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Vidéo "On nous met le couteau sous la gorge" : 100% au chômage partiel et contrainte de travailler

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Article rédigé par France 2
France Télévisions

Le 10 septembre 2020, "Complément d'enquête" révélait la face cachée d'une crise sanitaire devenue sociale. Durant le confinement, les journalistes du magazine ont rencontré des salariés qui subissaient des pressions de la part de patrons prêts à profiter de la situation. Voici l'exemple de Mona, contrainte par son employeur à travailler tout en étant au chômage partiel.

Depuis le début du confinement, elle dit n'avoir jamais autant travaillé. Mona est pourtant à 100% au chômage partiel. Elle sait qu'elle n'est pas censée le faire, mais elle ne voit pas comment résister aux pressions de son employeur. C'est son premier CDI, elle a été embauchée fin janvier 2020 et elle est encore en période d'essai. "On ne parle plus 'd'effort de guerre', là, dit-elle. On nous met le couteau sous la gorge." 

En passant la journée avec la jeune femme qui, de fait, télétravaille depuis son domicile, la journaliste de "Complément d'enquête" a été témoin de ces pressions. Sa supérieure hiérarchique l'a contactée tout au long de la journée. Elle lui a téléphoné, puis l'a bombardée de SMS : "Attention, on perd encore des abonnés. Concentre-toi sur tes objectifs mensuels", "J'ai besoin de sentir ta motivation pour ce poste" ou encore "N'oublie pas que tu es payée à 84% de ton salaire..."

Faire travailler un employé placé au chômage partiel est illégal et passible de 2 ans de prison

Une forme de chantage plus ou moins subtil que dénonce Mona. Comment expliquer ces abus ? Est-ce le fait d'être jeune ? En période d'essai ? D'autant que les 84% de son salaire que touche la jeune femme (dans le cadre du dispositif de chômage partiel mis en place durant la pandémie de coronavirus) ne sont pas versés par l'employeur, mais par l'Etat... Depuis le début de la crise, 20 millions d'euros ont été dépensés pour financer ce dispositif. Mona est consciente que ce salaire partiel, soit un peu plus de 1 500 euros d'argent public par mois, est en réalité payé par les citoyens français.

Ce qu'elle vit depuis plusieurs mois est "scandaleux", juge la jeune femme – sans pour autant oser dénoncer son employeur auprès des autorités. Celui-ci risque jusqu'à deux ans de prison et 30 000 euros d'amende pour "travail illégal". C'est ainsi que le Code du travail considère le fait de faire travailler un employé placé au chômage partiel.

Extrait de "Covid : les patrons tricheurs", un reportage à voir dans "Complément d'enquête" le 10 septembre 2020.

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