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Coronavirus : il est "honteux" de lier non-respect du confinement et hospitalisations, répond un infectiologue au préfet de police

"Cette corrélation n'est pas démontrée", selon l'infectiologue Alexandre Bleibtreu, qui dénonce la "rhétorique culpabilisatrice" du préfet Didier Lallement.

Article rédigé par Fabien Magnenou - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le préfet de police Didier Lallement lors d'une opération de police à Paris, vendredi 3 avril 2020. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"Ceux qui sont aujourd'hui hospitalisés, ceux qu'on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l'ont pas respecté, c'est très simple, il y a une corrélation très simple." Le préfet de police Didier Lallement a suscité un tollé en liant non-respect du confinement et infection au coronavirus, vendredi 3 avril.

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Il a depuis évoqué une erreur et assuré regretter "à plus d'un titre" ses propos, tout en présentant ses "excuses à tous ceux qu'[il a] pu heurter". Contacté par franceinfo, l'infectiologue de la Pitié-Salpêtrière, Alexandre Bleibtreu dénonce des "propos honteux" et un discours de "culpabilisation de la population".

Franceinfo : Le préfet de police Didier Lallement a évoqué une "corrélation très simple" entre infraction aux règles et maladie. Est-ce juste ?

Alexandre Bleibtreu : Il n'existe aucun traçage permettant de confirmer que les gens qui sont en réanimation n'ont pas respecté le confinement. C'est une impression, un discours politique. Par exemple, il y a en réanimation des soignants de l'hôpital public qui devaient travailler. Je ne pense pas que ça soit du fait du non-respect du confinement, mais plutôt de leur position professionnelle. Il y a aussi en réanimation des gens qui ont été infectés lors des transmissions intra-familiales, faute de capacité de dépistage mis en place par la préfecture et l'Etat français.

Cette corrélation n'est donc pas démontrée et elle est difficilement démontrable. Elle relève d'une rhétorique culpabilisatrice de la population, qui est la mode dans certaines sphères du pouvoir.

Enfreindre les règles de confinement, c'est tout de même s'exposer et exposer les autres…

Certes, mais combien de temps a duré la période entre la demande de confinement claire, précise et totale et son non-respect ? Cela a duré peut-être trois-quatre jours et c'était majoritairement lié à des manques de consignes claires données au plus haut niveau de l'Etat et par les préfectures. Une partie des gens qui sont en réanimation sont des gens qui n'ont peut-être pas respecté un confinement mal expliqué par le préfet lui-même.

Le préfet de police a présenté ses excuses.… Affaire classée ?

Si le préfet Didier Lallement et le gouvernement avaient été clairs et drastiques dès le départ, on pourrait entendre leurs récriminations envers la population. En attendant, ce sont des propos honteux qui ne seront pas atténués par son rétropédalage.

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