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Face à l'ampleur de la deuxième vague de Covid-19, des médecins plaident pour un couvre-feu plus dur, voire un reconfinement

Alors que le nombre de cas de Covid-19 continue d'augmenter en France, des médecins et des membres du Conseil scientifique estiment qu'il faut aller plus loin que le couvre-feu actuel. 

Article rédigé par franceinfo
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Deux personnes devant un bar fermé à Paris, le 21 octobre 2020.  (EDOUARD RICHARD / HANS LUCAS)

La situation face au Covid-19 est "difficile, voire critique", selon Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique. Alors que la deuxième vague s'abat sur la France et l'Europe, de plus en plus de voix appellent à durcir le couvre-feu ou même à instaurer un nouveau confinement. 

>>> Covid-19 : le Conseil scientifique estime "autour de 100 000" le nombre de nouvelles contaminations par jour, soit le double du nombre de cas recensés. Suivez notre direct. 

L'Union des professionnels de santé médecins libéraux (URPS) d’Auvergne-Rhône-Alpes, qui regroupe 14 000 médecins libéraux dans la région, réclame un couvre-feu plus dur, dès 19h et un confinement le week-end pour tenter d'endiguer l'épidémie de Covid-19. C'est "la seule manière de faire, si on veut éviter un confinement général", estime sur franceinfo lundi 26 octobre le docteur Pierre-Jean Ternamian, président régional de l'URPS. Selon lui, "il faut aller beaucoup plus vite et maintenant" car "ce n'est qu'une question de jours pour que le reste du pays soit submergé".

Le couvre-feu est un "pari risqué"

Face à cette situation, il est peut-être déjà trop tard, affirme de son côté sur franceinfo Eric Caumes, chef du service infectiologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. "Le virus est tellement présent parmi nous que là, je pense qu'aujourd'hui on n'a plus le choix, il faudrait reconfiner." Selon lui, "on a perdu le contrôle de l'épidémie il y a quelques semaines déjà". 

Eric Caumes prend l'exemple des "Irlandais et des Gallois", qui ont déjà opté pour le reconfinement. "Ca permet de remettre les pendules à l'heure, de se réorganiser, d'arrêter la saturation du système hospitalier qui va devenir de plus en plus critique", notamment pour la prise en charge des autres maladies. "Il faut savoir que plus on attend tard pour prendre les bonnes décisions, moins elles sont efficaces rapidement", alors que le couvre-feu est "un pari risqué car ce n'est pas une méthode dont on connaît l'efficacité". L'infectiologue Gilles Pialoux juge qu'il y aura "peut-être" une petite diminution des cas et des entrées en hospitalisation avec le couvre-feu "mais on a plus de place pour des demi-mesures. Le mur qui nous attend fait que l'on a besoin de mesures, malheureusement, coercitives."

Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, est lui aussi inquiet de la situation en France. La "deuxième vague va probablement être plus forte que la première", a-t-il déclaré lundi 26 octobre sur RTL. Selon son estimation, le chiffre réel des cas devait être "autour de 100 000 par jour", alors que les cas confirmés ont atteint ces derniers jours des chiffres record, dépassant dimanche la barre des 50 000 en 24 heures. Désormais, Jean-François Delfraissy voit "deux hypothèses" pour tenter de juguler cette deuxième vague. Soit, "un couvre-feu plus massif à la fois dans ses horaires, dans son étendue au niveau du territoire national, et qui puisse également être mis en place le week-end", soit "aller directement vers un confinement", même s'il pourrait être "moins dur que celui du mois de mars".

Un reconfinement est "inexorable", a estimé lundi sur franceinfo le professeur Gilles Pialoux, chef du service maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon à Paris. "Le seul débat c'est la date et le format de ce confinement, qui va être compliqué", a-t-il poursuivi

Un élu appelle à discuter d'un reconfinement

"J’ai la certitude que nous allons vers un confinement", a estimé dimanche 25 octobre Jean Rottner, président LR de la région Grand Est également médecin urgentiste dans un message posté sur les réseaux sociaux. Plutôt que d'attendre, l'élu plaide "que nous puissions en discuter avant qu'il ne soit trop tard", avec le gouvernement. "Si reconfinement il doit y avoir dans dix ou quinze jours, parlons en déjà maintenant". Il en va de la crédibilité des hommes politiques et des scientifiques, selon Jean Rottner. 

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