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"C'est galère de trouver un contrat" : la filière de l'apprentissage en grande difficulté suite au confinement

De nombreuses entreprises, fragilisées par la crise économique due au coronavirus, pourraient ne pas recruter d’apprentis pour la rentrée. Le gouvernement doit annoncer un plan d'urgence jeudi 4 juin alors que des milliers de jeunes risquent de se retrouver sur le carreau. 

Article rédigé par franceinfo, Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des apprentis se forment au métier du bâtiment, le 4 février à Méjannes-lès-Alès, dans le Gard (illustration). (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

"Aujourd'hui c'est galère de trouver un contrat d'apprentissage parce que les entreprises sont en reprise d'activité", déplore Gnagna Diouf, 21 ans. En septembre, elle va rentrer en deuxième année de BTS mécanique. Elle doit décrocher un contrat en alternance de 12 mois, dans une entreprise industrielle. Mais aucune de ses candidatures n’aboutit, dans un contexte économique délicat où les entreprises ressortent fragilisées de la période de confinement dû au coronavirus.

Pour le moment j'ai envoyé 20 candidatures et je n'ai reçu qu'une seule réponse depuis le début du confinement. En plus elle était négative.

Gnagna Diouf, étudiante

à franceinfo

"Je suis dans un état d'esprit où je me dis : je n'aurai pas d'alternance, poursuit la jeune femme. Parce que toutes les entreprises que j'appelle me disent que peut-être elles ne prendront personne. Je garde espoir de trouver quelque chose d'ici septembre."

Les offres de contrat d'apprentissage en chute de 40% dans la métallurgie

Si Gnagna n’a pas de réponse, c’est que les offres de contrat d’apprentissage ont chuté de 40% dans la métallurgie. Les patrons sont frileux. Comme Franck Bonassera, qui dirige une PME spécialisée dans l’usinage et la chaudronnerie. À la rentrée, il ne reprendra pas de nouveaux apprentis.

"Nous en avons quatre et nous pensons n'en garder que deux. On recrute un apprenti, on recrute tout simplement parce qu'on a des perspectives de recrutement en CDI à la suite, et aujourd'hui on n'a aucune visibilité sur ce que sera la fin de l'année. Il y a des contrats qui sont reportés en 2021, d'autres sont annulés. Je ne suis pas certain d'avoir les moyens de former des apprentis", ajoute le dirigeant de la PME.

Le vrai problème, c'est que si on recrute un apprenti, si c'est pour le mettre au chômage partiel, ça n'a absolument aucun sens.

Franck Bonassera, patron d'une PME

à franceinfo

La situation inquiète aussi les centres de formation des apprentis. Depuis la réforme, leur financement dépend de la signature des contrats d’apprentissage. "On va admettre des jeunes en scolarité, bien qu'ils n'aient pas encore signé de contrat. Mais tant qu'ils n'ont pas signé de contrat, nous ne sommes pas financés, explique Christophe Aufort, qui dirige cinq centres en Île-de-France. Ca va peut-être nous obliger à fermer des sections et licencier des formateurs, ce qui pourrait nous conduire à ne pas continuer à former des jeunes qui sont dans les métiers en tension, parce que la section ne serait pas rentable".

C’est donc toute la filière apprentissage qui est danger. Une filière qui était en plein essor avant la crise et que le gouvernement va tenter de sauver. Des annonces de l'exécutif sont attendues jeudi 4 juin. 

Apprentis en danger : écoutez le reportage de Sarah Lemoine

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