Enfants et écrans : quelles sont les recommandations des autorités de santé ?

La France et l'OMS conseillent de limiter au maximum l'exposition aux écrans avant 5 ans, en particulier quand elle est passive. Mais au-delà de l'âge, il faut aussi tenir compte des usages.
Article rédigé par Luc Chagnon
France Télévisions
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Un enfant utilisant un smartphone (image d'illustration). (MAXPPP)

Reprendre "le contrôle de nos écrans". Parmi les nombreux sujets évoqués par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse mardi 16 janvier, il a été question des supposés effets négatifs des "écrans" sur le développement et le bien-être des enfants. Le président de la République, pour qui "on a laissé beaucoup de familles sans mode d'emploi" face au développement des pratiques numériques, a annoncé la création d'un comité d'experts sur le sujet, qui rendra des premières recommandations aux parents "fin mars".

Mais l'effet de l'exposition aux écrans (un terme qui regroupe une infinité d'usages) est un sujet étudié depuis de nombreuses années. La plupart des autorités de santé françaises et internationales ont déjà formulé des recommandations, et elles ne s'accordent pas toujours. Quelles sont les bonnes pratiques conseillées ?

Limiter au maximum l'exposition passive

Avant 5 ans – l'âge varie selon les autorités, mais l'idée est la même –, il est conseillé d'appliquer le principe de précaution et de limiter au maximum l'exposition passive aux écrans. En France, les recommandations de référence proviennent du Haut Conseil de la santé publique, pour lequel "avant l'âge de 3 ans, les écrans sont à proscrire si les conditions d'une interaction parentale ne sont pas réunies".

"La surveillance parentale est le point le plus important", explique à franceinfo Vanessa Lalo, psychologue clinicienne spécialiste des pratiques numériques. "Le problème vient surtout quand l'enfant reste passif, seul, devant l'écran, à un âge où il doit développer sa psychomotricité et le langage. Quand c'est utilisé avec les parents de manière modérée et qu'il y a interaction, il n'y a pas forcément de conséquence négative sur le développement de l'enfant."

De son côté, l'Organisation mondiale de la santé recommandait en 2019 de ne pas "placer l'enfant devant un écran" avant ses 2 ans et de limiter la pratique à une heure par jour maximum entre 3 et 5 ans, tout en soulignant que "moins, c'est mieux". Des recommandations appuyées par la Société canadienne de pédiatrie, qui fait une exception avant 2 ans pour les conversations en vidéo "avec des adultes bienveillants" comme les grands-parents, et pour les contenus éducatifs ou interactifs visionnés avec les parents.

Des recommandations différentes selon les contenus

Au-delà de la petite enfance, il devient difficile de donner des consignes claires pour des âges précis, car le terme "écrans" regroupe énormément de contenus et d'usages différents, qui peuvent avoir des conséquences négatives, mais aussi positives. Jeux éducatifs, vidéos haineuses, conversations avec des amis... "Le plus important avec les écrans, c'est ce qu'on en fait", insiste Vanessa Lalo.

"Entre passer quatre heures devant des vidéos de pur divertissement et devant des contenus éducatifs, il y a un monde."

Vanessa Lalo, psychologue

à franceinfo

Cette infinité de pratiques fait qu'il est très difficile d'attribuer aux "écrans" des conséquences claires et partagées sur le bien-être ou le développement des enfants, et de formuler des recommandations en fonction. "Si on pouvait avoir un consensus scientifique aussi rapidement, on n'aurait pas des débats aussi houleux depuis des années", rappelle Vanessa Lalo.

Un des conseils sur lesquels les spécialistes insistent le plus n'est en fait pas spécifique aux écrans : il faut communiquer avec son enfant et essayer de comprendre ses usages. "C'est le dialogue qui manque beaucoup, les parents ont tendance à essayer d'imposer des règles arbitraires en fonction de pratiques décrites dans les médias, mais qui ne correspondent pas à celles de leurs enfants", explique Vanessa Lalo.

"Il faut s'intéresser à ce qu'ils font, pour éventuellement les guider vers des contenus de meilleure qualité", ajoute la spécialiste. Concernant l'utilisation des jeux vidéo, par exemple, Vanessa Lalo précise : "Je conseille toujours de regarder au moins un extrait d'une partie pour pouvoir en discuter avec son enfant." Mais il n'y a pas de limite de temps claire au-delà de laquelle la pratique est considérée comme dangereuse.

Même chose pour l'utilisation des réseaux sociaux, officiellement autorisés à partir de 13 ans en France – une limite pas toujours facile à faire respecter quand 81% des 12-14 ans disposaient d'un smartphone en 2019, selon l'Arcep. "Si on arrive à s'accorder en famille pour attendre 13 ans, tant mieux, mais si ça ne marche pas, il vaut toujours mieux admettre la situation et accompagner correctement son enfant plutôt que de fermer les yeux et laisser l'enfant livré à lui-même", estime la psychologue.

De manière générale, l'OMS recommande aussi de favoriser l'activité sportive et de garantir une bonne qualité de sommeil dès le plus jeune âge. Pour limiter les effets négatifs des écrans, les astuces ne se limitent pas au bouton off.

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