"Tenue unique" à l'école, congé de naissance, opérations anti-drogue... Ce qu'il faut retenir de la conférence de presse d'Emmanuel Macron

A l'occasion d'une conférence de presse à l'Elysée, le président de la République a fait une série d'annonces sur l'éducation, l'emploi ou encore la santé.
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Le président de la République, Emmanuel Macron, devant les journalistes lors d'une conférence de presse à l'Elysée, le 16 janvier 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

"Rendre la France plus forte et plus juste, c'est ça le combat des prochaines années". Lors d'une conférence de presse, mardi 16 janvier, Emmanuel Macron a dessiné les grands axes de l'action qu'il entend mettre en œuvre avec le nouveau gouvernement de Gabriel Attal.

Installé derrière un grand bureau blanc et devant une tenture aux couleurs de la France, le président de la République a d'abord présenté, dans un discours introductif d'une vingtaine de minutes, ses pistes pour le "réarmement civique" de la société. Il a ensuite répondu durant environ deux heures aux questions des quelque 250 journalistes réunis à l'Elysée. Voici ce qu'il faut retenir des principales annonces du chef de l'Etat.

Une refonte de l'instruction civique et un travail sur l'usage des écrans par les enfants

Sur l'éducation, Emmanuel Macron a promis "une instruction civique refondée" avec "un volume horaire doublé, une heure par semaine dès la cinquième, avec en appui les textes fondateurs de la Nation". Interrogé par un journaliste sur ce sujet, il s'est dit "totalement favorable à ce qu'on apprenne la Marseillaise au primaire". Les programmes actuels prévoient déjà la possibilité pour les enseignants de "commencer à chanter quelques couplets" de l'hymne national à partir du CE2.

Par ailleurs, le théâtre deviendra "un passage obligatoire au collège dès la rentrée prochaine". Il a également appelé à instaurer "dès cette année", une "cérémonie de remise de diplôme" dans les collèges et les lycées.

Le chef de l'Etat, qui souhaite reprendre "le contrôle de nos écrans", a annoncé vouloir "déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, dans nos familles comme en classe". Emmanuel Macron a réuni la semaine dernière des experts sur ce sujet, dont les travaux doivent être rendus "fin mars". Sur la base de leurs recommandations, "il y aura peut-être des interdictions, il y aura peut-être des restrictions", a-t-il avancé plus tard, sans préciser dans quel cadre.

Une généralisation de l'uniforme envisagée en 2026 après une expérimentation

Le chef de l'Etat a confirmé le lancement d'une "expérimentation" de "la tenue unique", déjà évoquée par Gabriel Attal, dans "une centaine d'établissements, tous volontaires". Certains l'imposeront dès l'année scolaire en cours.

Emmanuel Macron, qui reconnait que le sujet est créateur de "débats", affirme que l'expérimentation sera évaluée, et que l'uniforme pourra être généralisé en 2026 si les résultats sont concluants.

Une accélération des opérations anti-drogue

L'"ordre" constitue le deuxième thème abordé par Emmanuel Macron lors de son propos liminaire. "Nous tiendrons cette ligne de fermeté républicaine", a-t-il résumé. Le chef de l'Etat a promis l'accélération du rythme des "opérations place nette" contre le trafic de drogue, avec "dix opérations de ce type conduites chaque semaine".

Un "congé de naissance" de six mois pour les deux parents

Pour lutter contre la baisse de la natalité, dans le cadre de ce qu'il qualifie de "réarmement démographique", Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'un nouveau "congé de naissance", de six mois pour chacun des deux parents, "qui viendra remplacer le congé parental". Il sera "mieux rémunéré" et "plus court", a-t-il détaillé, ce qu'évoquait déjà la ministre Aurore Bergé en juillet. Un "grand plan" contre l'infertilité, "masculine comme féminine", sera également engagé.

La régularisation de médecins étrangers pour lutter contre les déserts médicaux

Le président a reconnu que "beaucoup de Français ont l'impression de ne pas en avoir pour leur argent" au sujet des services publics, notamment dans les déserts médicaux. "Nous devons envisager les solutions les plus radicales", a-t-il avancé, envisageant notamment "de régulariser nombre de médecins étrangers, qui tiennent parfois à bout de bras" le système médical.

