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Des enfants en situation de handicap récupèrent des fonctions motrices grâce à la rééducation par le jeu : "90% des objectifs sont acquis au bout de dix jours"

À Brest, neuf enfants âgés de un à quatre ans ont suivi un stage intensif de rééducation par le jeu pendant quinze jours dans le cadre d’une étude scientifique européenne sur la paralysie cérébrale. Les résultats sont particulièrement prometteurs.

Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La petite Gabrielle dévale la pente en renversant les quilles. (ANNE-LAURE DAGNET)

Gabrielle a deux ans et demi. Assise dans son déambulateur, elle dévale le couloir en dégommant des quilles sous les encouragements d'une kinésithérapeute et d'une ergothérapeute. L’expérience à laquelle participe Gabrielle et huit autres enfants âgés de un à quatre ans est menée à Brest dans le cadre d’une étude scientifique européenne sur la paralysie cérébrale, première cause de handicap moteur chez les enfants. Pendant quinze jours, Gabrielle et ses petits camarades sont stimulés par des jeux pour atteindre cinq objectifs définis avec les parents par les thérapeutes. La rééducation par le jeu pourrait en effet permettre à ces enfants en situation de handicap de récupérer des fonctions motrices.

Les progrès sont très rapides

Tous les jours, à la pause déjeuner, l'équipe se réunit au grand complet pour étudier les progrès de chaque enfant. La maman de la petite Ayline a vu des progrès très rapidement : "En une semaine, elle se met davantage debout, elle peut se tenir avec une main et jouer avec une autre".

"Elle peut marcher plus longtemps avec son déambulateur, sur une distance beaucoup plus longue, je trouve ça juste magnifique !"

La maman d'Ayline

à franceinfo

Les progrès des enfants sont rapides et durables, observe l’un des coordinateurs de ces stages de rééducation, Rodolphe Bailly. "Lors des stages précédents, nous avons constaté qu'environ 90% des objectifs, à peu près, sont acquis au bout de dix jours, souligne-t-il. Cela veut dire que l'enfant peut les reproduire à la maison après. Toutes les conditions dans lesquelles on réalise les exercices ici sont transmises aux familles pour qu'elles puissent les reproduire et stabiliser cela pour que l'enfant devienne autonome."

La méthode a fait ses preuves sur les plus grands

La clé du succès est la répétition, l’intensité des efforts et des objectifs bien ciblés. La méthode a déjà fait ses preuves sur les enfants de plus de 6 ans et le Pr Sylvain Brochard du CHRU de Brest, à la tête de ce programme de recherche européen, espère confirmer ces résultats sur les plus petits à l'extérieur. "On va regarder comment les enfants bougent, avec des capteurs du laboratoire d'analyse du mouvement, qui permettent de regarder comment on va changer la façon de bouger, décrit le Pr Brochard. Puis on va regarder à l'intérieur pour voir ce qui se passe au niveau du cerveau, des connexions cérébrales, pour voir si, avec la thérapie, on réveille des connexions cérébrales qui n'existait pas auparavant."

Cela peut paraître incroyable, mais on a démontré aujourd'hui qu'effectivement, on induisait des changements neuroplastiques chez les enfants de plus de six ans. Si on arrive à le démontrer pour les enfants de un à quatre ans, et on espère qu'il y en ait encore plus, ce sera vraiment une jolie démonstration

Pr Sylvain Brochard

à franceinfo

Un autre groupe d’enfant qui ne suit pas cette thérapie intensive sera, lui aussi, scruté pour comparer les résultats. L’étude sera publiée en 2022 et si la méthode fonctionne, elle pourrait être proposée à tous les enfants touchés par la paralysie cérébrale, ils sont 1 500 chaque année.

Des enfants en situation de handicap récupèrent des fonctions motrices grâce à la rééducation par le jeu

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