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Crise aux urgences : "Le bateau coule et Mme Bourguignon nous fournit un verre pour écoper", dénoncent les syndicats

La ministre de la Santé annonce une série de "premières mesures". Mais "face à un problème important de ce type, on ne peut pas se contenter de petites mesures", estiment les syndicats de soignants.

Article rédigé par franceinfo
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Le service des urgences du Centre Hospitalier privé de Saint-Grégoire, près de Rennes, le 2 juin 2022. (VINCENT MICHEL / MAXPPP)

Face à la crise des urgences, et au lendemain d’une journée mobilisation des personnels hospitaliers, la ministre de la Santé a annoncé mercredi 8 juin une salve de premières mesures "d'urgence" afin de surmonter un "été difficile" à l'hôpital, "sans attendre" les conclusions de la mission flash sur les urgences. Parmi elles, la possibilité d'exercer dès l'été pour les élèves infirmiers et aides-soignants dont la formation s'achève en juin ou juillet, une facilitation du cumul emploi-retraite, et le doublement de la rémunération des heures supplémentaires.

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Concernant la rémunération, Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers, considère sur franceinfo que "c'est une bonne nouvelle" mais que cela "ne compense absolument pas les manques actuels". "Le bateau coule et Mme Bourguignon nous fournit un verre pour écoper", dénonce le syndicat. "On est dans une situation où l'hôpital s'effondre, pas simplement les urgences mais dans tous les services avec 15% des lits qui sont fermés dans les hôpitaux de Paris par exemple, poursuit-il. Ces mesures ne répondent absolument pas à ça."

"Il faut se donner les moyens, changer le logiciel : revaloriser les salaires certes, mais aussi revoir les ratios de patients par infirmières pour redonner envie à ceux qui ont arrêté d'exercer de revenir à l'hôpital. Les moyens annoncés ne suffisent pas."

Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers

à franceinfo

"Ces mesures n'ont rien de nouveau, on reprend des mesures qui ont montré leur inefficacité", déplore de son côté François Salachas, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris et membre du collectif inter-hôpitaux. "On est dans une guerre de communication avec une nécessité de réactivité", déplore François Salachas. Il pointe notamment la majoration des heures supplémentaire et s'interroge : "Est-ce qu'il y a le personnel actuellement aux urgences pour assurer ces heures supplémentaires ? Est-ce que ces personnels vont décider de ne pas prendre de vacances alors qu'ils sont déjà exténués par des gardes qui sont extrêmement répétées ?" Selon les personnels sondés par le collectif inter-hôpitaux, "cela ne va rien changer."

"On ne peut pas se contenter de petites mesures"

François Salachas reste sceptique sur la proposition de la ministre de faire travailler "les élèves infirmiers et aides-soignants ayant achevé leur formation initiale en juin et juillet sans attendre la remise officielle de leur diplôme". Il pointe "le risque personnel qu'on leur fait courir en termes de fragilisation".

"On a vraiment l'impression que l'on est dans un sauve-qui-peut."

François Salachas, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris

à franceinfo

"Face à un problème important de ce type, on ne peut pas se contenter de petites mesures. Il faut redonner la confiance. Et ce n'est pas avec ces heures supplémentaires majorées que la confiance va revenir." Le médecin estime plus globalement que l'ensemble des mesures ne règle pas le malaise des soignants. "Où sont les efforts importants pour changer la nature même du travail actuellement dans les hôpitaux publics, à savoir la souffrance qui est liée au fait de mal faire son travail et de maltraiter les patients ?"

Décharger les urgences

De son côté, le syndicat des médecins généralistes MG France a "des solutions à proposer à la ministre et à la mission de François Braun", affirme sur franceinfo Jacques Battistoni. Il propose notamment "de décharger les urgences de missions qui ne sont pas forcément les leurs". Les généralistes "participent à la régulation des demandes de soins non programmés. Tout ce qui trouve une réponse en médecine de ville, c'est quelque chose qui évite d'aller aux urgences". Les médecins aimeraient également "avoir la possibilité d'hospitaliser directement, sans passer par les urgences, les patients qui relèvent d'un service précis pour lesquels on sait qu'ils sont suivis et dont on sait à qui il faut les adresser", ajoute Jacques Battistoni.

Mais MG France n'est "pas favorable" au retour des gardes obligatoires pour les médecins libéraux. "Ce n'est la bonne solution à un problème." Selon Jacques Battistoni, "le problème ne se pose pas la nuit" car "c'est organisé et il y a des réponses". Le problème se pose sur "la fin de journée", souligne le médecin. "C'est ce qu'on appelle la continuité des soins. C'est la difficulté pour les gens de trouver quelqu'un à 18 heures". Il propose d'"avancer un petit peu l'horaire de la garde en fin de journée, parce que l'on sait que c'est à ce moment-là qu'il y a beaucoup de demandes."

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