Emmanuel Macron a, plus largement, souhaité "simplifier les règles venues d'en haut" et "permettre des coordinations plus simples" entre la médecine de ville, l'hôpital et les professions paramédicales.

Un soutien au doublement de la franchise sur les médicaments

Emmanuel Macron a défendu un doublement des franchises médicales, de 50 centimes à un euro par boîte de médicaments, jugeant que cette hausse du reste à charge serait une "bonne mesure", et encouragerait une "responsabilisation" des assurés sociaux. Cette mesure, déjà envisagée par l'exécutif sans être encore formellement annoncée, a suscité de vives critiques des oppositions lors des débats sur le budget de la Sécurité sociale pour 2024.

Une réforme pour "mieux gagner sa vie par le travail"

Le chef de l'Etat a tenu à s'adresser à "la France des classes moyennes" qui, à ses yeux, "tient le pays". Il faut "qu'il y ait un travail ardent pour aller plus loin, pour donner plus de dynamique aux carrières, (...) pour que la dynamique salariale soit au rendez-vous des efforts".

Emmanuel Macron a aussi exprimé le souhait que "le mérite" soit pris en compte, "bien davantage qu'aujourd'hui", dans l'avancement et la rémunération des fonctionnaires. Une réforme en ce sens va commencer "dans les prochaines semaines", a-t-il expliqué.

Emmanuel Macron a en outre appelé le gouvernement à "mettre fin aux normes inutiles", à "réduire les délais et faciliter les embauches". Le chef de l'Etat a annoncé la mise en place d'un deuxième acte "d'une loi pour la croissance et l'innovation, pour produire plus, innover davantage et aller plus vite".

"Vers la généralisation" du Service national universel en seconde

"Nous irons vers la généralisation du Service national universel" en classe de seconde, a affirmé Emmanuel Macron. Une annonce faite au détour d'une réponse plus large au sujet des émeutes de l'été 2023 après la mort du jeune Nahel, tué par un policier. Il a évoqué le besoin de "réengagement" des familles et l'accompagnement des familles monoparentales "pour les aider", plaidant aussi pour "une réponse plus adaptée dans le système scolaire", et "une réponse pénale plus claire". "C'est un ensemble", a-t-il argumenté, estimant que "oui, le Service national universel fait partie de la réforme".

La promesse d'une transition écologique "juste"

Emmanuel Macron a promis une "écologie de justice et de souveraineté". "Nous allons aider les agriculteurs", mais aussi "accompagner les Français en investissant dans les transports publics", a expliqué le président, mentionnant l'initiative de la voiture électrique à 100 euros par mois. Il a promis d'accompagner les Français "de façon encore plus simple pour rénover les logements"

Une défense de la ministre de l'Education nationale, Amélie Oudéa-Castéra

Interrogé sur la polémique autour de la ministre de l'Education nationale, critiquée pour sa justification de la scolarisation de ses enfants dans le privé, Emmanuel Macron a estimé qu'Amélie Oudéa-Castéra "a eu des propos maladroits" sur l'école publique, mais qu'"elle s'en est excusée", et qu'elle "a bien fait" de le faire. "La ministre a fait un choix pour ses enfants. Ce sont des choix personnels, il faut les respecter. (...) Je pense que tous nos compatriotes iront dans ce sens, ça fait partie de la vie intime familiale", a également déclaré le chef de l'Etat. 

Un hommage aux victimes françaises de l'attaque du Hamas en Israël

Emmanuel Macron a confirmé l'organisation d'une cérémonie d'hommage aux victimes françaises des attentats du 7 octobre en Israël. "Le 7 février prochain, au monument pour les victimes du terrorisme" situé sur l'esplanade des Invalides à Paris, "je rendrai hommage à ces victimes aux côtés de leurs proches, de leurs familles et de tous ceux qui voudront nous y rejoindre".

Le chef de l'Etat a rappelé que la France avait "perdu 41 de ses enfants" dans ces attaques et qu'elle avait "encore trois otagesfrançais dans la bande de Gaza. "Nous nous battons pied à pied avec les autorités israéliennes, avec le Qatar, qui a un rôle décisif en la matière, avec plusieurs autres collègues pour les libérer", a-t-il insisté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.