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Coronavirus : la France prend des "mesures trop importantes et excessives", estime un infectiologue

"On est en train de provoquer un certain nombre de réactions et d'éléments qui peuvent avoir des conséquences négatives", estime l'infectiologue François Bricaire qui dit s'exprimer en tant que "citoyen".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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L'infectiologue François Bricaire, le 24 octobre 2005 à Paris. (JOEL SAGET / AFP)

Ce papier a été écrit et publié lundi 9 mars, avant les nouvelles mesures de confinement annoncées par Edouard Philippe samedi 14 mars au soir.

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Des écoles fermées dans deux départements (l'Oise et le Haut-Rhin) et une ville, Ajaccio, considérés comme "clusters" (foyers de contagion) du coronavirus Covid-19, l'interdiction de se rassembler à plus de 1 000 personnes. Le gouvernement a "pris un certain nombre de mesures parfaitement légitimes et raisonnées", a commenté dimanche 8 mars au soir sur franceinfo François Bricaire, infectiologue et membre de l’Académie de médecine mais "il y a aussi un certain nombre de mesures qui, à mon avis, sont trop importantes et excessives". "Il ne faut pas gêner l'ensemble des activités et empêcher la société de fonctionner correctement".

>> "Tous les rassemblements de plus de 1 000 personnes sont désormais interdits" en France. Suivez notre direct sur l'épidémie de coronavirus. 

franceinfo : Est-ce que le gouvernement en fait trop dans sa gestion de la crise ?

François Bricaire : Je pense que le gouvernement, d'abord, a pris un certain nombre de mesures parfaitement légitimes et raisonnées, et que par la suite, il y a d'autres mesures qui peuvent être prises, quand on va entrer dans la phase 3 où le nombre de sujets infectés est important. Mais il y a aussi un certain nombre de mesures qui, à mon avis, sont trop importantes et excessives (…) Il faut bien sûr tenir compte de la nécessité de protéger, mais il y a aussi la nécessité de vivre et de maintenir un certain nombre d'activités. Ceci peut être fait à condition que le phénomène infectieux ne soit pas suffisamment sévère. 

On a affaire à un phénomène quantitativement potentiellement important, mais heureusement avec un virus qui est bénin.

François Bricaire, infectiologue

à franceinfo

C'est le citoyen qui parle et qui se dit que, quand même, on est en train de provoquer un certain nombre de réactions et d'éléments qui peuvent avoir des conséquences négatives.

Vous voulez dire que le gouvernement a du mal à placer le curseur ?

Le curseur est difficile à positionner. Je crois que notre gouvernement fait au mieux pour essayer de gérer une situation où, d'un point de vue international, on a un certain nombre d'éléments qui conduisent à pousser vers des actions supplémentaires. C'est vrai que l'Italie n'a pas tout à fait le même mode de réactivité, la même organisation du système de santé. Elle a peut-être été débordée. Finalement, ils peuvent prendre des mesures de quarantaine supplémentaires, je ne suis pas sûr que ça va changer énormément l'évolution du phénomène épidémique. Ça va peut-être le retarder un peu, l'atténuer quantitativement peut-être. Mais le phénomène épidémique est là (…) À mon sens, il ne faut pas gêner l'ensemble des activités et empêcher la société de fonctionner correctement.

On entend souvent que la grippe saisonnière fait au final plus de victimes et qu'on ne prend pas pour autant chaque année de telles mesures. Comment expliquer cette différence de réaction ?

Si le coronavirus était un coronavirus qui était déjà connu antérieurement, si on le voyait circuler chaque année, sans doute ne prendrions-nous pas autant de mesures et autant de précautions. Donc, le fait que ce coronavirus soit un coronavirus émergeant jusqu'ici inconnu, et le fait que la Chine a décidé de prendre des mesures drastiques, ça a donné un exemple qui pousse l'ensemble de la communauté internationale à suivre un peu vers des mesures fortes.
Gardons notre sang froid, c'est la meilleure façon de réagir de toute façon vis à vis d'un phénomène épidémique, et surtout ne nous inquiétons pas au-delà de ce qui est raisonnable.

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