avions sont cloués au sol et il faut s’attendre à de la casse sociale. Ou encore l’automobile dont on a beaucoup parlée ces derniers jours sur France Info, on s’attend à des milliers de postes supprimés chez Renault et chez les sous-traitants. Le gouvernement promet des aides ciblées, mais ça risque de ne pas suffire à éviter les réductions d’effectifs.
Les jeunes risquent de prendre la crise économique de plein fouet
Déjà, en tant normal, les jeunes sont les plus affectés par le chômage : près de 14%. Et là, toute une classe d’âge va arriver sur le marché du travail sans avoir de perspectives d’embauches. On estime que 700 000 jeunes risquent de se retrouver sans rien cet été parce qu’ils n’auront pas travaillé, et donc pas ouverts de droits à une indemnisation chômage mais aussi parce que si vous n’avez pas 25 ans, vous ne pouvez pas prétendre au RSA, le revenu de solidarité active.
Le risque de précarité est grand et il inquiète beaucoup les syndicats, Laurent Berger de la CFDT demande une aide spécifique Le gouvernement partage ces craintes, Il planche sur un dispositif de prime à l’embauche spécifique pour soutenir l’emploi des jeunes, Des mesures devraient être dévoilées avant l’été. Selon les termes de la secrétaire d'État, Agnès Pannier-Runacher : "Il s’agit d’éviter une génération sacrifiée".
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