Reportage "On est en train de créer du handicap" : à Bondy, cette pédiatre tente de changer les "mauvaises habitudes" des enfants accros aux écrans

L'exposition excessive aux écrans peut provoquer des troubles du développement du langage chez les enfants, selon plusieurs études. Dans son cabinet de Seine-Saint-Denis, la pédiatre Sylvie Dieu Osika accompagne les familles pour les aider à changer leurs habitudes.
Article rédigé par Anne-Laure Dagnet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La docteur Sylvie Dieu Osika accueille Tilliache et ses parents à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy. (ANNE-LAURE DAGNET / RADIO FRANCE)

On les surnomme les "enfants écrans". Face à la pédiatre, Thijash, 3 ans et demi, peine à prononcer quelques mots. Le petit garçon et ses parents, originaires du Sri Lanka, sont venus voir la docteur Sylvie Dieu Osika à l'hôpital Jean-Verdier de Bondy (AP-HP), en Seine-Saint-Denis. L'hôpital a mis en place des consultations d'un nouveau genre pour aider ces "enfants écrans" à décrocher. Et elles sont prises d'assaut par les parents.

Une étude scientifique australienne, publiée lundi 4 mars dans la revue JAMA Pediatrics, a confirmé l'impact négatif de l'exposition aux écrans sur l'apprentissage du langage entre 12 et 36 mois : selon cette étude, pour chaque minute supplémentaire passée devant un écran, les enfants entendent moins de mots d'adultes, prononcent moins de vocalisations et interagissent moins.

Outre ses difficultés à parler, Thijash a aussi des problèmes de comportement, il n'est pas encore propre et il est très agité. C'est l'école qui a conseillé à ses parents de l'emmener voir la pédiatre à l'hôpital de Bondy.

"Parler, jouer, être disponible"

Depuis que Thijash est tout bébé, la télé rythme ses journées. "À deux ans, normalement, les enfants disent 'papa parti', 'maman travaille', en tamoul, en anglais, quelle que soit la langue. Là, il y a un docteur qui a écrit 'comportement autistique', avec un langage difficile. Difficulté à l'école, la concentration...", énumère la pédiatre.

"Ce petit garçon a 3 ans et demi et il est en difficulté. Il dit des mots un peu en tamoul, un peu en anglais, il comprend des ordres simples mais le langage est encore très pauvre et il y a besoin de rattraper beaucoup." Pour cela, il faut "lui parler, lui parler, lui parler, jouer avec lui et donc être disponible", indique la spécialiste, membre fondateur du Collectif surexposition écrans (CoSE).

"Il va falloir changer les mauvaises habitudes, notamment la télévision, qui est encore beaucoup utilisée pour le calmer, pour le faire manger, malgré certaines recommandations qui ont déjà été faites."

Sylvie Dieu Osika

à franceinfo

En activité depuis 30 ans, Sylvie Dieu Osika voit de plus en plus d'enfants comme Thijash : "Là, il en va de l'avenir des enfants, parce qu'on est en train de créer du handicap. Des retards de langage, des troubles du comportement et de l'humeur sont constatés de plus en plus souvent chez les enfants. Il y a 10-15 ans, je ne voyais pas ça." La docteur reproche aux pouvoirs publics de ne pas informer systématiquement les parents des dangers des écrans.

La nouvelle Ministre de la Santé affirme que les experts mandatés par l'Élysée vont bientôt faire des recommandations pour réguler l'usage de la télévision, des téléphones et des tablettes chez les enfants.

A Bondy, cette pédiatre tente de changer les "mauvaises habitudes" des enfants accros aux écrans. Le reportage d'Anne-Laure Dagnet

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