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Déconfinement : cinq questions sur l'isolement des personnes testées positives au Covid-19 et leur entourage

Les cas suspects, mais aussi les cas contacts de personnes testées positivement, devront observer une période d'isolement de plusieurs jours, a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de la Santé, Olivier Véran, le 7 mai 2020 à Matignon. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Tous les Français n'en ont pas fini avec le confinement. A partir du 11 mai, alors que le pays reprendra progressivement vie, chaque cas de Covid-19 sera traqué pour tenter de briser les chaînes de contamination du coronavirus.

Les cas suspects, mais aussi les cas contacts de personnes testées positivement, devront observer une période d'isolement de plusieurs jours, a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran, jeudi 7 mai, lors de la conférence de presse du gouvernement pour préciser la sortie du confinement. Pour réussir à identifier les malades, l'accès aux tests de dépistage sera primordial. Mais le ministre l'assure : "La France est prête pour tester massivement."

Qui va être testé ?

Les personnes présentant des symptômes. Les tests PCR, qui permettent de détecter si une personne est infectée ou non, seront réalisés sur les personnes présentant des symptômes (toux, fièvre, gêne respiratoire, perte du goût ou de l'odorat, etc.) "Si vous présentez des symptômes évocateurs d'une infection au Covid-19, il faut agir, n'attendez pas que cela passe", a insisté Olivier Véran.

Dès l'apparition de ces symptômes, il faut donc prendre contact avec son médecin traitant ou, s'il n'est pas disponible, avec un médecin de garde, ou bien, à défaut, avec le Samu en composant le 15 afin d'être orienté vers un autre médecin. Selon l'état du patient, ce professionnel de santé jugera de l'opportunité ou non de prescrire un test de dépistage, réalisé à l'aide d'un écouvillon dans le nez. Ce test pourra être réalisé "dans un hôpital, un laboratoire de ville, un drive, ou chez vous via une équipe mobile", a détaillé Olivier Véran. Le test sera pris en charge à 100% par la Sécurité sociale. 

Les cas contacts. Les personnes ayant été en contact avec un patient testé positif seront recherchées grâce à des enquêtes menées par l'assurance-maladie et les Agences régionales de santé (ARS). Elles devront prendre leur température deux fois par jour et se faire tester sept jours après le contact avec la personne malade. "Sept jours, c'est le bon moment pour débusquer le virus. Avant, ça peut être trop tôt pour le trouver", selon Olivier Véran. Le nombre de ces personnes contacts pourrait potentiellement être important. Fin avril, Edouard Philippe avait estimé qu'après le déconfinement, un malade pourrait en moyenne croiser 20 à 25 personnes.

Dans quels cas sera-t-on placé à l'isolement ?

Les personnes présentant des symptômes. En cas de survenance de symptômes, "votre médecin vous demandera de rester chez vous", a prévenu Olivier Véran. En cas de test positif au Covid-19, cet isolement devra être observé jusqu'à deux jours après la guérison et la disparition des symptômes, soit au total "une moyenne de huit à dix jours". En cas de test négatif, "le médecin réévaluera la situation" avec le patient.

Les cas contacts. Ils seront invités à rester à l'isolement "comme une personne malade", a expliqué Olivier Véran. Même sans symptômes, elles ne pourront pas se rendre au travail. En cas d'impossibilité de faire du télétravail, un arrêt de travail leur sera délivré. Quoi qu'il arrive, le test qui leur sera prodigué au septième jour après le contact avec la personne malade ne mettra pas fin à leur période d'isolement. Si ce test est négatif, l'isolement devra encore être respecté pendant sept jours supplémentaires.

Où et comment devra-t-on se confiner ?

La règle générale sera l'isolement à domicile. Mais "selon votre situation", le médecin pourra proposer un isolement hors du domicile, par exemple à l'hôtel, avec le soutien de "cellules d'appui territoriales", a décrit Olivier Véran.

Les personnes ne vivant pas seules chez elles devront rester dans une pièce spécifique afin d'éviter les contacts avec les autres occupants. Il faudra aérer régulièrement, se laver les mains fréquemment, éviter de toucher des objets qui peuvent être touchés par les autres, et désinfecter les surfaces régulièrement manipulées, comme les poignées de porte ou les téléphones portables. Il sera, en outre, déconseillé de recevoir des visites, sauf les aides à domicile.

"Si vous êtes en présence de votre conjoint par exemple, votre médecin vous conseillera de porter en permanence un masque", a expliqué le ministre de la Santé. Les masques devraient être disponibles en pharmacie et pris en charge à 100% par l'assurance-maladie. Selon une note du ministère de la Santé datée du 4 mai, les malades et les cas contacts auront ainsi droit à 14 masques par semaine.

Comment le dépistage est-il organisé ?

Les tests. Olivier Véran n'a pas précisé le nombre de tests qui pourraient être pratiqués. Il n'a en particulier pas repris le chiffre de 700 000 tests par semaine avancé le 28 avril par Edouard Philippe devant l'Assemblée nationale. "La France est prête à tester massivement", a-t-il cependant assuré, soulignant que la capacité de dépistage était aujourd'hui "au niveau des besoins estimés". Le ministre de la Santé a ainsi présenté une carte entièrement verte censée montrer que l'ensemble du territoire disposait de capacités de tests supérieures aux besoins.

Les personnes symptomatiques et les cas contacts devraient donc pouvoir se faire tester sans difficulté. "Mais de la théorie à la pratique, il peut y avoir des écarts", a reconnu Olivier Véran. En cas de difficultés pour faire pratiquer un test prescrit par un médecin, les patients sont invités à composer le numéro vert 0 800 130 000.

Les brigades sanitaires. Interrogé sur les effectifs des brigades sanitaires chargées notamment de prendre en charge les cas symptomatiques et de pister les cas contacts, Olivier Véran n'a pas donné de chiffre précis. Potentiellement, "tous les médecins" peuvent être amenés à s'occuper de patients atteints du coronavirus. L'équipe spécifique de l'assurance-maladie chargée de repérer les cas contacts sera elle "graduelle, en fonction des besoins", le ministre évoquant le chiffre de 3 000 à 5 000 personnes. Des équipes dans les agences régionales de santé viendront "en appui là où il y a des clusters", a-t-il ajouté.

Mardi, devant le Sénat, Olivier Véran avait déclaré que ces brigades regrouperaient "bien au-delà de 100 000 personnes", en englobant "l'ensemble des professionnels de santé amenés à faire du suivi épidémiologique, potentiellement la totalité des médecins libéraux et hospitaliers, les milliers de salariés de l'assurance-maladie et tous les salariés des agences régionales de santé qui sont mobilisables".

Le secret médical sera-t-il préservé ?

Le "tracing" des personnes malades et des cas contacts sera organisé grâce au fichier AmeliPro, de l'assurance-maladie. Un fichier qui existe déjà, et dans lequel sont répertoriés "les diabétiques, les hypertendus, les personnes en affection de longue durée", a listé Olivier Véran. Ce fichier, auquel ont accès "les médecins et des salariés de l'assurance-maladie", sera utilisé "dans les mêmes conditions"

L'utilisation d'AmeliPro pour les patients présentant ces symptômes "n'a vocation à durer que le temps de l'épidémie", a-t-il rassuré, en soulignant que ce dispositif n'avait "rien à voir avec le système de traçage numérique" Stop Covid à l'étude depuis plusieurs semaines.

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